KHARTOUM: Au moins 16 personnes ont été tuées dans des affrontements entre ethnies haoussa et nouba, a rapporté mardi l'agence de presse soudanaise Suna, poussant le gouverneur à décréter un couvre-feu dans l'Etat du Nil blanc, frontalier du Soudan du Sud.
Cet Etat, qui s'étend de Khartoum à la frontière sud, a été jusqu'ici épargné par la guerre récente entre les deux généraux rivaux aux commandes depuis leur putsch de 2021 qui a fait des centaines de morts, principalement dans la capitale et au Darfour.
Ces violences ethniques ne sont pas liées à cette lutte de pouvoir au Soudan.
Des conflits entre communautés éclatent régulièrement au Soudan pour l'accès à l'eau et aux terres, vitales pour agriculteurs et éleveurs --souvent issus d'ethnies rivales-- alors que de très nombreuses armes circulent après des décennies de guerre civile.
"Les affrontements ethniques déclenchés lundi à Kosti", chef-lieu du Nil blanc, "entre les Haoussas et les Noubas, ont encore dégénéré mardi et fait 16 morts dans les deux camps", a indiqué l'agence de presse officielle Suna.
Plus de 700 000 déplacés internes au Soudan
Les combats sanglants au Soudan depuis la mi-avril ont forcé plus de 700 000 personnes à fuir à l'intérieur du pays, deux fois plus qu'il y a une semaine, a affirmé mardi l'ONU.
"C'est plus du double du nombre de déplacés internes" décomptés mardi dernier qui s'établissait à 340.000 personnes, a expliqué Paul Dillon, porte-parole de l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM) lors du briefing régulier de l'ONU à Genève.
Avant même le début des combats, 3,7 millions de personnes étaient enregistrées comme déplacées internes au Soudan, a rappelé M. Dillon.
Quelque 150.000 personnes ont également fui le pays ailleurs dans la région depuis le début des combats, selon les chiffres datés de lundi et compilés par le Haut-Commissariat aux réfugiés.
Il y a également eu "de nombreux blessés et des maisons incendiées", a-t-elle précisé.
Les événements ont incité le gouverneur à décréter un "couvre-feu de 20H00 à 05H00" heures locales (18H00-03H00 GMT), a ajouté l'agence.
En octobre déjà, un conflit entre les Haoussas et des clans rivaux avait fait plus de 200 morts dans l'Etat du Nil bleu, frontalier de l'Ethiopie.
Les Haoussas se disent de longue date discriminés par une loi ancestrale qui leur interdit, au titre de derniers arrivés, de posséder la terre, ce qu'ils contestent.
Depuis le putsch de 2021, les conflits entre ethnies ou tribus sont en hausse en raison du vide sécuritaire créé par le coup d'Etat, selon les experts.
La question de l'accès à la terre est très sensible au Soudan, où agriculture et élevage représentent 43% des emplois et 30% du PIB.