BEYROUTH : Les services de sécurité libanais ont révélé jeudi qu’ils avaient reçu des informations concernant un complot visant à déstabiliser le pays par le moyen de l’assassinat de personnalités publiques pendant des prochaines vacances.
Lors d'une réunion du Conseil suprême de la défense, le directeur général de la sécurité générale libanaise, le major-général Abbas Ibrahim, et son homologue à la sécurité de l'État, le major-général Tony Saliba, ont tous deux, déclaré que les informations avaient été obtenues auprès de plus d'un service de sécurité et de renseignement. Toutefois, ils n'ont pas révélé les noms des personnes qui sont les cibles potentielles d'assassinats.
Les réunions du Conseil suprême de la défense sont généralement confidentielles, mais plusieurs médias locaux ont publié des rapports sur la réunion de jeudi, le lendemain, ainsi qu'un article affirmant que le Hezbollah avait déjoué un complot visant ses dirigeants, en particulier le secrétaire général Hassan Nasrallah.
Les informations révélées lors de la réunion du conseil suprême de la défense comprenaient des informations selon lesquelles les opérations pourraient cibler les lieux de culte, les lieux commerciaux et les destinations touristiques. Ces renseignements ont inclus également des détails sur un réseau de contrebande qui opère habituellement entre l'Irak et la Syrie, mais qui apparemment, veut maintenant élargir ses actions au Liban.
La réunion s'est clôturée par la décision d'élaborer un plan de sécurité préventive à mettre en œuvre pendant la période des vacances.
Le Hezbollah a recours à la justice
Vendredi également, le Hezbollah a intenté des poursuites contre l'ancien député Fares Souaid et le site Web des Forces libanaises pour «avoir accusé le Hezbollah d'être impliqué dans l'explosion du port de Beyrouth le 4 août».
Ibrahim Al-Mousawi, membre du bloc parlementaire Loyauté à la résistance, a déclaré aux médias à l'extérieur du palais de justice de Beyrouth: «Un procès est également en préparation contre Bahaa Hariri ainsi que d'autres poursuites qui seront bientôt enregistrées sur la base d'articles juridiques condamnant ceux qui essaient de semer la discorde.
Al-Mousawi a également ajouté: «Les accusations d’implication du Hezbollah dans l’explosion de Beyrouth sont totalement fausses et constituent un prolongement du crime. Lorsque le véritable coupable est perdu et que le doigt du blâme est pointé sur un parti sans aucune preuve, cela dissimule le vrai criminel, trompe l'opinion publique, attise la haine, incite à la sédition et menace la paix civile.
Souaid a révélé à Arab News: «Je ne me souviens pas avoir directement accusé le Hezbollah de l'explosion du port de Beyrouth. Ça m'est égal que le parti a recouru à la loi pour me poursuivre, la question la plus importante est de savoir pourquoi a-t-il choisi ce moment-là et les raisons derrière ce procès?»
Souaid a ensuite poursuivi en suggérant que la démonstration publique du Hezbollah d’engager des poursuites judiciaires contre lui pourrait être une ruse en vue de dissimuler ses véritables intentions.
«L’annonce du Hezbollah selon laquelle il intentera une action en justice contre moi alors que je suis un opposant politique permanent du parti est une étape qui coïncide avec des informations sécuritaires sur d’éventuels assassinats au Liban», a-t-il dévoilé. «Le Hezbollah veut-il effacer son nom de tout assassinat qui pourrait avoir lieu au Liban en disant qu'il a eu recours à la justice dans le but de poursuivre ses opposants? Le parti veut-il rayer son nom pour nous faire croire qu’il n’est pas du tout le meurtrier?»
Charles Jabbour, chef du Service des médias et de la communication des Forces libanaises, a souligné: «Nous espérons que le Hezbollah recourra fréquemment aux institutions et au pouvoir judiciaire, et que son engagement envers les institutions et le recours à la loi sera un point de départ pour enfin remettre ses armes à l’État».
Toutefois, l’ancienne ministre May Chidiac, affiliée aux Forces libanaises, a qualifié la décision du Hezbollah de «grossière». Elle a affirmé: «Vous n'avez pas le droit de vous plaindre devant les tribunaux pour diffamation lorsque tout le monde connaît vos crimes. En faisant ça, vous n'avez aucun respect pour le Tribunal international et le fait de croire qu’on vous accuse d'être impliqué dans l'explosion du port de Beyrouth est une fausse accusation. Cela, prouve absolument que vous n’avez pas la moindre honte».
Pendant ce temps, l'ambassade britannique au Liban a publié une déclaration dans laquelle le ministre d'État britannique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, James Cleverly - qui vient de terminer une visite de deux jours à Beyrouth - a souligné que «Le peuple libanais mérite un meilleur avenir. Rendre des comptes, être transparent et assumer la responsabilité sont des facteurs essentiels pour que le Liban se relève proprement».
Il a en outre ajouté: «Le Royaume-Uni est un fier partenaire des Forces armées libanaises, les seuls défenseurs légitimes du Liban».
La délégation de l'UE au Liban a pour sa part annoncé vendredi lors d'une conférence de presse le lancement de son «Plan de réforme, de redressement et de reconstruction du Liban», qui a été préparé par l'UE, l'ONU et le Groupe de la Banque mondiale en réponse à l'explosion du port de Beyrouth et qui doit être mis en œuvre dans les 18 mois à venir.
Najat Rochdi, coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations Unies et coordonnatrice spéciale adjointe pour le Liban, a renouvelé l'appel à la formation d'un nouveau gouvernement responsable qui se soucie des vrais problèmes de son peuple. Elle a de plus ajouté: «Nous avons communiqué cela ouvertement aux personnes concernées».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com