MARSEILLE: Une amende de 1.000 euros a été requise vendredi à l'encontre du sénateur d'extrême droite Stéphane Ravier, poursuivi à Marseille pour diffamation à caractère racial après la publication en juillet 2021 d'un tweet où il estimait que "l'immigration tue la jeunesse de France".
Dans ce message sur Twitter le 11 juillet 2021, le sénateur RN, qui a ensuite rallié Eric Zemmour avant la présidentielle, avait posté la photo du jeune vendeur d'une boutique de téléphonie tué à l'arme blanche la veille en Seine-et-Marne, en l'accompagnant du message suivant: "Théo, 18 ans, assassiné hier par un Sénégalais à #ClayeSouilly. L'immigration tue la jeunesse de France."
Requérant 1.000 euros d'amende, le procureur de la République a jugé que le délit de diffamation publique en raison de l'appartenance à une race était bien caractérisé dans ce message, signalé au parquet par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
"La juxtaposition de la nationalité sénégalaise de l'assassin et du terme +immigration+ consiste bien à viser une communauté particulière", "la communauté immigrée", et "on indique même une provenance géographique", a développé Alain Berthomieu.
Pour Stéphane Ravier, qui se défend de tout racisme, ce tweet - qu'il n'a jamais retiré du réseau social Twitter - était un simple commentaire politique en réaction à un fait divers "dramatique": il n'y a "pas de race, de nationalité, ni de religion dénoncée, mais les conséquences d'une politique", a-t-il appuyé, jugeant qu'il n'y avait "aucun amalgame, aucune désignation ou volonté" de sa part de "dire que l'ensemble des Sénégalais et a fortiori l'ensemble des étrangers sont des criminels".
"Mon tweet n'est pas là pour créer la polémique, il est là pour faire connaître mon positionnement qui n'est pas nouveau", a poursuivi le sénateur d'extrême droite, estimant de son "devoir" de responsable politique de "dénoncer un phénomène", à savoir "la politique d'immigration (en France) et ses conséquences".
Son avocat, Me Pierre-Vincent Lambert, a prévenu le tribunal que sa décision pourrait "lancer un signal selon lequel il faudrait censurer toute critique négative de l'immigration", ce qui pourrait conduire les magistrats à être rapidement "submergés de procédures".
Décrivant l'élu comme une "sorte de charognard qui se repaît de l'actualité en prenant toujours la même cible", Alain Lhote, avocat de l'association anti-raciste "La Maison des Potes", partie civile aux côtés de la Licra et de la Ligue des droits de l'homme, a demandé au tribunal une condamnation "ferme" pour que cette "parole toxique se tarisse dans la cité".
La décision, mise en délibéré, sera rendue le 7 juillet.