KIEV: L'Ukraine a revendiqué lundi le "premier succès" de son assaut autour de Bakhmout, progressant sur les flancs des défenses russes, au moment où son président Volodymyr Zelensky est arrivé à Londres pour continuer sa tournée européenne et réclamer encore plus d'aide militaire.
Avant même son arrivée au Royaume-Uni, Londres a promis la livraison "dans les prochains mois" de "centaines" de missiles antiaériens et de drones d'attaque à Kiev, alors que l'armée ukrainienne achève ses préparatifs pour chasser les troupes russes de son territoire.
Depuis plusieurs jours, l'armée ukrainienne dit avancer au nord et au sud de Bakhmout (est), épicentre des combats depuis plusieurs mois et théâtre de la bataille la plus sanglante depuis le début de l'invasion russe.
"L'avancée de nos troupes dans la zone de Bakhmout est le premier succès de l'offensive" visant à défendre cette ville, contrôlée aujourd'hui majoritairement par les Russes, a déclaré lundi le général Oleksandre Syrsky, le commandant des troupes terrestres ukrainiennes.
Dimanche, Kiev avait déjà juré avoir capturé "plus de 10 positions ennemies au nord et au sud de la banlieue de Bakhmout", après avoir affirmé vendredi avoir repris deux kilomètres dans la zone.
A l'inverse, la Russie dit de son côté avancer au sein même de cette ville, qu'elle tente inlassablement de conquérir depuis l'été dernier, au prix de pertes importantes et sans succès à ce stade.
Les observateurs doutent de la portée stratégique de la conquête de cette ville pour Moscou, mais elle permettrait au Kremlin d'afficher une victoire après plusieurs revers humiliants.
Sur place, le groupe paramilitaire Wagner est épaulé par l'armée régulière russe, bien que son chef, l'homme d'affaires Evguéni Prigojine, accuse régulièrement la hiérarchie militaire de ne pas donner suffisamment de munitions à ses hommes pour pouvoir conquérir Bakhmout.
La semaine dernière, il a même accusé certains soldats de l'armée russe de "fuir" leurs positions, estimant que les défenses "s'effondrent".
De son côté, le ministère russe de la Défense, avec qui M. Prigojine est en conflit ouvert depuis plusieurs mois, a de nouveau répété dimanche "avoir repoussé toutes les attaques" au "nord et au sud" de Bakhmout, balayant les affirmations de Kiev.
Signe toutefois que la situation s'est compliquée pour l'armée russe, le ministère a annoncé aussi dimanche la mort aux combats de deux responsables militaires, une communication rare de la part de Moscou depuis le début de son invasion.
Zelensky arrive à Londres
Le Premier ministre Rishi Sunak a accueilli Volodymyr Zelensky à sa descente de l'hélicoptère qui l'a emmené jusqu'à sa résidence de campagne de Chequers, au nord-ouest de Londres.
Après Rome, Berlin et Paris, le chef d'Etat ukrainien poursuit ainsi au Royaume-Uni sa tournée européenne, en quête d'un engagement militaire supplémentaire de ses alliés.
"Le Royaume-Uni a été leader pour nous fournir des moyens supplémentaires terrestres et aériens. Cette coopération se poursuivra", a indiqué le président ukrainien sur Twitter en annonçant sa venue à Londres, où il s'était déjà rendu en février dernier.
A l'occasion de cette nouvelle visite, Londres livrera ainsi des "centaines" de missiles anti-aériens ainsi que des "centaines" de drones d'attaque d'une portée supérieure à 200 kilomètres.
Ces équipements seront livrés "au cours des prochains mois alors que l'Ukraine se prépare à intensifier sa résistance face à l'invasion russe en cours", a indiqué Downing Street dans un communiqué.
Zelensky chez son « ami »Sunak
Cette première percée revendiquée par l'Ukraine dans sa région de Donbass intervient au moment où le président Volodymyr Zelensky effectue une tournée dans plusieurs chancelleries européennes pour réclamer plus d'armes et d'équipements militaires pour ses hommes.
Lundi, il se rend à Londres chez son "ami Rishi" Sunak, dont le pays "a été leader pour fournir (à Kiev) des moyens supplémentaires terrestres et aériens", a-t-il annoncé. Des négociations se tiendront dans la capitale anglaise "en face-à-face" et "via des délégations", selon lui.
Le 11 mai, le Royaume-Uni a annonce la fourniture de missiles Storm Shadow, qui peuvent frapper à 250 kilomètres, le type d'armement que l'Ukraine réclamait depuis des mois pour frapper des objectifs russes loin derrière la ligne de front.
Dimanche, M. Zelensky avait reçu à Paris un engagement renouvelé de la France, notamment dans le domaine des blindés légers, particulièrement utiles sur le champ de bataille.
"Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10 RC", selon la déclaration commune publiée à l'issue du dîner entre M. Zelensky et le président français Emmanuel Macron.
Volodymyr Zelensky faisait étape en France après s'être rendu durant le week-end en Italie, où il a rencontré le pape François et la Première ministre Giorgia Meloni, puis en Allemagne.
L'étape allemande de M. Zelensky, la première depuis le début de l'invasion russe, a marqué un net réchauffement des relations entre Berlin et Kiev, un temps crispées par les atermoiements du chancelier allemand Olaf Scholz à livrer les armes réclamées par l'Ukraine. Le gouvernement allemand a aussi annoncé un nouveau paquet d'aide militaire à l'Ukraine de 2,7 milliards d'euros, un montant record depuis le début du conflit, incluant notamment des dizaines de chars, blindés, drones de surveillance et quatre nouveaux systèmes de défense antiaériens Iris-T.
Toutefois, la demande répétée de M. Zelensky à ses homologues italien, allemand et français pour des avions de combat est restée vaine. "La question est un peu prématurée", a réitéré un conseiller d'Emmanuel Macron.
Toujours sur le plan diplomatique, l'émissaire chinois Li Hui, représentant spécial pour les affaires eurasiatiques chargé de discuter du règlement de la guerre en Ukraine, se rendra à Kiev mardi et mercredi, selon un haut responsable gouvernemental ukrainien.
Ce déplacement s'inscrit dans une tournée plus large comprenant également la Pologne, la France, l'Allemagne et la Russie, où M. Li doit discuter "d'un règlement politique de la crise ukrainienne", selon Pékin.