L'heure du réquisitoire au procès des attentats de 2016 à Bruxelles

Ce croquis d'audience réalisé le 6 décembre 2022 montre l'accusé français Salah Abdeslam et l'accusé Sofien Ayari dans la salle d'audience alors qu'ils comparaissent dans leur procès avec des djihadistes présumés, accusés d'avoir dirigé ou aidé des attentats-suicides dans le métro et l'aéroport de Bruxelles, le 22 mars 2016, à la cour d'assises de Bruxelles-Capitale le 6 décembre 2022. (Photo JONATHAN DE CESARE / various sources / AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 6 décembre 2022 montre l'accusé français Salah Abdeslam et l'accusé Sofien Ayari dans la salle d'audience alors qu'ils comparaissent dans leur procès avec des djihadistes présumés, accusés d'avoir dirigé ou aidé des attentats-suicides dans le métro et l'aéroport de Bruxelles, le 22 mars 2016, à la cour d'assises de Bruxelles-Capitale le 6 décembre 2022. (Photo JONATHAN DE CESARE / various sources / AFP)
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Publié le Mardi 30 mai 2023

L'heure du réquisitoire au procès des attentats de 2016 à Bruxelles

  • Pendant cinq journées d'audience, normalement jusqu'au 6 juin inclus, les deux procureurs fédéraux doivent recenser les éléments de culpabilité qui pèsent sur chacun des dix accusés, dans ce dossier jugé par la cour d'assises de Bruxelles
  • Neuf d'entre eux, dont le Français Salah Abdeslam et son ami d'enfance de la commune bruxelloise de Molenbeek Mohamed Abrini, doivent répondre d'«assassinats terroristes» et encourent la réclusion à perpétuité. Abdeslam nie son implication

BRUXELLES: Un an après l'épilogue judiciaire du 13 novembre 2015 en France, le procès des attaques jihadistes de mars 2016 à Bruxelles approche à son tour de son dénouement, avec la parole donnée à partir de mardi à l'accusation pour son réquisitoire.

Pendant cinq journées d'audience, normalement jusqu'au 6 juin inclus, les deux procureurs fédéraux doivent recenser les éléments de culpabilité qui pèsent sur chacun des dix accusés, dans ce dossier jugé par la cour d'assises de Bruxelles depuis décembre.

Neuf d'entre eux, dont le Français Salah Abdeslam et son ami d'enfance de la commune bruxelloise de Molenbeek Mohamed Abrini, doivent répondre d'"assassinats terroristes" et encourent la réclusion à perpétuité. Abdeslam nie son implication.

Un dixième accusé, Ibrahim Farisi, soupçonné d'avoir aidé à nettoyer et vider une des planques des jihadistes, est jugé pour "participation aux activités d'un groupe terroriste" et risque jusqu'à dix ans de prison.

Au matin du 22 mars 2016, deux hommes s'étaient fait exploser à l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem, et un troisième une heure plus tard dans le métro de la capitale européenne, faisant au total 32 morts et des centaines de blessés. Un millier de personnes se sont constituées parties civiles.

La double attaque-suicide, revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a été perpétrée par une cellule pilotée depuis la Syrie par le Belgo-marocain Oussama Atar, déjà à l'origine des attentats du 13 novembre 2015 en France (130 morts).

Résultat: six des dix accusés à Bruxelles --dont Abdeslam, Abrini et Atar, jugé en son absence car présumé mort en Syrie-- étaient déjà concernés par le procès parisien achevé en juin 2022.

Pour eux, une nouvelle condamnation viendrait s'ajouter aux lourdes peines prononcées en France.

Verdict de culpabilité en juillet

Salah Abdeslam, 33 ans, seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, a été condamné il y a un an à la perpétuité incompressible, et Mohamed Abrini, 38 ans, qui avait accompagné le "convoi de la mort" à Paris, à la perpétuité avec 22 ans de sûreté.

A Bruxelles, pendant les six mois d'une audience marquée par les polémiques (les fouilles jugées illégales des accusés avec inspection quotidienne des parties intimes, après l'épisode du box non conforme), il y a eu peu d'excuses de la part des accusés et peu d'éléments nouveaux sur la cellule ou les supposés défauts de surveillance des autorités.

La Sûreté de l'Etat --le renseignement civil en Belgique-- est restée évasive sur ce qui a permis à Atar, vétéran du jihad ayant séjourné dans les prisons américaines en Irak dans les années 2000, de repartir combattre en 2013 alors qu'il était dans le radar des autorités.

Plusieurs accusés ont exprimé leur révolte voire leur "haine" face aux bombardements de la coalition internationale sur les zones tenues par les insurgés de l'EI.

Abdeslam, lui, a affirmé qu'il était censé partir en Syrie, après avoir survécu au 13-Novembre en raison d'une ceinture d'explosifs défectueuse.

Le parquet fédéral devrait redire qu'il ne croit pas à son innocence. Pour l'accusation, le Français devait forcément savoir que d'autres attaques se préparaient en Europe, en ayant partagé le quotidien de membres de la cellule à Bruxelles jusqu'à son arrestation le 18 mars 2016.

Le réquisitoire sera suivi par environ un mois de plaidoiries, des parties civiles puis de la défense.

Si au moins un accusé est déclaré coupable, ce qui fait peu de doute, le parquet se prononcera dans un deuxième temps sur les peines réclamées. Cette étape est attendue pour septembre, après le verdict sur la culpabilité rendu par le jury populaire en juillet.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.