ZURICH: Le Parti socialiste suisse réclame une "cure d'amaigrissement" pour UBS, rapportent mardi quatre quotidiens régionaux, affirmant que la banque va devenir "un monstre" constituant une "menace énorme" pour le pays alpin après sa fusion avec Credit Suisse.
"Il faut une cure d'amaigrissement immédiate pour la banque monstrueuse", rapportent l'Aargauer Zeitung, le Luzerner Zeitung, le St. Galler Tagblatt et le quotidien francophone La Liberté, se référant à un document détaillant les exigences des élus de gauche.
"Lors du sauvetage de Credit Suisse, un monstre a été créé par la fusion forcée avec UBS, à coups de milliards de garanties de la part des pouvoirs publics", indique le Parti socialiste dans ce document, consulté par l'AFP.
Le total du bilan d'UBS va s'élever à 1.500 milliards de francs suisses (une somme équivalente en euros), ce qui représente "deux fois la performance économique annuelle de la Suisse", s'inquiète la formation de gauche, qui s'alarme de la "menace énorme" que cette banque "XXL" fait peser sur l'économie du pays si elle devait à l'avenir être confrontée à une crise nécessitant l'intervention de l'État.
"Lors de la prochaine crise, elle peut et va toutes et tous nous prendre en otage", affirme le PS qui demande des mesures d'accompagnement pour réduire la taille de la banque.
Le 19 mars, UBS a accepté de racheter sa rivale pour la modique somme de 3 milliards de francs sous la pression des autorités suisses afin d'éviter qu'elle ne fasse faillite.
Au total, quelque 259 milliards de francs ont été mis à disposition entre les garanties de la Confédération et les liquidités prêtées par la banque centrale pour faciliter la transaction.
Un sauvetage polémique
Ce sauvetage de Credit Suisse a déclenché un vif débat en Suisse sur la réglementation des établissements considérés comme trop gros pour les laisser faire faillite, d'autant que la Confédération et la banque centrale avaient déjà dû voler à la rescousse d'UBS lors de la crise financière de 2008.
La banque s'était entre-temps redressée, mais les parlementaires du PS, la deuxième formation politique en Suisse, veulent trouver une solution pour limiter la taille du total du bilan d'UBS à 50% du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse, afin de diminuer les risques financiers pour les pouvoirs publics et les contribuables.
En cas de crise, la Suisse pourrait se retrouver dans une situation où elle devrait soit dépenser des sommes immenses pour lui venir en aide, soit devoir la laisser couler avec des conséquences désastreuses pour l'économie helvétique, a indiqué à l'AFP Samuel Bendahan, député et enseignant en économie à la faculté des hautes études commerciales de l'université de Lausanne.
Les parlementaires socialistes veulent donc introduire des garde-fous pour que le pays ne se retrouve pas à l'avenir "dans une situation où on n'aurait plus vraiment de choix", explique-t-il.
La semaine passée, le gouvernement suisse a lancé une consultation pour créer un instrument garantissant que les grandes banques disposent d'assez de liquidités en cas de crise.
Lors de l'assemblée générale de la banque centrale, son président, Thomas Jordan, avait lui aussi prevenu que la réglementation allait devoir être réexaminée après ce sauvetage du Credit Suisse.