PARIS: La proposition de loi d'abrogation de la réforme des retraites, présentée par le groupe des députés Liot, est "en réalité une machine à déception", a déclaré vendredi le ministre du Travail Olivier Dussopt, jugeant très peu probable que le texte soit voté au Parlement.
"La réalité, c'est qu'avec ce type d'initiative, ça ne peut faire qu'une chose: c'est une machine à déception", a déclaré le ministre sur Europe 1.
"Par principe, quand une proposition de loi vient dans l'Assemblée, elle peut être adoptée, c'est le principe démocratique. Mais si ça passe, le texte part au Sénat et il n'y aura pas de majorité pour l'adopter", a-t-il ajouté, rappelant que le Sénat avait voté la réforme des retraites.
Selon le ministre, "c'est un texte qui n'offre aucune solution". La proposition de loi du groupe Liot a un impact sur les finances publiques de "15 milliards d'euros par an", a-t-il dit. "Comment finance-t-on cela? On laisse filer les déficits? On creuse la dette? On fait des économies ailleurs? Il faut que le groupe Liot et tous ceux qui veulent voter le texte nous disent où on prend l'argent".
Si l'on choisit d'augmenter les cotisations des Français, cela se traduirait, selon Olivier Dussopt, par une hausse moyenne "entre 700 et 1000 euros" pour tous les Français.
Quant à augmenter la fiscalité sur le tabac, comme le propose Liot, "si on suivait leur raisonnement, le paquet passe à 20 euros", avance le ministre. "Qu'ils l'assument. Cela s'appelle le pouvoir d'achat", a-t-il ajouté.
Interrogé sur les rencontres prévues mardi et mercredi à Matignon avec les cinq principaux syndicats, Olivier Dussopt s'est réjoui que les organisations aient accepté l'invitation. Il s'attend à "une forme de plateforme commune, de revendications partagées au sein de l'intersyndicale", mais aussi à des "demandes et des points d'attention plus particuliers" car "chaque organisation a sa singularité".
"Je pense qu'ils vont nous parler de retraites, de salaires, de dialogue social" et de France Travail (qui doit succéder à Pôle emploi et mieux coordonner tous les acteurs de l'emploi: ndlr), a-t-il dit.
Le dessin présenté sur les réseaux sociaux comme le futur logo de France Travail, qui montre un homme traversant la rue, "est un montage, un mensonge, de la part de quelques députés de La France Insoumise", a-t-il précisé.
Ce dessin fait référence aux propos d'Emmanuel Macron, en septembre 2018, qui avait déclaré à une personne ne trouvant pas de travail: "je traverse la rue, je vous en trouve!".