PARIS: Après plusieurs mois de tensions autour de la réforme des retraites, les syndicats de la fonction publique se sont dits jeudi prêts à renouer le dialogue avec le gouvernement au vu de l'"urgence" du pouvoir d'achat.
Depuis la dernière revalorisation du Smic, le 1er mai, "plus d’un million d’agents (sur 5,7 millions) vivent avec le traitement minimum", alertent les huit syndicats représentatifs du secteur public, qui refusaient depuis la mi-avril tout échange officiel avec le gouvernement sur un sujet autre que celui des retraites.
Par conséquent, "il est impératif d’engager le dialogue en vue de mettre en œuvre des mesures générales d’urgence" pour revaloriser les salaires, estime l'intersyndicale (CGT, FO, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP) dans une lettre ouverte au ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini.
Ce dernier a justement commencé jeudi à envoyer une série d'invitations aux dirigeants syndicaux pour des rencontres bilatérales.
"Conformément aux engagements que j'ai pris le 21 avril dernier en vous faisant connaître ma décision de vous rencontrer pour discuter notamment du pouvoir d'achat, je vous confirme ma volonté de tenir une réunion d'échanges et de travail avec vous", indique le ministre dans ces courriers consultés par l'AFP.
Premier syndicat de fonctionnaires, la CGT Fonction publique sera reçue le lundi 22 mai à 8h45. La CFDT-FP (3e) est attendue le 23 mai à 14h45, l'Unsa-FP (4e) "dans l'après-midi" du 23 et la FSU (5e) à 17h30 le même jour, slon les informations obtenues par un journaliste de l'AFP. La FA-FP (8e) est conviée le vendredi 26 mai à 08h45.
"On redémarre (les discussions, NDLR) par le plus urgent", a indiqué M. Guerini, qui espère recevoir tous les syndicats d'ici à la fin mai et annoncer des mesures salariales "dans le courant du mois de juin".
Le gouvernement comptait initialement discuter avec les syndicats de deux blocs de sujets au premier semestre 2023: l'amélioration des conditions de travail des fonctionnaires d'une part, et les rémunérations, les parcours professionnels et l'accès à la fonction publique d'autre part.
Mais après plusieurs mois de mobilisation des syndicats contre le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, la question du pouvoir d'achat est revenue au premier rang des préoccupations ces dernières semaines, le prix des produits alimentaires ayant flambé d'environ 15% sur un an.
Le gouvernement a jusqu'ici écarté une nouvelle augmentation générale des fonctionnaires après celle de 3,5% consentie à l'été 2022, préférant cibler d'éventuels efforts salariaux sur les plus faibles rémunérations et les fonctionnaires de la classe moyenne.
Mais l'Unsa-FP compte bien demander une "revalorisation des rémunérations et en particulier de la valeur du point d'indice", la base de calcul du salaire de la plupart des 5,7 millions d'agents publics, a indiqué son secrétaire général Luc Farré.
Son homologue de la FSU, Benoît Teste compte parler "principalement de pouvoir d'achat" avec M. Guerini, mais aussi appeler le gouvernement à tenir son engagement de recréer un système de retraite progressive dans la fonction publique.