RIYAD: Une femme d'affaires saoudienne contribue à façonner l'avenir du secteur immobilier du pays, avec le soutien de la famille royale.
L’entreprise de Mashael ben Saedan, Al-Saedan for Development, est l'une des trois entreprises privées approuvées par le roi Salmane en 2019 pour faire partie du programme national de développement industriel et de logistique.
«J'étais la seule femme présente à la cérémonie de lancement dont l'usine a non seulement été approuvée par le roi Salmane, mais j'ai eu l'honneur de le rencontrer», révèle Mme Saedan.
Depuis, son groupe de développement immobilier n'a cessé de se renforcer en mettant l'accent sur la transformation industrielle numérique et technique du secteur.
L'année dernière, cette cheffe d'entreprise ambitieuse s'est associée à la société japonaise Aizawa High-Pressure Concrete Co. afin de produire et construire des éléments structurels en béton précontraint dans la région métropolitaine de Riyad.
Les deux entreprises ont testé un modèle du composant qui a donné des résultats positifs.
«Le modèle que nous avons testé n'était pas basé sur une nouvelle technologie. Il n'est utilisé que pour la construction de ponts et autres. Ce que nous voulions, c'était utiliser cette technologie pour la construction de maisons», a affirmé la femme d’affaire.
«Les États-Unis ont essayé de tester le modèle mais n'ont pas réussi. Ce que nous avons fait grâce à notre partenariat avec le Japon, c'est développer la même technologie avec des ressources saoudiennes, conserver la bonne qualité et réduire les coûts de production», poursuit-elle.
Elle a indiqué que le gouvernement japonais avait soutenu le partenariat, assurant être «très reconnaissante de son aide».
Du béton précontraint pour Riyad
Elle a commencé à s'intéresser au secteur immobilier alors qu'elle n'avait que six ans. La famille de Mme Saedan est active dans des projets de développement immobilier à Riyad depuis 1934 et peut inclure la première tour d'Arabie saoudite, l'Elegance Tower, dans son portfolio de projets.
Issue de la troisième génération d'une famille d'agents immobiliers, Mme Saedan accompagnait son père dans tous ses déplacements lorsqu'elle était enfant.
«J'ai vu les effets du marché immobilier sur les citoyens et sur ma famille. Ma famille avait une tradition selon laquelle, dans chaque contrat immobilier signé, tous les membres de ma famille recevaient une part égale de la transaction, indépendamment de leur âge ou du fait qu'ils aient travaillé sur le dossier ou non», confie-t-elle.
À l'âge de 12 ans, Mme Saedan a commencé à poser des questions sur le manque d'implication des femmes dans le secteur de l’immobilier en Arabie saoudite.
«Je posais cette question à chaque réunion de famille. Lorsque j'ai eu 18 ans, mon père m'a convoquée dans son bureau et m'a demandé d'élaborer une stratégie commerciale impliquant et ciblant les femmes pour les pousser à investir dans le secteur de l'immobilier», indique-t-elle.
Soucieuse de transformer le secteur dans son pays, la stratégie commerciale de Mme Saedan a consisté à cibler les enseignantes saoudiennes dans les écoles publiques pendant les pauses afin d'informer les femmes sur le secteur immobilier du pays et de les aider à investir dans le marché.
Elle a conclu son premier accord d'investissement avec trois enseignantes saoudiennes de l'enseignement public, qui sont toujours en contact avec elle.
Pendant le boom du marché de l'immobilier entre 2007 et 2009, elle ne savait pas si elle devait profiter de l'occasion ou poursuivre ses études.
Mme Saedan souhaitait développer ses idées à l'échelle internationale et devenir une figure éminente du secteur sur la scène mondiale. Elle a donc opté pour un master dans un pays anglophone.
«J'ai décidé que si je voulais entrer dans le marché international de l'immobilier, je devais apprendre l'anglais», a-t-elle affirmé.
Après avoir obtenu une maîtrise en finance d'entreprise et en économie à l'université de Sheffield, en Angleterre, elle a reçu une offre d'emploi d'une banque internationale basée au Royaume-Uni. Mais elle a refusé cette occasion afin de retourner en Arabie saoudite et d'être une force de changement dans le secteur de l'immobilier de son pays.
L'une de ses ambitions était d'éduquer la jeunesse saoudienne et de l'impliquer dans le secteur, ce qui l'a amenée à donner des cours de finance à l'université Dar Al-Uloom.
«Je commençais chaque cours en rappelant aux étudiants qu'ils ne représentaient pas seulement leur famille, mais l’Arabie saoudite, les Arabes et les musulmans du monde entier.»
«Les gens changent en ayant un modèle, alors après deux mois et demi, j'ai donc démissionné et décidé d'ouvrir ma propre entreprise et d'être le changement que je veux voir chez les autres», soutient-elle.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com