L'Ukraine revendique le « premier succès  » de son assaut autour de Bakhmout

Un soldat ukrainien du service national des gardes-frontières patrouille à Chasiv Yar, près de la ville de Bakhmut, dans la région de Donetsk, le 3 mai 2023. (AFP).
Un soldat ukrainien du service national des gardes-frontières patrouille à Chasiv Yar, près de la ville de Bakhmut, dans la région de Donetsk, le 3 mai 2023. (AFP).
Short Url
Publié le Lundi 15 mai 2023

L'Ukraine revendique le « premier succès  » de son assaut autour de Bakhmout

  • Avant même son arrivée au Royaume-Uni, Londres a promis la livraison "dans les prochains mois" de "centaines" de missiles antiaériens et de drones d'attaque à Kiev
  • Volodymyr Zelensky est arrivé à Londres pour continuer sa tournée européenne et réclamer encore plus d'aide militaire

KIEV: L'Ukraine a revendiqué lundi le "premier succès" de son assaut autour de Bakhmout, progressant sur les flancs des défenses russes, au moment où son président Volodymyr Zelensky est arrivé à Londres pour continuer sa tournée européenne et réclamer encore plus d'aide militaire.

Avant même son arrivée au Royaume-Uni, Londres a promis la livraison "dans les prochains mois" de "centaines" de missiles antiaériens et de drones d'attaque à Kiev, alors que l'armée ukrainienne achève ses préparatifs pour chasser les troupes russes de son territoire.

Depuis plusieurs jours, l'armée ukrainienne dit avancer au nord et au sud de Bakhmout (est), épicentre des combats depuis plusieurs mois et théâtre de la bataille la plus sanglante depuis le début de l'invasion russe.

"L'avancée de nos troupes dans la zone de Bakhmout est le premier succès de l'offensive" visant à défendre cette ville, contrôlée aujourd'hui majoritairement par les Russes, a déclaré lundi le général Oleksandre Syrsky, le commandant des troupes terrestres ukrainiennes.

Dimanche, Kiev avait déjà juré avoir capturé "plus de 10 positions ennemies au nord et au sud de la banlieue de Bakhmout", après avoir affirmé vendredi avoir repris deux kilomètres dans la zone.

A l'inverse, la Russie dit de son côté avancer au sein même de cette ville, qu'elle tente inlassablement de conquérir depuis l'été dernier, au prix de pertes importantes et sans succès à ce stade.

Les observateurs doutent de la portée stratégique de la conquête de cette ville pour Moscou, mais elle permettrait au Kremlin d'afficher une victoire après plusieurs revers humiliants.

Sur place, le groupe paramilitaire Wagner est épaulé par l'armée régulière russe, bien que son chef, l'homme d'affaires Evguéni Prigojine, accuse régulièrement la hiérarchie militaire de ne pas donner suffisamment de munitions à ses hommes pour pouvoir conquérir Bakhmout.

La semaine dernière, il a même accusé certains soldats de l'armée russe de "fuir" leurs positions, estimant que les défenses "s'effondrent".

De son côté, le ministère russe de la Défense, avec qui M. Prigojine est en conflit ouvert depuis plusieurs mois, a de nouveau répété dimanche "avoir repoussé toutes les attaques" au "nord et au sud" de Bakhmout, balayant les affirmations de Kiev.

Signe toutefois que la situation s'est compliquée pour l'armée russe, le ministère a annoncé aussi dimanche la mort aux combats de deux responsables militaires, une communication rare de la part de Moscou depuis le début de son invasion.

Zelensky arrive à Londres

Le Premier ministre Rishi Sunak a accueilli Volodymyr Zelensky à sa descente de l'hélicoptère qui l'a emmené jusqu'à sa résidence de campagne de Chequers, au nord-ouest de Londres.

Après Rome, Berlin et Paris, le chef d'Etat ukrainien poursuit ainsi au Royaume-Uni sa tournée européenne, en quête d'un engagement militaire supplémentaire de ses alliés.

"Le Royaume-Uni a été leader pour nous fournir des moyens supplémentaires terrestres et aériens. Cette coopération se poursuivra", a indiqué le président ukrainien sur Twitter en annonçant sa venue à Londres, où il s'était déjà rendu en février dernier.

A l'occasion de cette nouvelle visite, Londres livrera ainsi des "centaines" de missiles anti-aériens ainsi que des "centaines" de drones d'attaque d'une portée supérieure à 200 kilomètres.

Ces équipements seront livrés "au cours des prochains mois alors que l'Ukraine se prépare à intensifier sa résistance face à l'invasion russe en cours", a indiqué Downing Street dans un communiqué.

Zelensky chez son « ami »Sunak

Cette première percée revendiquée par l'Ukraine dans sa région de Donbass intervient au moment où le président Volodymyr Zelensky effectue une tournée dans plusieurs chancelleries européennes pour réclamer plus d'armes et d'équipements militaires pour ses hommes.

Lundi, il se rend à Londres chez son "ami Rishi" Sunak, dont le pays "a été leader pour fournir (à Kiev) des moyens supplémentaires terrestres et aériens", a-t-il annoncé. Des négociations se tiendront dans la capitale anglaise "en face-à-face" et "via des délégations", selon lui.

Le 11 mai, le Royaume-Uni a annonce la fourniture de missiles Storm Shadow, qui peuvent frapper à 250 kilomètres, le type d'armement que l'Ukraine réclamait depuis des mois pour frapper des objectifs russes loin derrière la ligne de front.

Dimanche, M. Zelensky avait reçu à Paris un engagement renouvelé de la France, notamment dans le domaine des blindés légers, particulièrement utiles sur le champ de bataille.

"Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10 RC", selon la déclaration commune publiée à l'issue du dîner entre M. Zelensky et le président français Emmanuel Macron.

Volodymyr Zelensky faisait étape en France après s'être rendu durant le week-end en Italie, où il a rencontré le pape François et la Première ministre Giorgia Meloni, puis en Allemagne.

L'étape allemande de M. Zelensky, la première depuis le début de l'invasion russe, a marqué un net réchauffement des relations entre Berlin et Kiev, un temps crispées par les atermoiements du chancelier allemand Olaf Scholz à livrer les armes réclamées par l'Ukraine. Le gouvernement allemand a aussi annoncé un nouveau paquet d'aide militaire à l'Ukraine de 2,7 milliards d'euros, un montant record depuis le début du conflit, incluant notamment des dizaines de chars, blindés, drones de surveillance et quatre nouveaux systèmes de défense antiaériens Iris-T.

Toutefois, la demande répétée de M. Zelensky à ses homologues italien, allemand et français pour des avions de combat est restée vaine. "La question est un peu prématurée", a réitéré un conseiller d'Emmanuel Macron.

Toujours sur le plan diplomatique, l'émissaire chinois Li Hui, représentant spécial pour les affaires eurasiatiques chargé de discuter du règlement de la guerre en Ukraine, se rendra à Kiev mardi et mercredi, selon un haut responsable gouvernemental ukrainien.

Ce déplacement s'inscrit dans une tournée plus large comprenant également la Pologne, la France, l'Allemagne et la Russie, où M. Li doit discuter "d'un règlement politique de la crise ukrainienne", selon Pékin.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.