Ethiopie: Six mois de paix au Tigré, d'indéniables progrès et de nombreux défis

Redwan Hussein, représentant du gouvernement éthiopien, et Getachew Reda, représentant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), signent un accord de paix (Photo, AFP).
Redwan Hussein, représentant du gouvernement éthiopien, et Getachew Reda, représentant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), signent un accord de paix (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 02 mai 2023

Ethiopie: Six mois de paix au Tigré, d'indéniables progrès et de nombreux défis

  • Six mois plus tard, la mise en oeuvre de cet accord progresse contre toute attente
  • Les armes se sont tues, l'aide humanitaire revient, mais les défis restent nombreux

ADDIS ABEBA: Le 2 novembre dernier, gouvernement fédéral éthiopien et Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti des autorités de la région du Tigré entrées en rébellion, signaient un "Accord de cessation des hostilités" mettant fin à deux ans de guerre brutale et meurtrière.

Six mois plus tard, la mise en oeuvre de cet accord - auquel "personne n'a cru", rappelle un diplomate - progresse contre toute attente. Les armes se sont tues, l'aide humanitaire revient, mais les défis restent nombreux.

Une «dynamique positive»

Les observateurs se félicitent de la "bonne volonté" des signataires à traduire l'accord en actes, malgré d'importants retards.

"Les deux parties admettent que les délais prévus étaient intenables et ont convenu de ne pas en faire un motif de blocage", explique un diplomate.

"La dynamique est positive", confirme Patrick Ferras, docteur en géopolitique. "Les deux parties sont plutôt honnêtes et la mise en œuvre plutôt rapide", car "ce n'est pas en cinq mois qu'on règle des problèmes pareils".

Chercheur à l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Washington, Benjamin Petrini souligne les "nombreux résultats positifs" de l'accord, malgré "l'opacité" de sa mise en œuvre.

"L'arrêt quasi-total de la violence" au Tigré, mais aussi "le rétablissement des services essentiels" (électricité, télécommunications...) et l'acheminement de l'aide humanitaire "sont les principales réussites".

Le gouvernement éthiopien refuse toujours d'autoriser l'accès du Tigré aux journalistes, mais selon deux personnes s'y étant récemment rendues séparément, les réseaux électriques et de télécommunications sont rétablis dans les principales agglomérations.

Les coupures électriques restent néanmoins fréquentes et de larges zones non couvertes par le réseau mobile. Point noir, surtout, l'accès aux liquidités très restreint en-dehors de Mekele, la capitale régionale.

Autre avancée: la normalisation des relations entre Addis Abeba et le Tigré.

Une "administration régionale provisoire", dirigée par le TPLF a été formée dès son retrait de la liste des "organisations terroristes", et les autorités fédérales ont recommencé à verser les salaires des fonctionnaires fédéraux au Tigré et le budget régional.

Une inconnue: l'ampleur du désarmement

Selon la Mission de l'Union africaine chargée du suivi de l'accord (UA-MVCM), le TPLF a commencé à désarmer mi-janvier, en remettant des armes lourdes. Le processus s'est poursuivi, mais son ampleur reste peu claire.

"La mission de l'UA estime qu'entre 60 et 80% des armes lourdes ont été récupérées. En fait, on n'en sait rien", souligne un diplomate. Et "concernant les armes légères, il est compliqué de désarmer complètement le TPLF dans un pays où elles pullulent".

Ce désarmement devait être concomitant au retrait du Tigré de l'armée de l'Erythrée et des forces paramilitaires de la région voisine de l'Ahmara, ayant toutes deux prêté main-forte au gouvernement fédéral éthiopien, mais absentes des négociations.

Accusée de terribles exactions, la première s'est largement retirée. "Elle reste présente dans certaines zones frontalières, mais est discrète", explique un diplomate. Les secondes continuent de contrôler le "Tigré occidental", revendiqué par les Amhara et les Tigréens.

L'aide revient, insuffisante

Durant le conflit, le Tigré et ses six millions d'habitants ont été longtemps privés d'assistance. L'aide humanitaire accède désormais à la région, mais reste insuffisante alors qu'environ 90% de sa population en dépend.

Le nord de l'Ethiopie "est devenu plus accessible", mais l'aide n'atteint pas "l'échelle requise", soulignait l'agence humanitaire de l'ONU (Ocha) début avril. "Au Tigré, l'aide n'arrive pas partout" et "de nombreux habitants continuent de dire qu'ils ont faim", raconte une source humanitaire.

"Un nombre terrible d'urgences persiste, pas seulement au Tigré mais aussi dans des parties des régions voisines d'Afar et d'Amhara" liées notamment "à la malnutrition, à la destruction des infrastructures de santé, aux violences sexuelles, aux déplacements...", confirme Jude Fuhnwi, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Ethiopie.

De nombreux défis

L'ampleur des destructions dans le nord de l'Ethiopie est gigantesque. "Il faudra dix ans minimum pour reconstruire le Tigré tel qu'il était avant novembre 2020", estime Patrick Ferras qui s'interroge: "Avec quel argent ?"

L'autrefois performant réseau de santé du Tigré est anéanti et environ 85% des écoles du Tigré sont partiellement ou gravement endommagées, selon OCHA.

Vu les innombrables atrocités commises par tous les belligérants, le processus de justice et réconciliation s'annonce crucial.

Le gouvernement travaille à un processus de justice transitionnelle, mais "la tentation des deux camps de mettre les crimes sous le tapis est très forte", souligne un diplomate.

"Outre un mécanisme institutionnel d'établissement des responsabilités, des initiatives nationales de réconciliation sont nécessaires" afin que la "société puisse laisser derrière elle cette guerre extrêmement dévastatrice", avertit M. Petrini.

D'autant que des antagonismes persistent, particulièrement autour du Tigré occidental. Les autorités tigréennes n'entendent pas y renoncer et les nationalistes amhara parlent de "ligne rouge".

Inextricable, "le problème risque d'être repoussé aux calendes grecques", s'inquiète Patrick Ferras.

En avril, une tentative de démantèlement par le pouvoir fédéral des forces paramilitaires régionales a déclenché des incidents armés en Amhara.

Depuis 15 ans, plusieurs régions se sont dotées illégalement de forces paramilitaires, dans un pays mosaïque de 80 peuples qui reste miné par une multitude de conflits identitaires et territoriaux.

"Une réforme profonde du secteur de la sécurité est nécessaire" en Ethiopie, estime Benjamin Petrini. "Au vu de la situation au Soudan, la mise au pas des forces régionales" paramilitaires "décidera si l'Ethiopie peut avancer ou non vers la paix".


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, "tentative de "manipulation" répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

- "accroître la pression sur la Russie"-

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

- Conditions maximalistes de Poutine -

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.