JANDAIRIS: Dans le nord-ouest de la Syrie, des cars aux couleurs vives parcourent les allées des camps de déplacés et deviennent des salles de classe pour les enfants ayant perdu maison et école lors du séisme dévastateur du 6 février.
Jawaher Hilal, 10 ans, vivait à Jandairis, à une dizaine de kilomètres de la frontière turque, lorsque le tremblement de terre a détruit sa maison.
"Nous sommes venus vivre ici et l'école était vraiment très loin", raconte à l'AFP la fillette, dans une tente désormais devenue sa maison, à la périphérie de Jandairis, l'une des villes les plus touchées par les séisme.
Grâce à ces cars, "nous avons commencé à étudier et à apprendre. Les cars sont vraiment bien", ajoute-t-elle, un foulard rose noué sur les cheveux.
Le séisme du 6 février a fait plus de 6 000 morts en Syrie, majoritairement dans les zones rebelles du nord et nord-ouest du pays toujours morcelé par la guerre.
Dans ce camp, les enfants, cartables sur le dos, se rassemblent joyeusement près d'un car recouvert de dessins avant d'entrer "en classe".
Des petits bureaux colorés ont été installés à l'intérieur du car et les enfants y apprennent l'arabe et l'anglais, les sciences et les mathématiques.
Cette "classe mobile offre des cours mais aussi un soutien psychologique pour les enfants affectés par le séisme", explique Raad al-Abd, chargé des oeuvres éducatives d'Orange Organisation, une ONG locale à l'origine de l'initiative.
"Les cars ciblent 27 camps", affirme-t-il, ajoutant qu'au total, ses équipes enseignent "à plus de 3.000 élèves".
Des écoles "très loin"
Dans le nord-ouest de la Syrie, "au moins 452 écoles et lycées" ont été endommagés par le séisme, plus ou moins gravement, selon un récent rapport du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha).
"Plus d'un million d'enfants en âge d'aller à l'école ont besoin d'enseignement et risquent de décrocher", affirme l'Ocha, qui précise qu'"au moins 25.000 enseignants (...) ont besoin d'un soutien psychologique".
Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), "3,7 millions d'enfants en Syrie ont cruellement besoin du maintien de l'aide humanitaire."
"L'éducation de 1,9 million d'enfants a été perturbée et de nombreuses écoles servent encore d'abris" aux déplacés, ajoute cet organisme onusien.
Alors que les cars quittent le camp, roulant entre les tentes et les arbres, les enfants crient et agitent leurs mains.
Le père de Jawaher, Ramadan Hilal, est soulagé que ces "classes mobiles" existent car "après le séisme, il ne restait plus d'écoles".
Et, s'inquiète-t-il, si elles sont reconstruites, "elles seront très loin de chez nous et nous ne serons pas capables d'y emmener nos enfants."