PARIS: Le groupe de distribution Casino, objet de nombreuses convoitises et d'une offre de reprise par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, a annoncé jeudi une baisse de ses prix pour attirer les clients et relancer des ventes en berne.
Casino, qui emploie 200 000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, a réalisé 5,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires au premier trimestre, soit une baisse de 1,8% au total.
Pour la France (hors CDiscount), la baisse est légèrement plus marquée, à 2,3%, les ventes totalisant 3,27 milliards d'euros.
Il s'agit d'une mauvaise performance dans un contexte de forte inflation des prix de l'alimentaire, mesurée à près de 16% sur un an en mars. A la Bourse de Paris, l'action de Casino plongeait de 11,84% à 7,38 euros jeudi vers 09H50 dans un marché en baisse de 0,30%.
L'expert en consommation Olivier Dauvers dit sur son blog "le Web Grande Conso" voir dans ces résultats la "conséquence principalement" d'une politique "tarifaire 2022 qui a laissé des traces", en d'autres termes d'un positionnement prix plus élevé que la concurrence, alors que les clients, en période d'inflation, sont d'autant plus attentifs à leur ticket de caisse.
Baisses de prix
Dans le détail, Monoprix et Franprix, enseignes de proximité et de centre-ville du groupe Casino notamment présentes en Ile-de-France, ont vu leurs ventes progresser sur un an respectivement de 0,6% et 6,3% sur le trimestre, mais les supermarchés et hypermarchés Casino ont eux enregistré "un nouveau trimestre difficile", reconnaît le groupe.
Il explique y avoir répondu en amorçant "dès le mois de décembre une campagne substantielle de baisse de prix", "de l'ordre de 5 à 10%" suivant les magasins, et qui "s'est intensifiée sur la fin du premier trimestre".
Le bénéfice brut d'exploitation (Ebitda), un indicateur de la rentabilité de l'activité du groupe, est toujours orienté à la baisse - 204 millions d'euros au premier trimestre 2023 contre 282 un an plus tôt - notamment en France. L'objectif est "d'arrêter cette baisse dès que possible", a indiqué le directeur financier du groupe David Lubek jeudi lors d'une visioconférence de presse.
Il a précisé que la dette nette du groupe était restée stable à fin mars par rapport à fin 2022, à 4,5 milliards d'euros, malgré la cession d'une participation de 18,8% dans l'enseigne brésilienne Assai - qui n'est plus consolidée dans les activités de Casino depuis mars.
David Lubek n'a en revanche pas commenté les déclarations du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky la veille dans l'hebdomadaire Le Point.
"Nous avons des éléments qui montrent en toute objectivité que la situation financière (du groupe) n'est plus tenable sans une intervention rapide", y a expliqué celui qui est deuxième actionnaire de Casino, derrière les sociétés du PDG Jean-Charles Naouri. "Notre offre n'est pas hostile", a-t-il précisé.
Le 24 avril, Daniel Kretinsky avait proposé à Casino d'injecter 750 millions d'euros via une augmentation de capital réservée de plus d'1 miliard d'euros au total, qui entraînerait, si elle était menée à son terme, la perte de contrôle du groupe par Jean-Charles Naouri.
Offres «pas contradictoires»
Jeudi, Casino a dit en marge de la publication de ses ventes qu'il "analyse la proposition", "et poursuit les discussions avec le groupe Teract et le Groupement Les Mousquetaires.
Car M. Kretinsky n'est pas le seul prétendant: Casino discute avec le groupe Teract (Jardiland, Gamm vert, Boulangeries Louise), dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo, d'un possible rapprochement. Fin avril, la 3e chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s'est jointe à ces discussions.
"Notre offre n'est pas contradictoire avec le projet" Teract, a encore déclaré dans le Point Daniel Kretinsky. "Mais la nôtre est celle qui traite le premier sujet de Casino: sa dette". Le milliardaire tchèque précise que "Jean-Charles (Naouri) pourrait conserver une place éminente."
L'assemblée générale des actionnaires du groupe est prévue le 10 mai à Paris.