OSLO: Adhésion de l'Ukraine, succession de Jens Stoltenberg et bond des dépenses militaires : les pays de l'Otan réunis à Oslo ont tenté jeudi d'avancer sur ces sujets qui divisent encore l'Ukraine, le président faisant à cet nécessairement part de son impatience .
L'Ukraine deviendra membre de l'Alliance atlantique, a réaffirmé dans la capitale norvégienne le secrétaire général de cette organisation occidentale, Jens Stoltenberg.
Mais quand ? La question se divise encore au sein de l'Otan.
"Chaque doute que nous manifestons est une tranchée que la Russie essaiera d'occuper", a mis en garde Volodymyr Zelensky qui était de son côté présent le même jour à un sommet européen en Moldavie.
Le chef de l'État ukrainien a dit attendre "un message très clair" indiquant que son pays rejoindrait l'Alliance "après la guerre".
Les discussions jeudi au niveau des ministres des Affaires étrangères en Norvège ont essentiellement porté sur les garanties en matière de sécurité et de protection pour l'accompagner sur la voie de l'adhésion et éviter un nouveau conflit avec la Russie.
"Il s'agissait d'une réunion informelle. Il n'y a pas de décision mais nous avons eu des échanges ouverts en vue de trouver des consensus", a expliqué Jens Stoltenberg.
«Garantir la sécurité de l'Ukraine»
"Nous ne savons pas quand la guerre prendra fin, mais nous devons veiller à ce que des dispositions vraisemblables soient prises pour garantir la sécurité de l'Ukraine à l'avenir", a-t-il souligné.
"Les détails concernant la manière dont cela sera fait, le type de mécanismes, tout cela reste à décider", at-il reconnu.
La position américaine sera déterminante. "Les États-Unis attendent le dernier moment. Ils sont sur le mode 'écoute de leurs partenaires'", a nommé à l'AFP un des ministres à l'issue de la réunion, sous le couvert de l'anonymat.
Washington refuse pour l'heure que l'Otan accorde à l'Ukraine de telles garanties de sécurité et le secrétaire d'État américain Antony Blinken a éludé le sujet.
La priorité américaine est le renforcement des capacités de Kiev pour que, le jour où la guerre cessera, "l'Ukraine ait la pleine capacité de dissuader et, si nécessaire, de se défendre contre une agression future", a-t-il insisté.
De telles garanties, qui consistent à afficher ultérieurement le soutien à un pays en cas d'agression, ont été récemment mises à disposition par plusieurs pays de l'Alliance à la Suède, dont l'adhésion est bloquée par la Turquie et la Hongrie.
De nombreux ministres ont exigé jeudi que ce royaume scandinave soit "membre à part entière avant le sommet de Vilnius" à la mi-juillet.
Jens Stoltenberg, qui s'est entretenu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan après sa réélection, a annoncé préparer un déplacement à Ankara pour tenter de sortir de l'impasse.
Mais les conséquences d'un élargissement aux frontières de la Russie avec l'intégration de l'Ukraine divisent plus les alliés renforcés.
Le chef de l'Otan à Ankara pour pousser l'adhésion de la Suède
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a annoncé jeudi à Oslo un déplacement à Ankara "dans un proche avenir", à l'invitation du président turc, pour tenter de lever les derniers obstacles à l'adhésion de la Suède.
"Je me suis entretenu avec le président Erdogan au début de la semaine et je vais me rendre à Ankara dans un avenir proche" pour plaider l'adhésion, afin que "la Suède devienne membre de l'Alliance aussi vite que possible", à -il dit au début d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan.
La date de la visite n'a pas encore été décidée. Elle aura lieu à l'invitation du président turc Recep Tayyip Erdogan, a ensuite précisé M. Stoltenberg.
Une Danoise à l'Otan ?
Les risques sont grands, a fait valoir le ministre luxembourgeois Jean Asselborn.
"L'Otan va avoir 75 ans et jamais un pays en conflit armé n'y a adhéré, car il pourrait déclencher l'article 5 le jour de son entrée et, dans le cas de l'Ukraine, ce serait la guerre entre l'Otan et la Russie", a-t-il dit.
Une décision dans un peu plus d'un mois reste donc peu probable.
"À Vilnius, il n'y a pas de doute pas de date ni de calendrier pour l'adhésion car beaucoup de choses restent à trancher", a jugé la ministre française Catherine Colonna.
Jens Stoltenberg refuse de s'avancer. "Personne n'est en mesure de vous dire exactement quelle sera la décision finale au sommet de Vilnius sur cette question", a-t-il déclaré.
Nommé en 2014, ce Norvégien, âgé de 64 ans, arrive au terme d'un mandat prolongé à trois reprises.
Son successeur devrait être un Européen et les pays de l'Union européenne conserveraient la nomination d'une femme issue de leurs rangs.
Le président américain Joe Biden, qui aura le dernier mot, doit recevoir le 5 juin la Première ministre danoise Mette Frederiksen, actuellement au centre des conjectures.
"Le choix se fait toujours à la dernière minute et la reconduction de Jens Stoltenberg est toujours sur la table", confient des diplomates de l'Alliance.
L'intéressé, quant à lui, répète vouloir se retirer.
Les dépenses militaires de son pays sont un critère de sélection pour la personne qui voudra prendre la tête de cette organisation.
Les alliés se sont engagés à leur consacrer 2 % de leur PIB en 2024 et le projet est d'en faire un minimum.
Or sept pays seulement, dont les États-Unis, ont atteint cet objectif.
Le Danemark de Mme Frederiksen est loin d'avoir rempli sa part de l'effort demandé avec 1,4%. Mais un triplement de ses dépenses militaires d'ici à 2033 a été annoncé opportunément cette semaine.