Les météorologues, nouvelle cible de la désinformation climatique

Cette photo prise le 16 avril 2023 montre le faible niveau d'eau et les berges asséchées du réservoir de Sau, situé dans la province de Gérone en Catalogne. (AFP).
Cette photo prise le 16 avril 2023 montre le faible niveau d'eau et les berges asséchées du réservoir de Sau, situé dans la province de Gérone en Catalogne. (AFP).
Des gens marchent sur les rives asséchées du réservoir de Sau, situé dans la province de Gérone en Catalogne, en Espagne, le 16 avril 2023 (Photo, AFP).
Des gens marchent sur les rives asséchées du réservoir de Sau, situé dans la province de Gérone en Catalogne, en Espagne, le 16 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 14 mai 2023

Les météorologues, nouvelle cible de la désinformation climatique

  • Sur les réseaux sociaux, l'agence météo espagnole a été accusée d'avoir fabriqué la sécheresse, son homologue australienne d'avoir trafiqué les thermomètres, tandis que Météo-France est accusée de surévaluer le réchauffement climatique
  • "Le Covid n'est plus à la mode. Les complotistes qui en parlaient diffusent maintenant de la désinformation sur le changement climatique", relève Alexandre Lopez-Borrull, professeur de Sciences de l'information à l'Université ouverte de Catalogne

PARIS : "Criminels", "Vous allez payer !": les météorologues, autrefois figures familières et respectées, font aujourd'hui dans plusieurs pays occidentaux l'objet des insultes et des menaces de complotistes qui les accusent de mentir voire d'influer directement sur le climat.

Sur les réseaux sociaux, l'agence météo espagnole a ainsi été accusée d'avoir fabriqué la sécheresse, son homologue australienne d'avoir trafiqué les thermomètres, tandis que Météo-France est accusée de surévaluer le réchauffement climatique.

"Le Covid n'est plus à la mode. Les complotistes qui en parlaient diffusent maintenant de la désinformation sur le changement climatique", relève Alexandre Lopez-Borrull, professeur de Sciences de l'information à l'Université ouverte de Catalogne.

"Les agences scientifiques auxquelles ils s'en prennent sont perçues comme appartenant à l'ordre établi"."Elles fournissent des preuves contre les affirmations de ceux qui nient le changement climatique, donc ces derniers tentent de les discréditer", résume-t-il.

En pleine sécheresse et à l'approche d'élections locales, l'agence météorologique espagnole (Aemet) a reçu ces dernières semaines des messages hostiles: "Assassins", "criminels", "nous vous surveillons", "vous allez payer !"

La ministre de la Transition écologique Teresa Ribera a dénoncé ce type de pratiques. "Mentir, alimenter le complotisme et la peur, insulter... Cela appauvrit notre société", a-t-elle dénoncé sur son compte Twitter.

Les messages provenaient notamment de tenants de la théorie maintes fois démentie des "chemtrails", selon laquelle les traînées d'avions visibles dans le ciel sont la trace de produits chimiques répandus délibérément pour des raisons secrètes. Ces produits chimiques auraient ainsi pour objectif d'arrêter les pluies et de provoquer de la sécheresse.

Certains ont aussi fait allusion à la théorie de l"Agenda 2030", qui suggère que les élites mondiales complotent pour asservir les peuples avec le Covid-19 et les politiques climatiques.

"Ce qui est ridicule c'est qu'ils insultent une institution qui s'occupe toujours de leurs intérêts, dont le but est de contribuer à la sécurité des gens", a réagi Estrella Gutiérrez-Marco, porte-parole de l'Aemet.

«Emotions»

Alexandre Lopez-Borrull note pour sa part une augmentation du négationnisme climatique.

"Les gens ne font plus confiance aux politiciens, aux juges ou aux médias et le coût de la vie augmente", constate-t-il. "Dans ce contexte, ils se sentent aliénés et finissent par écouter des gens auxquels ils ne prêtaient pas attention auparavant, avec des messages qui s'adressent directement à leurs émotions", décrypte l'expert.

Dans une autre affaire, des médias conservateurs et des utilisateurs de Facebook ont affirmé que le bureau de météorologie australien (BOM) avait trafiqué ses relevés de températures.

Une climato-sceptique notoire, Jennifer Marohasy, s'est fondée sur une analyse de données pour clamer que les relevés effectués par le BOM avec des thermomètres électroniques étaient jusqu'à 0,7°C plus élevés qu'avec les vieux appareils au mercure.

Une interprétation aussitôt démentie par les experts qui se sont penchés sur ces données. L'écart est dans la plupart des cas en réalité négligeable (entre 0 et 0,1°C) entre les deux types d'appareils, selon Neville Nicholls, chercheur à l'université australienne Monash.

"La différence est vraiment très faible en comparaison de la forte tendance au réchauffement des températures moyennes en Australie", de l'ordre de 1,4°C sur le siècle passé, indique-t-il.

Autre pays touché par cette vague de désinformation: la France, où des internautes ont accusé Météo-France de surévaluer le réchauffement climatique dans l'Hexagone en utilisant un outil, l'indicateur thermique national, qui ne prendrait en compte que des relevés effectués dans des zones urbaines, où il fait habituellement plus chaud.

"Comment vous faire croire que les températures augmentent en France bien plus qu'elles n'augmentent en réalité ? Il suffit d'installer les systèmes de mesure dans les villes qui se développent le plus", affirme un internaute sur Facebook.

Mais plusieurs climatologues interrogés par l'AFP soulignent que l'évaluation de l'ampleur du réchauffement climatique en France depuis l'ère préindustrielle repose sur un processus bien plus complexe.

Les chercheurs de Météo-France "utilisent toutes les mesures possibles et imaginables et font ensuite des modélisations", a expliqué à l'AFP Christine Berne, climatologue au sein de l'établissement public. "Vous pensez bien qu'on n'a pas seulement nos trente petites stations !" a-t-elle souligné.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.