NAJAF: Les autorités irakiennes ont organisé mardi les funérailles de 78 victimes du groupe Etat islamique (EI), exécutées en 2014 mais identifiées grâce à des tests ADN après avoir été retrouvées dans un charnier renfermant des centaines de corps.
Dans les environs de Mossoul, grande métropole du nord, les djihadistes avaient capturé en juin 2014 des centaines de détenus de la prison de Badouch, principalement des musulmans chiites, les transportant dans des camions jusqu'à un ravin où ils les ont abattus.
Des funérailles ont été organisées mardi à Bagdad et dans la ville sainte chiite de Najaf, dans le centre de l'Irak, avant l'enterrement des 78 victimes, ont constaté des photographes de l'AFP.
Dans la capitale, devant l'imposant Monument au Martyr, des cercueils recouverts du drapeau irakien ont défilé sur des pick-up de l'armée, accompagnés par une fanfare militaire.
A Najaf, Khaled Jabbar al-Azzaoui attend un autre cortège funèbre qui conduira son cousin à l'immense cimetière chiite de Wadi al-Salam, près du Mausolée de l'imam Ali.
"Nous ressentons de la douleur et de la peine, mais au moins nous avons obtenu ses restes", confie ce travailleur journalier de 43 ans. "Il aura une tombe sur laquelle sa famille pourra aller se recueillir".
A Badouch, les djihadistes ont commis "des crimes contre l'humanité", selon les enquêteurs onusiens d'Unitad. "Environ 1.000 prisonniers, majoritairement chiites, ont été exécutés par des membres de l'EI à l'intérieur de la prison et sur d'autres sites", selon l'agence onusienne.
Sur un groupe de 605 disparus, 78 victimes ont été identifiées, a expliqué à l'AFP le directeur de l'Institut médico-légal Zaid Ali Abbas, précisant que 44 d'entre elles seront enterrées à Najaf, dans un carré délimité par une institution religieuse chiite.
Un premier charnier avait été découvert en 2017 et des dizaines de dépouilles des détenus de Badouch en ont été exhumées en 2021, tandis que se poursuivaient les lentes et laborieuses procédures visant à prélever l'ADN sur les victimes et sur les familles de disparus pour identifier les corps.
Après une montée en puissance fulgurante en 2014, l'EI avait multiplié les exactions dans les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine. Mis en déroute en 2017 en Irak, il a laissé derrière lui plus de 200 charniers qui pourraient renfermer jusqu'à 12.000 corps, selon l'ONU.
Outre ces fosses communes de l'EI, l'Irak continue aujourd'hui encore à mettre au jour des charniers datant du régime de Saddam Hussein, renversé lors de l'invasion américaine de 2003.