Les syndicats à Matignon pour renouer le dialogue, sans tourner la page des retraites

Des manifestants marchent contre la réforme des retraites, lors d’une manifestationorganisée par les syndicats de jeunesse, à Paris, le 11 mai 2023. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Des manifestants marchent contre la réforme des retraites, lors d’une manifestationorganisée par les syndicats de jeunesse, à Paris, le 11 mai 2023. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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Publié le Dimanche 14 mai 2023

Les syndicats à Matignon pour renouer le dialogue, sans tourner la page des retraites

  • Les cinq syndicats représentatifs - CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC - seront reçus à Matignon dans le cadre de réunions bilatérales mardi et mercredi. Les organisations patronales le seront la semaine suivante
  • Mme Borne avait lancé ces invitations sans «ordre du jour précis» le 5 mai, après avoir présenté la feuille de route des «cent jours» décrétés par Emmanuel Macron pour relancer l'exécutif après la réforme des retraites

PARIS: En attendant le "D-Day" du 6 juin et une 14e journée de manifestations contre la réforme des retraites, les syndicats reprendront langue cette semaine avec la Première ministre, occasion pour eux de faire avancer les sujets qu'ils estiment prioritaires.

Les cinq syndicats représentatifs - CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC - seront reçus à Matignon dans le cadre de réunions bilatérales mardi et mercredi. Les organisations patronales le seront la semaine suivante.

"Même après ces mois agités, je reste convaincue qu'il faut donner plus de place à la négociation et au dialogue social", assure Elisabeth Borne dimanche dans une interview au JDD, se disant "à l'écoute des priorités" des organisations syndicales et patronales.

Mme Borne avait lancé ces invitations sans "ordre du jour précis" le 5 mai, après avoir présenté la feuille de route des "cent jours" décrétés par Emmanuel Macron pour relancer l'exécutif après la réforme des retraites.

Une réforme qui a été adoptée par le Parlement et promulguée par le président de la République le 14 avril, sans que cela ne convainque les syndicats de rendre les armes.

Après un 1er mai placé sous le signe de la bataille contre le report de l'âge légal à 64 ans, ils ont annoncé une 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, deux jours avant l'examen à l'Assemblée d'une proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme.

"Le match n'est pas totalement fini" et "cette proposition de loi nous offre un temps additionnel", a souligné dans L'Obs le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

Lundi, l'intersyndicale prévoit de publier un communiqué reformulant son opposition déterminée à la réforme. Elle a adressé le 5 mai aux parlementaires un courrier leur enjoignant de voter le projet de loi Liot.

"Le 6 juin, c'est une date importante de l'histoire de France, c'est le D-Day, le jour J du débarquement, on appelle à débarquer cette réforme qui est dangereuse pour le pays, dangereuse pour les salariés", a affirmé mercredi à Mediapart la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

La méthode en question 

Si les syndicats avaient écourté leur précédent rendez-vous avec la Première ministre, le 5 avril, ils entendent bien cette fois aborder les sujets qu'ils jugent prioritaires.

"Il y a des sujets sur lesquels on devrait pouvoir discuter parce que ce sont des améliorations concrètes pour les travailleurs", indique-t-on dans l'entourage de la Première ministre, citant notamment la pénibilité.

"Nous refuserons toute discussion sur des sujets régressifs" en termes de droits sociaux, a mis en garde dimanche Sophie Binet, invitée du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, estimant qu'il fallait parler salaires. Mais au préalable, "ce que je vais dire à la Première ministre, c'est qu'il n'y aura pas de retour à la normale si cette réforme (des retraites) n'est pas abandonnée", a-t-elle insisté.

"On va continuer à dire que la page n'est pas tournée" sur les retraites, mais "on ne peut pas ne pas parler de l'inflation, du pouvoir d'achat", explique à l'AFP le président de la CFTC, Cyril Chabanier, estimant que les syndicats sont "en position de force grâce au mouvement social".

Parmi les sujets que les syndicats souhaitent évoquer: l'emploi des seniors et la pénibilité, les salaires dans le privé et le public, l'organisation du travail (semaine de quatre jours, télétravail), la réforme du RSA, la conditionnalité des aides publiques accordées aux entreprises, la révision des ordonnances travail...

Ils élaborent des "revendications communes" qui seront finalisées "dans les prochaines semaines", selon Mme Binet. "On n'est pas prêt", a reconnu vendredi auprès de l'AFP la numéro deux de la CFDT, Marylise Léon.

La CFDT viendra avec un épais "cahier revendicatif", mais aussi des exigences en termes de méthode. "On retourne discuter mais pas à n'importe quelles conditions", prévient Mme Léon. "Si des choses ne sont pas étudiées parce que tout est décidé à l'avance, ça ne nous convient pas".

La dirigeante, appelée à succéder à Laurent Berger le 21 juin, se montre cependant prudente. "Je ne suis pas sûre qu'ils aient une autre méthode à nous proposer", glisse-t-elle.

"La défiance restera extrêmement profonde", a jugé de son côté Sophie Binet dimanche.


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
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  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

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  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
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  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".