«Le sommet de la Ligue arabe offre une occasion unique de mettre fin au conflit au Soudan»

Mahamoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, a déclaré que la Ligue arabe était dans une position unique pour résoudre le problème du Soudan. (AFP)
Mahamoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, a déclaré que la Ligue arabe était dans une position unique pour résoudre le problème du Soudan. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 18 mai 2023

«Le sommet de la Ligue arabe offre une occasion unique de mettre fin au conflit au Soudan»

  • Le ministre des Affaires étrangères déclare que les chefs d'État arabes doivent exercer une pression maximale sur les dirigeants soudanais pour sécuriser les corridors humanitaires
  • Le sommet de Djeddah est l'occasion de démontrer l'appétit croissant pour l'unité arabe et le leadership sur la scène mondiale

RIYAD: Les dirigeants arabes réunis dans la ville saoudienne de Djeddah pour le sommet de la Ligue arabe auront une «occasion unique» de résoudre le conflit au Soudan, a déclaré à Arab News en français Mahamoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005.

Le Soudan, lui-même membre de la Ligue arabe, a été secoué pendant plus d’un mois par des combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide, faisant des centaines de morts et des centaines de milliers de déplacés.

«Le conflit au Soudan est extrêmement grave», a déclaré Ali Youssouf lors d'une interview Zoom cette semaine. «Grave dans le sens où il y a deux armées, toutes deux bien équipées militairement, qui s'affrontent dans les zones urbaines, en particulier dans la capitale, ce qui entraîne des destructions, des pertes de vies humaines et le déplacement de la population. La gravité de ce conflit en termes d'ampleur est indéniable.»

L'Arabie saoudite a joué un rôle de premier plan dans l'évacuation des ressortissants étrangers et les efforts de médiation pour obtenir un cessez-le-feu. Saluant les efforts saoudiens, Ali Youssouf a déclaré que la Ligue arabe devait maintenant exercer collectivement une pression sur les parties en conflit.

«Une occasion unique de faire pression sur les chefs d'État arabes pour qu'ils exercent une pression maximale sur les dirigeants soudanais et les parties en conflit au Soudan afin d'arrêter le conflit, d'établir un cessez-le-feu, d'ouvrir des corridors humanitaires et de s'efforcer de relancer le processus politique, se présente maintenant», a-t-il déclaré.

 «Je crois que le sommet de la Ligue arabe devrait adopter une résolution ferme», a-t-il ajouté.

Djibouti est un petit pays stratégiquement situé sur la côte nord-est de la corne de l'Afrique, sur le détroit de Bab el-Mandeb, qui sépare la mer Rouge du golfe d'Aden. Il a rejoint la Ligue arabe en 1977.

En raison de la situation du pays à la croisée du Moyen-Orient et de l'Afrique, et en tant que site de multiples bases militaires et pôles commerciaux appartenant à des puissances mondiales rivales, la politique étrangère de Djibouti est multifacette.

Cette perspective a sans aucun doute influencé la position de Djibouti quant à un autre élément clé du sommet de vendredi: la première participation du gouvernement du président syrien Bachar al-Assad à la Ligue arabe depuis la suspension de la Syrie en 2011.

«Tout d'abord, je peux vous assurer que Djibouti n'a posé aucune condition pour la réintégration [de la Syrie]», a déclaré Ali Youssouf.

«Nous croyons que la Syrie, en tant que membre fondateur de la Ligue arabe, a toujours joué un rôle central... C'est vraiment un pays qui a toujours été au centre des actions de la Ligue arabe. C'est le premier élément.»

«Le deuxième élément est que la géopolitique est en train de changer. La géopolitique régionale au Moyen-Orient est dynamique, pas statique. Et je crois que c'est le moment pour que la Syrie retrouve sa place, car elle est toujours un acteur clé, non seulement au sein de la Ligue arabe, mais dans la région du Moyen-Orient. C'est un pays qui ne peut pas être ignoré.»

Les préoccupations communes des dirigeants arabes concernant la réintégration de la Syrie sont la sécurité, étant donné la présence continue des extrémistes de Daech sur son territoire, les droits des réfugiés et les sanctions en cours imposées à Assad par les alliés occidentaux du monde arabe.

«Bien sûr, les questions en suspens feront l'objet de discussions entre les chefs d'État et les dirigeants arabes qui aborderont certainement les griefs ou les conditions soulevées par certains dans le but de les résoudre par le dialogue», a ajouté Ali Youssouf.

De plus, il considère que le sommet de vendredi est une opportunité pour consolider les récentes améliorations des relations arabes avec l'Iran à la suite du dégel entre Riyad et Téhéran, parrainé par la Chine, plus tôt cette année.

«Je crois que c'est dans l'intérêt des pays du Moyen-Orient que cet antagonisme qui existe entre l'Iran et les pays arabes soit résolu», a déclaré Ali Youssouf.

«L'Iran a souvent utilisé des factions et des groupes terroristes pour poursuivre une certaine politique dans les pays arabes du Moyen-Orient. Les pays arabes ont toujours adopté une politique de ce qu'on appelle “containment”, essayant de contenir dans une certaine mesure les actions de l'Iran dans les pays arabes.»

Il a ajouté: «Je crois que cette fois-ci, la raison a peut-être prévalu. Grâce à la médiation chinoise, l'Iran et l'Arabie saoudite ont rétabli leurs relations diplomatiques et nous constatons déjà les conséquences en termes de sécurité et de situation politique dans plusieurs pays.»

Pour Ali Youssouf, le sommet de la Ligue arabe est également une occasion de démontrer l'appétit croissant pour l'unité arabe et le leadership sur la scène mondiale – leadership qui pourrait, selon lui, être assuré par l'Égypte et l'Arabie saoudite.

«Je pense que nous avons besoin d'un leadership, a-t-il déclaré. Les pays arabes peuvent s'unir et devenir forts s'ils ont un leadership – un pays leader qui puisse assumer cette responsabilité contre vents et marées.»

Il a ajouté: «Nous avons besoin dans le monde arabe d'un ou deux pays qui puissent être les forces motrices derrière cette unification du monde arabe. Je crois que c'est à travers leur force et leur cohésion que ces deux pays peuvent mener cette campagne de renforcement des relations arabes pour un meilleur avenir pour les peuples arabes.»

«Je pense à l'Arabie saoudite et à l'Égypte. Ces deux pays peuvent jouer un rôle, je dirais, de locomotives, et il est très important que les relations entre l'Égypte et l'Arabie saoudite soient solides pour entraîner tous les autres vers l'avenir que nous, les peuples arabes, désirons et appelons de nos vœux.»


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

Short Url
  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Short Url
  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.