Dans l'ombre des JO, l'«indispensable» préfet Cadot et «son sens de l'Etat»

Cette photo prise le 15 novembre 2022 à Paris montre le logo officiel des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, affiché dans la boutique officielle de Paris 2024 dans le centre commercial des Halles, au centre de Paris. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 15 novembre 2022 à Paris montre le logo officiel des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, affiché dans la boutique officielle de Paris 2024 dans le centre commercial des Halles, au centre de Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 mai 2023

Dans l'ombre des JO, l'«indispensable» préfet Cadot et «son sens de l'Etat»

  • Inconnu du grand public, d'autant plus qu'a été nommée au gouvernement en mai 2022 une ministre préposée aux JO, cet ancien préfet de police de Paris ne ménage ni ses heures ni son carnet d'adresses pour dénouer des situations parfois bloquées
  • Car si tout le monde rame officiellement vers la même ligne d'arrivée, l'affaire olympique mêle bien des intérêts, parfois contradictoires, ce qui finit de temps en temps par ressembler à un sac de noeuds

PARIS: Il oeuvre dans l'ombre des Jeux olympiques de Paris. A 69 ans, le préfet Michel Cadot promène ses manières de "lord anglais" et son "sens de l'Etat" de réunions en comités de pilotage pour accorder organisateurs, grands flics, et élus de tout poil.

Inconnu du grand public, d'autant plus qu'a été nommée au gouvernement en mai 2022 une ministre préposée aux JO, cet ancien préfet de police de Paris ne ménage ni ses heures ni son carnet d'adresses pour dénouer des situations parfois bloquées.

Car si tout le monde rame officiellement vers la même ligne d'arrivée, l'affaire olympique mêle bien des intérêts, parfois contradictoires, ce qui finit de temps en temps par ressembler à un sac de noeuds.

"Capacité de travail, modestie légendaire et acuité intellectuelle", résume un membre du comité d'organisation des JO qui le côtoie pour décrire celui qui est officiellement "délégué interministériel aux JO".

Au prononcé de son nom ne sortent que louanges sur son "sens de l'Etat" et le fait qu'il soit "indispensable".

Il a succédé en août 2020 à Jean Castex lorsque celui-ci a été propulsé Premier ministre, et il pilote une équipe d'une quinzaine de personnes dans l'hôtel Cassini jouxtant Matignon.

«Il les connait tous!»

Depuis, plus personne n'imagine se passer de lui, si bien que la loi olympique, tout juste promulguée, a introduit une dérogation spéciale à la limite d'âge pour qu'il puisse travailler juqu'à la fin des Jeux.

"M. Cadot est connu de beaucoup d'entre nous. C'est un grand serviteur de l'État", a ainsi plaidé l'ex-ministre des Sports et sénateur PS Patrick Kanner, comme une ode à une espèce en voie de disparition. Une unanimité contrastant avec le bruit et la fureur de l'hémicycle, quelques minutes plus tard, réservés à un amendement visant à reconduire l'ancienne journaliste Catherine Pégard à la tête du château de Versailles...

De toutes les réunions, le préfet s'efface devant les ministres pour la photo.

Un soir de septembre 2021, c'est réception à l'Elysée. Lorsqu'il arrive dans la cour, personne ne prête attention à sa longue silhouette qui foule les gravillons, un sac à dos pendant à l'épaule, alors que les journalistes se ruent sur les médaillés olympiques de Tokyo.

Il connaît par coeur les arcanes de l'Etat. Après le Cantal, la Meuse, la Martinique, la Bretagne, les Bouches-du-Rhône, entre autres, comme préfet, il est passé ainsi des algues vertes aux règlements de comptes marseillais.

«Autorité naturelle»

Ses passages dans les cabinets ministériels (Barnier, Alliot-Marie, de Villepin, Bussereau) le classent plutôt à droite mais surtout ne lui font rien ignorer des vanités des politiques, lui qui a fait l'Ena avec François Hollande.

"C'est quand même lui qui nous a permis de refaire la fête après les attentats", répond une proche de la maire PS de Paris Anne Hidalgo quand l'AFP lui demande son avis sur ce haut fonctionnaire. Il a en effet été préfet de police en 2015, poste qu'il quitte en 2017, après un accident de vélo, pour rejoindre la préfecture de la région Ile-de-France.

Là il verra plusieurs services de l'Etat - Culture et Travail par exemple - s'empoigner sur les cendres de Notre-Dame de Paris pour la reconstruction.

Alors qui de mieux pour négocier avec un préfet, un ministre, un responsable policier, ou des élus? Même s'il débarque dans l'olympisme, comme il le dit lui-même.

De fait, il a "un rôle régulateur assez puissant", explique une proche d'Anne Hidalgo.

"Une autorité naturelle" exprimée "avec la distinction et l'esprit d'un lord anglais", écrit l'ex-conseiller aux Jeux olympiques de la région Ile-de-France, Vincent Roger, dans son livre sur les JO.

"Son rôle doit être salué et conforté, car ça n'est facile de se trouver au milieu de tout cela", a appuyé il y a quelques semaines, l'ex-ministre PS Pierre Moscovici et actuel président de la Cour des comptes.

Après le fiasco de la finale du Stade de France, Michel Cadot, aussi responsable des grands événements sportifs, ne s'est pas défaussé: "J'ai ma part de responsabilité dans cette échec", a-t-il reconnu quand d'autres se sont moins laissés aller à l'auto-critique.

A la barre de la "Dijop", il aime rappeler aussi qu'il s'emploie à ce que l'Etat puisse tenir un minimum la promesse de laisser un "héritage", pour que l'effet des Jeux dure plus qu'un été.


« Attentat terroriste » en France : un mort, le ministre de l'Intérieur blâme l'Algérie sur l'immigration

La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche.
  • Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

MULHOUSE, FRANCE : Samedi, dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche. Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié « Allah u Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises samedi, lors de l'attaque menée dans la ville de Mulhouse, ainsi que lors de son interpellation par les forces de l'ordre.

Selon le parquet de Mulhouse, l'assaillant a agressé les victimes avec un couteau, blessant notamment un Portugais de 69 ans qui est décédé.

Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l'un à la carotide et l'autre au thorax, a affirmé à l'AFP le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz. Si le second a pu sortir de l'hôpital, le premier doit être transféré dimanche au centre hospitalier de Colmar, à environ 40 kilomètres de Mulhouse. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.

En déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé un « acte de terrorisme islamiste » qui ne fait pas de doute.

Nicolas Heitz a déclaré que le suspect était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Interrogé sur la chaîne TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises.

« Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.

Devant l'hôtel de police de Mulhouse, où il a rendu hommage au sang-froid des policiers, M. Retailleau a précisé que le suspect présentait également « un profil schizophrène » et que son acte présentait « une dimension psychiatrique ».

Selon des sources syndicales, le suspect était placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence.

Les faits se sont déroulés à 15 h 40 (14 h 40 GMT), près d'un marché très animé du quartier populaire.

L'homme a d'abord blessé grièvement des agents de stationnement, puis un sexagénaire portugais, mortellement atteint d'un coup de couteau.

« Nous ne savons pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant », a indiqué le ministre.

L'assaillant a ensuite été poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.

À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s'affairaient encore à la lueur d'un projecteur sur la dalle située à l'extérieur du marché couvert. Le périmètre était gardé par des militaires.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre centriste François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l'ordre pour leur intervention rapide ».

« L'horreur vient de saisir notre ville », a déploré la maire de Mulhouse, Michèle Lutz, sur Facebook.

En janvier, un homme de 32 ans avait blessé une personne au couteau dans un supermarché d'Apt, dans le sud de la France, en criant « Allah Akbar ». Il a été inculpé et écroué pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l'absence d'actes terroristes mortels en France en 2024 ne reflète pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats ont été déjoués l'an dernier sur le territoire français.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.