PARIS : Les récentes livraisons à Kiev de chars occidentaux et de roquettes longue-portée illustrent la manière dont les Occidentaux s'adaptent aux besoins de l'Ukraine et aux évolutions du champ de bataille depuis l'invasion russe en février 2022.
Armes légères contre l'invasion russe
Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine lance l'invasion de l'Ukraine. Les troupes russes réalisent une progression éclair dans l'est et tentent d'encercler Kiev.
Rapidement, les Ukrainiens bénéficient de premières livraisons d'armes par l'Occident. Entre février et mars, ils reçoivent plus de 40 000 armes légères, 17 000 manpads - systèmes portatifs de défense sol-air - ainsi que de l'équipement (25 000 casques, 30 000 gilets pare-balles), selon les données du Kiel Institute qui recense depuis le début de la guerre les armes promises et livrées à l'Ukraine.
Dans l'urgence, ces armes et équipements légers sont faciles à livrer, à prendre en main et à déplacer sur le champ de bataille.
Obusiers et lance-roquettes pour se recentrer sur le Donbass
Face à une farouche résistance à Kiev et à Kharkiv, deuxième ville du pays, l'armée russe se retire fin mars pour concentrer ses efforts sur les territoires du Donbass et du sud.
Commencent alors en avril les livraisons d'artillerie (obusiers, lance-roquettes...), capables de frapper derrière les lignes ennemies pour atteindre les stocks de munitions et bloquer les chaînes logistiques russes.
Sont livrés jusqu'à l'automne 321 obusiers, dont 18 canons Caesar français, 120 véhicules d'infanterie, 49 lance-roquettes multiples, 24 hélicoptères de combat, plus de 1 000 drones américains, ainsi que 280 chars de fabrication soviétique, envoyés principalement par la Pologne, que l'armée ukrainienne a l'habitude d'utiliser.
Défense sol-air contre les frappes
Malgré son repli, la Russie lance des vagues de frappes aériennes (missiles et drones kamikazes) sur les infrastructures énergétiques, les centres urbains, bien au-delà du front.
Pour aider les Ukrainiens à y faire face, les pays occidentaux livrent des systèmes de défense anti-missiles, Etats-Unis, Royaume-Uni et Espagne en tête.
Washington finit par accepter de livrer son très réputé système de missiles sol-air moyenne-portée Patriot.
Chars et roquettes longue-portée pour sortir des tranchées
A partir de fin 2022, une guerre de tranchées s'installe dans l'est et l'Ukraine craint une offensive majeure russe avec l'arrivée des mobilisés. Dans ce contexte, Kiev obtient des chars lourds et modernes occidentaux, longtemps réclamés pour prendre l'initiative et sortir de la guerre d'usure.
Plusieurs pays occidentaux promettent fin janvier d'en livrer: Washington annonce des chars Abrams (toutefois pas disponibles avant l'automne 2023), Londres des Challenger 2, Berlin des Leopard 2, réputés parmi les meilleurs du monde. Le feu vert allemand permet par ailleurs à d'autres pays de promettre des Leopard 2.
Jusqu'à présent, Kiev ne disposait que de chars de fabrication soviétique, moins performants technologiquement, et en avait perdu beaucoup.
"Les Ukrainiens disposent des capacités dont ils ont besoin pour reprendre davantage de territoires", estime fin avril le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, selon qui 230 chars occidentaux ont déjà été livrés.
Des roquettes de longue-portée GLSDB (150 km) ont également été fournies par les Etats-Unis, selon des affirmations russes non démenties par Kiev. Le Royaume-Uni annonce le 11 mai des missiles Storm Shadow, qui peuvent frapper à 250 kilomètres. L'Ukraine juge ces munitions cruciales pour mener sa contre-offensive et menacer des positions russes loin derrière les lignes de front.
Et demain, des avions de combat ?
Alors que se dessine cette contre-offensive, le président ukrainien Volodymyr Zelensky étoffe son arsenal lors d'une tournée européenne: Londres, où il se trouve ce lundi, lui promet des centaines de missiles anti-aériens et de drones d'attaque, Paris des véhicules blindés et des chars légers, et Berlin un nouveau plan d'aide militaire de 2,7 milliards d'euros.
Aucune capitale ne s'est toutefois avancée sur la livraison d'avions de combat modernes, demandés avec insistance par Kiev pour défendre le ciel ukrainien.