PARIS: La majorité présidentielle sort politiquement "défaite" de la bataille dans la rue et à l'Assemblée nationale sur la retraite à 64 ans, a estimé jeudi le député insoumis Alexis Corbière, au lendemain d'une séquence particulièrement houleuse autour d'une loi d'abrogation de cette réforme.
"Quand bien même le macronisme remporterait une victoire sur la base de la triche, de l'utilisation des articles les plus autoritaires de la Constitution, politiquement, ils sont défaits", a déclaré le député de Seine-Saint-Denis sur franceinfo.
"Ça fabrique du dégoût, de l'abstention, des gens qui ne croient plus en la démocratie", a-t-il prévenu, évoquant un "danger" qui "souffle dans les voiles de l'extrême-droite".
Le camp présidentiel a réussi mercredi à détricoter en commission une proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans, face à des oppositions dénonçant des "magouilles" pour empêcher un vote, le 8 juin, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Un tel vote embarrasse l'exécutif, inquiet du signal politique qu'enverrait un rejet de la réforme quelques semaines à peine après sa promulgation.
La macronie craint une défaite politique
Mais le texte ne devrait même pas être examiné en séance plénière, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ayant confirmé jeudi sur Europe 1 qu'elle prévoyait d'en déclarer l'irrecevabilité. Selon elle, l'article abrogeant le passage à 64 ans "est inconstitutionnel en ceci qu'il est constitutif d'une charge" pour les finances publiques, un principe inscrit dans l'article 40 de la Constitution.
"La macronie a peur de perdre le 8 juin. Voilà, c'est tout", a résumé Alexis Corbière. L'article de la constitution "49.3 (qui fait passer sans vote une réforme, NDLR), les députés ne peuvent pas voter, le 47.1 (qui limite les temps de débats législatifs, ndlr) non plus, l'article 40, on ne peut pas voter: en gros en macronie, l'opposition n'a aucun droit", a-t-il illustré.
Interrogé sur franceinfo, le député LFI François Ruffin a également regretté que le camp présidentiel fasse "du mal au pays et ils font très profondément du mal à la démocratie".
"Si c'est ça la démocratie, vous croyez que les gens vont y être attachés dans la durée ? Mais non, ils vont se détacher de ça", a-t-il prévenu, évoquant une majorité qui "veut les pleins pouvoirs".