DUBAI: Les compagnies pétrolières internationales doivent mettre la main à la poche pour aider le Yémen à transvaser d'un pétrolier abandonné au large un million de barils risquant de se déverser dans la mer Rouge, a déclaré jeudi la plus grande entreprise privée du pays.
Ce navire, le FSO Safer, a jeté l'ancre au large du port stratégique de Hodeïda, dans l'ouest du Yémen, et peut à tout moment se briser, exploser ou prendre feu, selon des experts.
"La communauté d'affaires internationale a un intérêt à s'assurer que soit enrayée cette crise dévastatrice, notamment le secteur pétrolier", a déclaré dans un communiqué Nabil Hayel Saeed Anam, directeur de Hayel Saeed Anam (HSA).
Ce conglomérat commercial, basé aux Émirats arabes unis et très présent sur le marché yéménite, a versé en août 1,2 million de dollars à l'ONU.
En mars, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a pris la décision inédite d'acheter un immense navire-citerne afin de pouvoir transvaser l'équivalent d'un peu plus d'un million de barils du FSO Safer.
L'ONU a ensuite lancé la campagne de financement participatif "Stop Red Sea Spill" (Stop à la marée noire dans la mer Rouge) pour réunir des fonds et financer cette opération complexe dont le budget a explosé.
La première phase de sauvetage coûterait 129 millions de dollars, dont seuls 99,6 ont pour l'instant été promis. La deuxième phase coûterait 19 millions de dollars de plus.
"Les potentielles perturbations des routes commerciales et des chaînes d'approvisionnement seraient considérables, infligeraient des défis opérationnels et économiques sur le long terme pour les entreprises à travers le monde", redoute HSA alors que se tient jeudi une conférence virtuelle de l'ONU sur la campagne de financement.
"Une marée noire aurait un impact sur l'ensemble des communautés de la région de la mer Rouge qui ont besoin pour vivre du commerce ou d'activités économiques", a ajouté la compagnie.
Vieux de 47 ans, le FSO Safer a servi de terminal flottant de stockage et de déchargement. Il n'a pas été entretenu depuis 2015 alors que le Yémen est plongé dans une grave crise humanitaire en raison de la guerre qui oppose le gouvernement aux rebelles Houthis.
Selon l'ONU, le pétrolier contient quatre fois la quantité de pétrole de l'Exxon Valdez, le pétrolier qui a provoqué en 1989 l'une des plus grandes catastrophes environnementales de l'histoire des États-Unis.
"Nous sommes dans une course contre la montre", avait déclaré début avril le patron du PNUD, Achim Steiner.