Libération de deux Français détenus en Iran, quatre autres toujours emprisonnés

Le Français Benjamin Brière et le Franco-Irlandais Bernard Phelan, qui étaient détenus dans la prison de Mashhad dans le nord-est de l'Iran, ont été libérés. (AFP)
Le Français Benjamin Brière et le Franco-Irlandais Bernard Phelan, qui étaient détenus dans la prison de Mashhad dans le nord-est de l'Iran, ont été libérés. (AFP)
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Publié le Vendredi 12 mai 2023

Libération de deux Français détenus en Iran, quatre autres toujours emprisonnés

  • Le premier, Benjamin Brière, âgé de 37 ans, avait été arrêté en mai 2020 sous l'accusation d'espionnage
  • Le second, Bernard Phelan, 64 ans, consultant en tourisme, avait de son côté été arrêté le 3 octobre 2022, pour atteinte à la sécurité nationale

PARIS: Affaiblis et malades, deux Français libérés après une longue captivité en Iran, sont arrivés vendredi soir à bord d'un avion médicalisé à l'aéroport du Bourget, près de Paris, a constaté un journaliste de l'AFP.

Benjamin Brière, 37 ans, très diminué par une grève de la faim, avait été arrêté en mai 2020 accusé d'espionnage. Bernard Phelan, 64 ans, consultant en tourisme, également malade, avait été arrêté le 3 octobre 2022 pour atteinte à la sécurité nationale.

Les deux hommes, qui ont toujours clamé leur innocence, ont été libérés officiellement pour raisons humanitaires. Ils ont bénéficié d'une "prise en charge médicale dès leur sortie de prison", a précisé la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.

"Il était temps que cette libération intervienne avant qu'une catastrophe ne survienne", a confié à l'AFP Me Philippe Valent, avocat de Benjamin Brière, évoquant "un vrai risque vital".

"On évite un drame. Je n'ai pas de mot pour décrire la joie ressentie", a réagi sa soeur Blandine Brière auprès de l'AFP.

La soeur de Bernard Phelan, Caroline Massé-Phelan, avait récemment souligné que son frère commençait à perdre la vue et marchait difficilement.

"Nous ne pouvons pas vous dire à quel point nous sommes soulagés", a-t-elle déclaré dans un communiqué adressé à l'AFP, précisant qu'il avait désormais besoin de "se reconstruire" et n'accepterait "pas de demandes d'interviews pour le moment".

« Il y avait un vrai risque vital » en Iran selon l'avocat de Benjamin Brière

Le Français Benjamin Brière, libéré vendredi après avoir été détenu dans une prison iranienne depuis mai 2020, courait "un vrai risque vital" en Iran, a déclaré à l'AFP son avocat.

M. Brière, 37 ans, doit atterrir vendredi à 19h au Bourget, a précisé Me Philippe Valent à l'AFP.

Il avait été arrêté en mai 2020 pour avoir pris des "photographies de zones interdites" avec un drone de loisirs dans un parc naturel. Il avait été condamné à huit ans de prison pour "espionnage" avant d'être acquitté mi-février. Il avait toutefois été maintenu en détention.

Il avait entamé une grève de la faim depuis le 28 janvier, "plus de cent jours", souligne son avocat.

Il refusait d'y renoncer tant qu'il n'aurait pas recouvré sa liberté, tout en acceptant de s'alimenter par intermittence.

"Il était temps que cette libération intervienne avant qu'une catastrophe ne survienne, il y avait un vrai risque vital", a affirmé son avocat.

Depuis février, Me Valent était "en relation continue" avec le Quai d'Orsay en vue de la libération de son client.

Si l'état physique de ce dernier va exiger "une hospitalisation assez rapide", à son arrivée à Paris, M. Brière est resté "extrêmement combatif moralement et prêt à poursuivre son combat au péril de sa vie", a salué Me Valent.

 

«Otages d'Etat»

Le Falcon 900 de la compagnie Airlec, spécialiste des transports aéromédicaux, capable de transporter des passagers sur civière qui avait décollé de Mashhad (nord-est de l'Iran) s'est posé à l'aéroport de Paris-Le Bourget à 19h30 heure locale (17h30 GMT).

"Merci à tous ceux qui ont œuvré à cette issue", a tweeté le président français Emmanuel Macron.

"A l'occasion d'un échange ce matin avec mon homologue iranien, M. Hossein Amir Abdollahian, j'ai remercié tous ceux qui ont œuvré à ces libérations", a également fait savoir Mme Colonna.

"Nous allons continuer à travailler en Européens à la libération de nos ressortissants, ils sont encore quatre, et tous les ressortissants européens, trop nombreux hélas, détenus sans raisons en Iran", a-t-elle assuré au cours d'un point de presse avec son homologue irlandais Micheal Martin en marge d'une réunion ministérielle européenne à Stockholm.

La Belgique cherche à obtenir la libération du travailleur humanitaire Olivier Vandecasteele, arrêté le 24 février 2022 à Téhéran puis condamné pour "espionnage".

Elle pourrait intervenir en échange du retour à Téhéran d'un diplomate iranien, Assadollah Assadi, condamné en Belgique en 2021 à vingt ans de prison pour un projet d'attentat qui devait viser un rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, coalition d'opposants), en France en 2018.

Pour la France, les cas qui préoccupent sont ceux de Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés le 7 mai 2022, "lors d'un séjour touristique", selon leurs proches et d'un consultant de 35 ans, Louis Arnaud, arrêté le 28 septembre à Téhéran, lui aussi venu en touriste. Un autre Français est aussi détenu mais son identité n'a jamais été rendue publique.

La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, a, elle, été libérée le 10 février mais ne peut quitter l'Iran.

Depuis des mois, la France dénonce ces détentions arbitraires parlant d'"otages d'Etat". D'autres pays européens et des défenseurs des droits humains accusent Téhéran de détenir des dizaines d'étrangers dans une stratégie de chantage à l'Occident.

Mais face à un régime qui multiplie les emprisonnements et les condamnations à mort, la marge de manoeuvre pour libérer les Occidentaux s'est réduite, dans le contexte des manifestations contre Téhéran qui ont suivi la mort de la jeune Iranienne Mahsa Amini.

Mi-mars, le ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a déploré que Paris se mêle de condamner la répression des manifestations, en soulignant que ce n'allait pas aider "au règlement de la question des prisonniers".

«Approche réaliste»

Vendredi en revanche, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a salué "l'approche réaliste de la France" envers l'Iran.

Téhéran maintient la pression sur les Européens pour qu'ils n'inscrivent pas l'armée idéologique du régime, les Gardiens de la révolution, sur la liste des organisations soutenant le terrorisme. C'est "notre ligne rouge", a-t-il dit.

Benjamin Brière avait été arrêté pour avoir pris des "photographies de zones interdites" avec un drone de loisirs dans un parc naturel. Condamné à huit ans de prison pour "espionnage", il avait été acquitté mi-février mais maintenu en détention.

Bernard Phelan avait, lui, été arrêté alors qu'il voyageait dans le cadre de ses activités de consultant en Iran pour un tour opérateur. Début mars, il avait été condamné à 6,5 ans de prison sur des accusations d'atteinte à la sécurité nationale.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.