A Ramallah, l'«immense vide» laissé par la journaliste Shireen Abu Akleh

Des photos et d'autres objets sont exposés à la mémoire de la journaliste assassinée Shireen Abu Akleh, dans la pièce qui était autrefois son bureau à la chaîne d'information Al Jazeera, dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 9 mai 2023. (AFP)
Des photos et d'autres objets sont exposés à la mémoire de la journaliste assassinée Shireen Abu Akleh, dans la pièce qui était autrefois son bureau à la chaîne d'information Al Jazeera, dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 9 mai 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 10 mai 2023

A Ramallah, l'«immense vide» laissé par la journaliste Shireen Abu Akleh

  • «Nous continuons de travailler et de faire pression pour que le procureur et la Cour agissent et prennent position sur cette affaire», explique le directeur du bureau d'Al Jazeera dans les Territoires palestiniens
  • Parce qu'il est encore impossible pour lui et ses collègues d'oublier celle que tous les Palestiniens appellent Shireen, ils n'ont pas touché à son bureau

RAMALLAH: Un an s'est écoulé et le silence emplit toujours le bureau de Shireen Abu Akleh, journaliste vedette de la chaîne Al Jazeera tuée lors d'un raid israélien en Cisjordanie occupée. Dans la pièce, seules restent quelques affaires personnelles que personne n'a osé déplacer.

Juste à côté, des dizaines de fleurs et portraits de la journaliste palestino-américaine confèrent aux locaux d'Al Jazeera à Ramallah des airs de mausolée.

"Chaque matin lorsque nous entrons dans le bureau (de Shireen Abu Akleh), nous lui disons bonjour puis nous repartons", confie à l'AFP Majdi Bannoura, un collègue.

"Jusqu'à ce jour, (...) nous pensons qu'elle est partie en vacances et qu'elle reviendra au bureau", ajoute le vidéaste, qui était avec elle lorsqu'elle a été tuée, le 11 mai 2022.

Mme Abu Akleh couvrait une incursion israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, lorsqu'elle a été mortellement touchée par balle, à l'âge de 51 ans.

L'armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, a reconnu en septembre qu'il y avait "une forte possibilité" que la journaliste, qui portait un gilet pare-balles avec la mention "presse" et un casque, ait été tuée par l'un de ses soldats, mais pas de façon délibérée.

La chaîne qatarie Al Jazeera a soumis en décembre un dossier à la Cour pénale internationale (CPI) accusant l'armée israélienne d'avoir délibérément tué sa reporter star.

"Nous continuons de travailler et de faire pression pour que le procureur et la Cour agissent et prennent position sur cette affaire", explique à l'AFP Walid al-Omari, directeur du bureau d'Al Jazeera dans les Territoires palestiniens.

Parce qu'il est encore impossible pour lui et ses collègues d'oublier celle que tous les Palestiniens appellent Shireen, ils n'ont pas touché à son bureau.

"De nombreux visiteurs, parmi lesquels des étudiants et étudiantes, continuent de venir pour apporter des fleurs", dit M. al-Omari, qui porte sur sa veste noire un badge à l'effigie de sa défunte collègue, dont le portrait a également fleuri sur les murs à travers les Territoires palestiniens.

«Terrifiant»

Dans un rapport publié mardi, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) affirme qu'aucun soldat israélien n'a été tenu responsable pour la mort de 20 journalistes (18 Palestiniens, un Britannique et un Italien) tués par l'armée israélienne dans les Territoires palestiniens.

"Le meurtre de Shireen Abu Akleh et l'échec du processus d'investigation de l'armée (israélienne) de tenir quelqu'un pour responsable n'est pas un cas isolé", a déclaré Robert Mahoney, un des directeurs du CPJ, fustigeant un système "qui semble façonné pour échapper aux responsabilités".

Le CPJ souligne qu'une majorité des journalistes tués étaient clairement identifiables et que leurs meurtres par Israël "ont eu un effet terrifiant sur les reporters couvrant ses opérations, affaiblissant ainsi la liberté de la presse et renforçant les préoccupations de sécurité, pour les journalistes palestiniens et étrangers".

Réagissant à ce rapport, l'armée israélienne dit "regretter tout dommage corporel causé à des civils lors d'opérations et attacher une grande importance à la protection de la liberté de la presse et du travail des journalistes".

Disant opérer "dans une réalité sécuritaire complexe" et "affronter plusieurs formes d'incidents terroristes", l'armée a également affirmé "examiner et enquêter sur ses actions à travers des mécanismes d'investigation indépendants et approfondis".

"Dans les cas qui le justifient, ceux qui sont impliqués sont poursuivis ou des mesures disciplinaires sont prises contre eux, en fonction des circonstances", assure l'armée.

En décembre, Rodney Dixon, l'avocat mandaté par Al Jazeera, avait estimé qu'il y avait une "tentative de dissimulation complète" des circonstances du décès de la journaliste.

Sa mort procède "d'une campagne systématique et à grande échelle" d'Israël contre Al Jazeera, avait-il aussi affirmé, faisant référence à la destruction de l'immeuble qui abritait le bureau de la chaîne à Gaza lors d'un bombardement israélien en 2021.

"Cette année, nous avons traversé plusieurs phases, vécu plusieurs expériences et relevé plusieurs défis pour tenter d'obtenir justice pour Shireen", a relaté Anton Abu Akleh lors d'une cérémonie en hommage à sa soeur à Ramallah mardi soir.

Jeudi, les premières pierres du futur musée "Shireen Abu Akleh" doivent être posées à Ramallah, sur un terrain mis à disposition par la municipalité.

Pour M. al-Omari, elle "n'était pas seulement une grande journaliste d'Al Jazeera". "C'était une équipe à elle toute seule", dit-il: "elle a laissé un vide immense."


Gaza: 17 morts dans des frappes israéliennes, selon la Défense civile

 La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait au moins 17 morts dans la bande de Gaza mercredi matin, laissant des "corps calcinés" et des "personnes disparues sous les décombres". (AFP)
La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait au moins 17 morts dans la bande de Gaza mercredi matin, laissant des "corps calcinés" et des "personnes disparues sous les décombres". (AFP)
Short Url
  • La frappe la plus meurtrière s'est produite sur une école qui abriterait des personnes déplacées dans la ville de Gaza (nord), faisant onze morts et 17 blessés, "y compris des femmes et des enfants"
  • Quatre personnes ont aussi été tuées et "plusieurs autres sont portées disparues sous les décombres" après des tirs israéliens contre des maisons de l'est de Gaza, a indiqué la Défense civile

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait au moins 17 morts dans la bande de Gaza mercredi matin, laissant des "corps calcinés" et des "personnes disparues sous les décombres".

La frappe la plus meurtrière s'est produite sur une école qui abriterait des personnes déplacées dans la ville de Gaza (nord), faisant onze morts et 17 blessés, "y compris des femmes et des enfants", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

"Le bombardement a provoqué un incendie massif dans le bâtiment et plusieurs corps calcinés ont été retrouvés", a-t-il dit.

Quatre personnes ont aussi été tuées et "plusieurs autres sont portées disparues sous les décombres" après des tirs israéliens contre des maisons de l'est de Gaza, a indiqué la Défense civile.

Une frappe sur une maison à Jabalia, dans le nord, a tué un enfant et une autre sur une maison à Khan Younès (sud) a fait un mort, a précisé Mahmoud Bassal.

"Nous avons reçu des appels de détresse signalant plusieurs personnes disparues sous les décombres dans différentes zones de la bande de Gaza ", a-t-il ajouté.

"Nous manquons des outils et équipements nécessaires pour les opérations de sauvetage et pour récupérer les corps", a-t-il affirmé.

L'armée israélienne n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.

Mardi, elle avait dit avoir détruit environ "40 engins du génie utilisés à des fins terroristes, y compris lors du massacre du 7 octobre".

Elle affirme que le mouvement islamiste palestinien Hamas utilise ces engins "pour poser des explosifs, creuser des tunnels souterrains, percer des clôtures de sécurité et dégager les gravats pour retrouver des armes et du matériel militaire".

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le Hamas à Gaza.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.890 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.266 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.


Trump en Arabie saoudite, Qatar et Emirats à partir du 13 mai

Donald Trump s'est entretenu plus tôt mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurant: "Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets." (AFP)
Donald Trump s'est entretenu plus tôt mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurant: "Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets." (AFP)
Short Url
  • L'objectif de cette tournée est de "renforcer les liens" avec les pays visités, a dit la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, qui n'a pas donné de détails sur le programme
  • Avant le décès du souverain pontife, Donald Trump avait prévu de réserver son premier grand voyage à l'Arabie saoudite, comme il l'avait déjà fait lors de son premier mandat (2017-2021)

WASHINGTON: Donald Trump se rendra en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats Arabes Unis du 13 au 16 mai, a annoncé mardi sa porte-parole Karoline Leavitt, sur fond de conflit à Gaza et de négociations avec l'Iran.

Il s'agira du deuxième déplacement international du président américain depuis son investiture le 20 janvier, après son voyage prévu à Rome pour les obsèques du pape François samedi.

L'objectif de cette tournée est de "renforcer les liens" avec les pays visités, a dit la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, qui n'a pas donné de détails sur le programme.

Avant le décès du souverain pontife, Donald Trump avait prévu de réserver son premier grand voyage à l'Arabie saoudite, comme il l'avait déjà fait lors de son premier mandat (2017-2021).

Le président américain voudrait voir le royaume saoudien rejoindre les accords d'Abraham, par lesquels plusieurs pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, mais le conflit à Gaza complique ce projet.

Donald Trump s'est entretenu plus tôt mardi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assurant: "Nous sommes sur la même ligne sur tous les sujets."

Le président américain, très proche de la droite israélienne au pouvoir, avait créé la stupéfaction en lançant l'idée d'une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient", une fois vidée de ses habitants.

L'Arabie Saoudite a aussi donné lieu à des entretiens entre les Etats-Unis et la Russie début mars au sujet de la guerre en Ukraine.

 


1981 – La création du CCG

Quand, en janvier 1968, la Grande-Bretagne a fait part de son intention de se retirer du Golfe d’ici 1971, cela a provoqué une onde de choc dans toute la région. La recherche d’un cadre de sécurité plus fiable s’est alors intensifiée. Plusieurs étapes furent franchies, aboutissant à la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG) le 25 mai 1981. (AFP)
Quand, en janvier 1968, la Grande-Bretagne a fait part de son intention de se retirer du Golfe d’ici 1971, cela a provoqué une onde de choc dans toute la région. La recherche d’un cadre de sécurité plus fiable s’est alors intensifiée. Plusieurs étapes furent franchies, aboutissant à la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG) le 25 mai 1981. (AFP)
Short Url
  • Depuis sa création, le CCG a réalisé une grande partie de ses objectifs initiaux
  • Les outils économiques mis en place, comme la zone de libre-échange, l’union douanière et le marché commun ont permis une meilleure synergie entre les pays membres

RIYAD: Quand, en janvier 1968, la Grande-Bretagne a fait part de son intention de se retirer du Golfe d’ici 1971, cela a provoqué une onde de choc dans toute la région. La recherche d’un cadre de sécurité plus fiable s’est alors intensifiée. Plusieurs étapes furent franchies, aboutissant à la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG) le 25 mai 1981.

Entre l’annonce britannique de 1968 et son retrait effectif le 16 décembre 1971, une première tentative fut lancée pour former une union de neuf membres regroupant Bahreïn, le Qatar et les sept États de la Trêve, tous liés à Londres par des traités de protection. Après l’échec de cette initiative, les efforts se concentrèrent sur une union entre les seuls États de la Trêve. Les Émirats arabes unis furent proclamés le 2 décembre 1971, composés initialement de six émirats: Abou Dhabi, Dubaï, Foujaïrah, Charjah, Oumm al-Qaïwaïn et Ajman. Ras el-Khaïmah, le septième émirat, rejoignit la fédération en février suivant.

Après cette première étape, les efforts se poursuivirent en vue d’un cadre plus large incluant les autres États du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar et le Koweït. Le cheikh Jaber al-Sabah du Koweït joua un rôle moteur dans cette démarche renouvelée. En mai 1976, lors d’une visite aux Émirats arabes unis, il lança un appel officiel à la création d’une union du Golfe, une idée soutenue avec enthousiasme par le président des Émirats, le cheikh Zayed.

En novembre 1976, à Mascate, un projet de cadre sécuritaire incluant également l’Iran et l’Irak fut discuté, mais rapidement abandonné en raison de profondes divergences, notamment entre Téhéran et Bagdad.

Les efforts visant à établir le CCG se poursuivirent sans l’Iran ni l’Irak. Saddam Hussein tenta d’entraver le processus tant que l’Irak n’y était pas inclus, ce qui s’avérait impossible en raison de la guerre contre l’Iran. L’Union soviétique et la Chine y étaient également opposées, craignant que cette nouvelle organisation ne s’aligne sur l’Occident.