RIYAD: Le lancement des plans stratégiques de l’Arabie saoudite pour devenir un centre mondial du tourisme et de la logistique a donné un nouvel élan au transport aérien en pleine progression, qui peut être renforcée en investissant dans des technologies innovantes, a indiqué un rapport publié par le centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières.
S'adressant à Arab News, Abderrahmane Alwosheel, associé de recherche au centre Roi Abdellah, basé à Riyad et co-auteur du rapport, a déclaré qu'en raison de sa position géopolitique stratégique, le Royaume d’Arabie saoudite a tout le potentiel pour devenir une porte ouverte reliant l'Asie-Pacifique à l'Europe et à l'Amérique, ce qui l'aidera également à atteindre ses objectifs touristiques tels qu'ils sont envisagés dans la Vision 2030.
«L'Arabie saoudite peut se concentrer sur plusieurs domaines afin de renforcer son industrie aéronautique en améliorant les infrastructures, en augmentant la connectivité, en investissant dans l'innovation et la technologie, en développant une main-d'œuvre qualifiée et en promouvant le tourisme», a expliqué Alwosheel.
Le chercheur a signalé qu'à la suite de la décision d'autoriser les visas touristiques, l’Arabie saoudite a fait des progrès incroyables dans le secteur du tourisme.
Le rapport du centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières a indiqué que les progrès du secteur saoudien de l'aviation sont essentiels pour atteindre les objectifs définis dans la Vision 2030. La stratégie nationale de tourisme de l'Arabie saoudite vise à attirer 100 millions de visiteurs d'ici 2030 et à porter la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut à plus de 10%.
D'autre part, la stratégie logistique nationale de l'Arabie saoudite, lancée par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, en 2021, vise à positionner le pays comme un centre logistique mondial reliant trois continents et à améliorer les services de transport. La stratégie vise également à améliorer les capacités du secteur du fret aérien en Arabie saoudite en doublant sa capacité pour atteindre plus de 4,5 millions de tonnes d'ici 2030.
Alwosheel a précisé que l'amélioration des transports intérieurs pourrait également jouer un rôle crucial dans le développement du secteur du tourisme en Arabie saoudite, qui progresse déjà régulièrement par rapport à ses voisins de la région.
«Contrairement aux pays voisins, tels que le Qatar, le Bahreïn et les Émirats arabes unis, où les besoins en matière de transport intérieur sont plus limités, en Arabie saoudite, le transport intérieur peut jouer un rôle essentiel dans le soutien de la croissance en promouvant et en développant le tourisme intérieur, en particulier le développement de l'infrastructure et des services d'aviation», a-t-il ajouté.
Le chercheur a souligné que les alliances stratégiques et les coentreprises comprenant notamment des transporteurs aériens, des constructeurs, des aéroports et des agences gouvernementales, pourraient permettre à l'industrie aéronautique de tirer parti des atouts et des compétences de chacun pour atteindre les objectifs de l’Arabie saoudite.
Durabilité et défis
Le rapport souligne l'importance de la durabilité dans le processus global de développement du secteur de l'aviation en Arabie saoudite. Le groupe de réflexion a révélé que les circonstances inattendues causées par la pandémie de la Covid-19, telles que la chute de la demande, la perturbation de l'industrie du transport aérien et les pertes financières qui en ont résulté, ont servi de signal d'alarme pour promouvoir des voies durables.
Alwosheel a fait remarquer que le facteur coût est l'un des principaux défis que l'industrie de l'aviation devrait relever tout en généralisant l'utilisation de carburant d'aviation durable (CAD).
«Le CAD est plus cher que les carburants fossiles traditionnels, ce qui peut représenter une charge financière pour les compagnies aériennes. Toutefois, avec l'augmentation de la demande et de la production, la maturité technologique, la disponibilité et la diversité des matières premières, le coût du CAD devrait diminuer», a estimé Alwosheel.
Selon l'Association internationale du transport aérien, la production de CAD ne devrait répondre qu'à 2% des besoins du secteur d'ici à 2025.
Le CAD est produit en petites quantités à partir de matières premières telles que les huiles de cuisson et les déchets animaux et coûtent deux à cinq fois plus cher que les carburéacteurs traditionnels.
Alwosheel a ajouté que le CAD deviendra plus compétitif si les gouvernements, les clients et les fournisseurs du CAD et d'aéroports collaborent et trouvent des moyens de promouvoir les progrès technologiques dans la production du carburant. Il a également souligné que l'intégration des usines de production du CAD dans les industries pétrolières et gazières existantes pourrait contribuer à réduire les coûts d'investissement.
«La production du CAD doit s'aligner sur les conditions de la région car la production de biocarburants pourrait être limitée. Cependant, l'intégration avec les industries pétrochimiques existantes peut aider à réduire les coûts d'investissement dans le développement d'installations dédiées à la production du CAD en envisageant des voies de cotraitement», a expliqué le chercheur.
Selon lui, l'adoption du CAD se heurte à un autre problème: les normes de certification strictes qui garantissent que le produit est durable et ne nuit pas à l'environnement.
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«En continuant à investir dans la recherche et le développement, en augmentant les installations de production et de disponibilité, et en développant un système de certification robuste, l'industrie aéronautique peut adopter avec succès le CAD.»
Abderrahmane Alwosheel, chercheur associé au centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières
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«La mise au point d'un système de certification universellement reconnu peut s'avérer difficile. Par conséquent, en continuant à investir dans la recherche et le développement, en augmentant les installations de production et de disponibilité, et en développant un système de certification robuste, l'industrie aéronautique peut adopter avec succès le CAD», a suggéré Alwosheel.
Le taux d'occupation des vols
Le taux d'occupation des vols est «le pourcentage de sièges disponibles occupés par des passagers, indépendamment de la désignation du nombre de sièges par la compagnie aérienne ou de la configuration de la cabine».
Selon le rapport du centre Roi Abdallah des études et recherches pétrolières, le taux d'occupation des vols permet d'évaluer la rentabilité des compagnies aériennes car il indique qu'une compagnie aérienne a vendu la plupart de ses sièges disponibles, ce qui lui permet de répartir ses coûts sur le nombre total de passagers transportés.
Andres Guzman, chercheur au centre Roi Abdallah, a spécifié que le taux d'occupation des vols de l'Arabie saoudite s'est considérablement amélioré, soulignant la croissance du pays dans le secteur de l'aviation.
«En fait, l'abaissement du taux d'occupation des vols dilue les bénéfices que les constructeurs d'avions ont réalisés ces dernières années en améliorant le rendement énergétique grâce à l'utilisation de moteurs de nouvelle technologie lorsque les performances du secteur de l'aviation sont exprimées en termes de nombre de passagers au lieu du nombre de sièges disponibles», a éclairci Guzman.
Selon le chercheur, rendre le secteur de l'aviation durable exige des efforts concertés de la part de toutes les parties prenantes, notamment les transporteurs aériens, les constructeurs d'avions, les consommateurs, les aéroports et les gouvernements.
Guzman a noté qu'en dépit des défis financiers, le renouvellement de la flotte d'avions a considérablement amélioré les performances du secteur de l'aviation, car les nouveaux appareils sont plus économes en carburant, offrent une meilleure sécurité et réduisent les coûts d'entretien.
«Le développement durable étant devenu une préoccupation mondiale, les gouvernements et les financiers pourraient favoriser une transition en douceur des programmes de renouvellement de la flotte en offrant des incitations financières conformes à la législation sur la réduction des émissions», a-t-il soutenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com