La chef saoudienne végétalienne Ola Kayal veut lancer une révolution alimentaire

Ola Kayal, fondatrice de la glace végétalienne «Nabati» (Photo, AN par Ali Khamaj).
Ola Kayal, fondatrice de la glace végétalienne «Nabati» (Photo, AN par Ali Khamaj).
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Publié le Mardi 02 mai 2023

La chef saoudienne végétalienne Ola Kayal veut lancer une révolution alimentaire

  • Nabati, le pop-up de crèmes glacées de la chef végétalienne saoudienne Ola Kayal à Djeddah, encourage une alimentation saine et entièrement naturelle
  • Kayal a ouvert son premier magasin, Nabati, à Miami, en Floride, six mois avant le début de la pandémie, et a réussi à rester en activité malgré les restrictions

DJEDDAH: Ola Kayal, chef végétalienne de nationalité saoudienne, trilingue et titulaire de deux diplômes, a été formée dans un restaurant trois étoiles Michelin en Europe et a lancé avec succès une entreprise de crèmes glacées végétaliennes aux États-Unis, le tout avant l’âge de 30 ans.

Aujourd’hui, elle apporte ses connaissances et sa passion pour la durabilité à Djeddah, sa ville natale, et rêve de lancer une révolution alimentaire et de créer un havre d’alimentation saine.

Mme Kayal a ouvert son premier magasin, Nabati, à Miami, en Floride, six mois avant le début de la pandémie, et a réussi à rester en activité malgré les restrictions. Elle lance aujourd’hui son deuxième magasin à Djeddah.

«J’ai choisi le nom Nabati parce que je voulais qu’il représente vraiment mes racines. J’ai décidé de lancer cette marque en dehors de l’Arabie saoudite. C’est pourquoi je voulais vraiment un lien avec l’arabe et un nom qui représenterait mes origines et ce que j’apporte au monde», explique-t-elle à Arab News.

Depuis son retour à plein temps dans le Royaume il y a quelques mois, elle a ouvert un pop-up dans un espace local très prisé.

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De la confection de gâteaux dans son enfance à sa formation dans un restaurant étoilé Michelin en Europe, le parcours culinaire d’Ola Kayal a abouti à la création de Nabati, une marque de crèmes glacées végétaliennes qui diffuse le message d’une alimentation durable à base de plantes (Photo, AN par Ali Khamaj).

«Homegrown à Hayy Jameel, m’a semblé être le bon endroit pour commencer puisque je revenais dans ma ville natale. Je voulais que ce soit un lieu qui représente les artistes saoudiens. Homegrown un centre où des personnes partageant les mêmes idées peuvent apprendre les unes des autres et travailler ensemble», ajoute-t-elle.

Sa crème glacée est à base de noix de cajou et de noix de coco, sucrée avec du sirop d’érable et du sucre de coco, et est à savourer sans culpabilité. Elle ne contient ni sucre raffiné, ni gluten, ni soja, de sorte que ces friandises entièrement naturelles sont à la fois nutritives et délicieuses. Comme elle évite d’utiliser des amidons et des émulsifiants, sa crème glacée est un peu sensible à la température.

«Les bonnes choses de la vie valent la peine d’être attendues. L’avantage, c’est qu’on peut voyager sur de longues distances sans qu’elle ne fonde, mais l’inconvénient, c’est qu’il faut attendre un peu avant de la consommer à sa sortie du congélateur», indique-t-elle à Arab News. «Cela vous apprend la patience.»

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De la confection de gâteaux dans son enfance à sa formation dans un restaurant étoilé Michelin en Europe, le parcours culinaire d’Ola Kayal a abouti à la création de Nabati, une marque de crèmes glacées végétaliennes qui diffuse le message d’une alimentation durable à base de plantes (Photo, AN par Ali Khamaj).

Recalibrer les habitudes alimentaires malsaines n’est qu’une partie de sa mission, mais il y a aussi un autre avantage à faire les choses à sa manière.

«Certaines personnes m’ont confié qu’elles souffraient de diabète de type II et m’ont dit : “Vous savez, j’ai mangé une portion entière de votre glace et je n’ai pas eu besoin d’ajuster mon taux de sucre”», raconte-t-elle. «Ma glace est adaptée aux diabétiques, mais cela ne signifie pas qu’on peut en consommer de grandes quantités — la clé de la vie, c’est l’équilibre.» 

Bien qu’elle soit aujourd’hui la nouvelle venue sur le marché du végétalisme à Djeddah, son histoire a commencé il y a plusieurs dizaines d’années.

En bref

• Ola Kayal a ouvert son premier magasin, Nabati, à Miami, en Floride, six mois avant le début de la pandémie, et a réussi à rester en activité malgré les restrictions. Elle lance aujourd’hui son deuxième magasin à Djeddah. Le pop-up de Nabati se trouve à Homegrown, à Hayy Jameel.

• Les emballages de Nabati ne contiennent pas de plastique, sont fabriqués à partir de matériaux recyclables et sont entièrement biodégradables. De même, le logo est gravé sur l’emballage, ce qui évite l’utilisation d’encre ou de tout autre type d’impression. Les pintes ne contiennent aucun plastique, pas même dans les parois. Si un client apporte un récipient de chez lui, il bénéficie d’une réduction de 5%.

Le premier dessert qu’Ola Kayal a préparé était un gâteau en boîte lorsqu’elle avait environ 8 ans. Quand son père a pris la première bouchée, il s’est exclamé : «C’est terrible.»

Elle a accepté les critiques sans se laisser démonter et s’en est servi comme d’un carburant pour approfondir ses connaissances dans le domaine de la pâtisserie. Elle a commencé à étudier les recettes de sa famille — sa tante était connue pour ses talents de pâtissière — et s’est constitué une base de données de desserts. Très vite, elle est parvenue à maîtriser son art sans jamais perdre de vue ses objectifs.

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La crème glacée Nabati, entièrement naturelle, est à base de noix de cajou et de noix de coco, et est sucrée avec du sirop d’érable et du sucre de coco (Photo, Instagram: nabatiicecream).

La jeune femme savait depuis le début qu’elle communiquait par la gastronomie ; c’était tout simplement sa manière de s’exprimer.

«Mon moment préféré, c’est quand le repas est sur la table et que tout le monde est silencieux pendant les 10 à 15 premières minutes parce qu’ils se régalent», précise-t-elle. 

Ses habitudes alimentaires se sont peut-être affinées depuis l’enfance, mais déjà dans sa jeunesse, elle consommait peu de produits d’origine animale.

Je crois vraiment que l’avenir de l’alimentation est végétalien. Je ne dis pas que la consommation de produits d’origine animale est nécessairement mauvaise pour la santé, mais le fait de les consommer aussi rapidement que nous le faisons et avec la qualité actuelle, c’est là que réside le principal problème.

Ola Kayal, chef saoudienne

«J’étais une mangeuse très difficile. Très jeune, j’ai été allergique aux œufs, si bien que je ne pouvais pas manger — pas un gâteau contenant un ou deux œufs, cela ne posait pas de problème — mais je ne pouvais pas digérer un plat entier d’œufs ; c’était trop lourd pour moi», se souvient-elle.

Cela signifie également que la mayonnaise et de nombreux plats à base d’œufs étaient automatiquement exclus de son assiette.

Malgré cela, Ola Kayal savait qu’elle voulait faire carrière dans le monde culinaire. Cependant, son grand-père aimant a essayé de l’en dissuader. Il tenait absolument à ce que l’excellente élève qu’était sa petite-fille chérie poursuive des études plus pratiques. Il avait de grands espoirs pour elle et pensait qu’elle voudrait peut-être travailler dans une banque.

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La crème glacée Nabati, entièrement naturelle, est à base de noix de cajou et de noix de coco, et est sucrée avec du sirop d’érable et du sucre de coco (Photo, Instagram: nabatiicecream).

Elle a quitté l’Arabie saoudite à l’âge de 16 ans pour fréquenter un internat pour filles en Suisse. Après avoir obtenu son diplôme, elle a suivi les conseils de son grand-père et s’est inscrite dans une école de commerce locale.

En deux ans, elle a suivi un cursus intensif et obtenu son diplôme. C’est grâce à cette formation qu’elle a appris à analyser les entreprises et à comprendre ce qu’implique la durabilité d’une activité principale. Dans le cadre des cours, les étudiants devaient créer un projet d’entreprise et le mener à bien.

Elle a choisi de créer un restaurant.

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La crème glacée Nabati, entièrement naturelle, est à base de noix de cajou et de noix de coco, et est sucrée avec du sirop d’érable et du sucre de coco (Photo, Instagram: nabatiicecream).

«J’ai obtenu mon diplôme avec mention. J’ai obtenu le diplôme que mon grand-père souhaitait et je me suis dit : «Voilà, c’est le diplôme que tu voulais. Je vais aller à l’école culinaire maintenant.»

L’école culinaire qu’elle a fréquentée, la Culinary Arts Academy Switzerland, exigeait des étudiants qu’ils acquièrent une expérience pratique sous la forme de stages de plusieurs mois.

Le premier stage de la jeune femme s’est déroulé dans un centre de rééducation en Suisse. Gardant à l’esprit le dicton «une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours», elle a commencé à utiliser la nourriture comme source de guérison.

Pendant les trois mois qu’elle a passés là-bas, le chef pâtissier, l’un des meilleurs du pays, l’a prise sous son aile. Cependant, elle a ensuite travaillé avec un nouveau chef qui semblait tout droit sorti d'un épisode de Cauchemar en cuisine. Bien que l’expérience ait été difficile, elle lui a donné l’endurance nécessaire pour supporter la chaleur de la cuisine avant de retourner à l’école.

Pour son prochain stage, elle voulait essayer un endroit «un peu plus chic». Elle a donc décidé d’explorer la Scandinavie et s’est installée en Suède, où elle a travaillé dans un restaurant trois étoiles Michelin.

«À l’époque, c’était la décision la plus difficile à prendre et l’expérience professionnelle la plus ardue que j’aie vécue», affirme-t-elle.

Elle travaillait en moyenne de 5 h à 19 h, et parfois jusqu’à minuit.

«Les deux premiers mois, le travail était très, très intensif et chaque jour, je me disais : “OK, je vais présenter ma démission demain, je vais prendre mon courage à deux mains et présenter ma démission”. Mais, vous savez, je n’avais jamais rien abandonné de ma vie — à ce stade — et je ne savais donc pas vraiment ce que cela signifiait d’abandonner quoi que ce soit. J’ai toujours été perfectionniste et ambitieuse, alors je trouvais qu’il n’était pas normal que j’abandonne parce que c’était difficile. J’ai finalement décidé de rester», confie-t-elle.

Sa détermination a porté ses fruits. Au bout du troisième mois, elle a gravi les échelons pour devenir la meilleure stagiaire. Alors que les stagiaires restent généralement deux ou trois mois, elle est restée huit mois. À mi-parcours, elle a changé de poste. À son ancien poste en pâtisserie, elle a été remplacée par trois stagiaires, ce qui témoigne de son talent et de ses capacités.

«J’ai décidé, après avoir travaillé chez Michelin, que la façon de travailler, l’organisation, la discipline et le niveau élevé de stress étaient des éléments qui me permettaient de m'épanouir», poursuit-elle. «À un moment donné, ma mère m’a dit : “Je suis si heureuse que tu aies trouvé cette carrière parce que, lorsque tu étais plus jeune, je me demandais toujours quel travail correspondrait à ta personnalité.»

Après avoir obtenu son diplôme, elle a été recrutée pour un poste à Farmacy, fondé par Camilla Fayed, l’un des premiers restaurants végétaliens de Londres. Les chefs qui avaient ouvert le restaurant étaient tous partis lorsqu’elle est arrivée, ce qui lui a donné l’occasion unique de créer les changements alimentaires qu’elle souhaitait voir se produire. Après avoir suivi les recettes qui lui étaient proposées, elle s’est dit : «Attendez une minute, je peux faire quelque chose de mieux que cela. Commençons.»

Après Londres, Ola Kayal s’est installée à Miami, en Floride, où elle a lancé sa première entreprise, Nabati. Elle a continué à travailler pendant la pandémie — un autre obstacle sans précédent, mais qui lui a permis de tirer des leçons inestimables.

«Nabati est en fait la combinaison parfaite entre mes deux diplômes, me permettant d’utiliser toutes les choses que j’ai apprises et de les mettre en pratique», souligne-t-elle.

Après avoir exercé ses activités pendant quelques années en Floride, elle a décidé de fermer son magasin là-bas et de retourner en Arabie saoudite, dans sa ville natale ensoleillée de Djeddah.

«Beaucoup de gens me demandent si j’ai toujours aimé faire des glaces, mais en fait, non, c’est arrivé comme ça», dit-elle.

«Tout a commencé parce que je n’avais jamais entendu parler de glaces saines. Je pense que c’est ce qui m’a vraiment interpellée. J’aime les défis — avez-vous remarqué que j’aime les défis dans tout ce que je fais ?», lance-t-elle malicieusement. 

Ce qu’elle tente de faire à Djeddah, c’est de modifier notre goût et d’encourager la communauté à faire plus attention à ce qu’elle ingère

«Je crois vraiment que l’avenir de l’alimentation est végétalien. Je ne dis pas que la consommation de produits d’origine animale est nécessairement mauvaise pour la santé, mais le fait de les consommer aussi rapidement que nous le faisons et avec la qualité actuelle, c’est là que réside le principal problème», estime-t-elle.

Alors que de nombreux habitants de Djeddah sont devenus friands de fast-food, elle adopte l’approche inverse, en préparant ses glaces tout lentement, à partir de matières premières et en petites quantités. 

«C’est certainement un défi et ce n’est pas nécessairement la façon la plus économique de faire des affaires, mais je n’essaie pas de vendre des glaces pour gagner de l’argent. J’essaie de provoquer un changement de perspective», déclare-t-elle. 

Par ailleurs, les emballages de Nabati ne contiennent pas de plastique, sont fabriqués à partir de matériaux recyclables et sont entièrement biodégradables. Le logo est gravé sur l’emballage, ce qui évite l’utilisation d’encre ou de tout autre type d’impression. Les pintes ne contiennent aucun plastique, pas même dans les parois. Si un client apporte un récipient de chez lui, il bénéficie d’une réduction de 5%.

Mme Kayal espère également collaborer avec d’autres restaurateurs du Royaume. La Vision 2030 étant en première ligne de l’innovation et de l’adaptation, elle est impatiente de participer à l’évolution rapide de la scène culinaire.

Étant donné que son processus «propre» est si nouveau pour le Royaume, elle doit rester sur le terrain.

«C’est très technique. Une fois que vous avez éliminé les conservateurs et les stabilisateurs de gommes, cela devient très technique ; il ne s’agit pas seulement des ingrédients, mais de la méthode de mélange. Si vous mélangez un ingrédient avant l’autre, cela fera une différence», explique-t-elle.

En la voyant gérer son pop-up, son éthique de travail est évidente, et elle cherche déjà à inclure la prochaine génération, en commençant par sa propre famille. Son objectif est de créer non seulement une marque de crème glacée, mais aussi un havre d’alimentation saine.

Walid, son cousin de 12 ans, partage sa vision. Il a fait part de son désir de travailler avec elle et elle a immédiatement accepté. Lors de son premier jour de travail, il est arrivé enthousiaste, mais un peu nerveux.

«La plupart des glaces sont artificielles, on peut le sentir ; elles ont un goût vraiment bizarre. Mais ici, c’est du vrai, c’est frais», affirme-t-il à Arab News.

Walid observait attentivement alors qu’elle demandait à ses autres cousines — deux adolescentes — de l’aider à le former. Tous les stagiaires ont pris les commandes de la petite file de clients qui attendaient pour acheter une glace fraîche. Les jeunes écoutaient les choix des clients et servaient les boules de glace, les parsemant ou les arrosant des garnitures choisies, puis calculaient et encaissaient l’argent.

Lorsque le jeune Kayal s’est adapté au rythme, son visage, visiblement anxieux au début, s’est détendu.

«Pour l’instant, ce n’est qu’un magasin de glaces, mais plus tard, ce sera un vrai restaurant. Quand il sera construit, je veux y aller tous les jours et je veux servir tout le monde», dit-il avec un sourire radieux, sous le regard d’Ola qui se tenait fièrement derrière lui. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des ONG mettent en garde Elon Musk contre une «punition collective» en cas de fermeture de Starlink au Soudan

Starlink de SpaceX est sous pression pour maintenir sa connexion depuis que le conflit a éclaté au Soudan en avril 2023. (AFP)
Starlink de SpaceX est sous pression pour maintenir sa connexion depuis que le conflit a éclaté au Soudan en avril 2023. (AFP)
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  • En août, un groupe de pirates informatiques appelé «Anonymous Soudan» a mis X hors ligne dans plus d’une douzaine de pays pour faire pression sur Elon Musk afin qu’il ouvre officiellement Starlink au Soudan
  • Ces derniers mois, l’entreprise a été au centre d’un débat public sur son rôle à assurer la liaison entre les zones ravagées par la guerre à travers le monde

LONDRES: Le fondateur de Starlink, Elon Musk, a été invité à ne pas fermer le service Internet par satellite au Soudan, car cela pourrait «punir collectivement» des millions de Soudanais. 

Dans un appel au milliardaire américain, près de cent organisations humanitaires, de la société civile, de défense des droits humains et de membres de la coalition #KeepItOn ont souligné le rôle essentiel que joue Starlink en tant que bouée de sauvetage pour les organisations sur le terrain opérant dans ce pays africain ravagé par la guerre. Ils préviennent que l’interruption du service pourrait avoir des conséquences fatales. 

«Toute fermeture des services de télécommunications constitue une violation des droits de l’homme et peut être considérée comme une punition collective qui non seulement isolera les individus de leurs réseaux de soutien, mais aggravera également la situation économique déjà désastreuse à laquelle sont confrontés des millions de personnes», a déclaré la coalition, qui comprend Save the Children, l’Islamic Relief Worldwide et Action contre la faim, entre autres. 

Le communiqué ajoute: «La fermeture potentielle de Starlink aurait une incidence disproportionnée sur les civils et les organisations humanitaires qui tentent de les aider.» 

Le Soudan est confronté depuis plusieurs mois à une panne généralisée des télécommunications, limitant considérablement les services d’urgence et humanitaires ainsi que l’accès aux transactions de base telles que les transferts d’argent depuis l’étranger. 

Starlink, qui peut opérer au-delà des frontières grâce à son service par satellite, a annoncé, plus tôt ce mois-ci, qu’il cesserait ses services au Soudan en limitant l’itinérance dans les juridictions où il ne dispose pas de licence. 

Si elle est confirmée, cette décision risque de provoquer une coupure permanente des télécommunications à l’échelle nationale, similaire à celle de février 2024, à l’issue de laquelle près de 30 millions de Soudanais se sont retrouvés privés d’accès à Internet ou aux appels téléphoniques pendant plus d’un mois. 

La situation est encore aggravée par la destruction des infrastructures de communication, ciblées à la fois par les Forces de soutien rapide (FSR) et par l’armée soudanaise. 

La coalition, qui s’appuie sur un accès Internet par satellite coûteux et rare dans les zones où les télécommunications officielles ne fonctionnent pas, a également exhorté les factions belligérantes à réparer les infrastructures. 

Starlink de SpaceX est sous pression pour maintenir sa connexion depuis que le conflit a éclaté au Soudan en avril 2023. 

En août, un groupe de pirates informatiques appelé «Anonymous Soudan» a mis X hors ligne dans plus d’une douzaine de pays pour faire pression sur Elon Musk afin qu’il ouvre officiellement Starlink au Soudan. 

Ces derniers mois, l’entreprise a été au centre d’un débat public sur son rôle à assurer la liaison entre les zones ravagées par la guerre à travers le monde. 

Plus tôt ce mois-ci, Bloomberg a rapporté que SpaceX était sur le point de conclure un accord avec le gouvernement yéménite pour fournir Internet par satellite au pays, ce que les experts ont décrit comme une «victoire» sur la milice houthie. 

En septembre 2023, plusieurs médias ont rapporté qu’Elon Musk avait rejeté une demande ukrainienne d’étendre la couverture de Starlink à la Crimée lors d’une attaque surprise. 

Bien que les affirmations selon lesquelles Elon Musk aurait «désactivé» la couverture de Starlink en Crimée se soient avérées erronées, cela a soulevé des inquiétudes quant au rôle du service pendant les conflits. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Balayeur du Festival de Cannes, il devient réalisateur sélectionné

Le compositeur français Michel Legrand arrive pour la projection du film «La Rançon de la Gloire» présenté en compétition au 71e Festival du Film de Venise le 28 août 2014 au Lido de Venise. (AFP)
Le compositeur français Michel Legrand arrive pour la projection du film «La Rançon de la Gloire» présenté en compétition au 71e Festival du Film de Venise le 28 août 2014 au Lido de Venise. (AFP)
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  • «Il était une fois Michel Legrand» couvre les deux dernières années de la vie du musicien et revient sur la carrière du compositeur des «Parapluies de Cherbourg»
  • «L'adulte que je suis a pris l'enfant qu'il était par la main pour réaliser son rêve», glisse David Hertzog Dessites

CANNES: Comme une belle histoire de cinéma: balayeur à 20 ans des marches du Festival de Cannes, David Hertzog Dessites les montera samedi, à 51 ans, pour y présenter un documentaire qu'il a réalisé.

"L'adulte que je suis a pris l'enfant qu'il était par la main pour réaliser son rêve", glisse à l'AFP David Hertzog Dessites, origine de cette ville du sud de la France, qui signe "Il était une fois Michel Legrand", documentaire sur le célèbre musicien français.

"Il était une fois Michel Legrand" couvre les deux dernières années de la vie du musicien et revient sur la carrière du compositeur des "Parapluies de Cherbourg", disparu en 2019 à 86 ans.

Quand il a appris qu'il était sélectionné dans la section Cannes Classics, axée autour de copies restaurées et de documentaires, ce barbu athlétique a eu du mal à réaliser. Et une scène forte lui est revenue en tête.

"Un matin vers 4h00, dans ma tenue de balayeur, il n'y avait pas de gardien à l'époque sur les marches, je me suis allongé sur le tapis rouge en me disant +je reviendrai ici avec mon film+".

Gamin, sa mère l'accompagnait aux abords du Palais des Festivals voir sur le tapis rouge les stars d'Hollywood, comme Kirk Douglas ou Robert Mitchum. Sa vie bascule quand, à 20 ans, sa mère, employée municipale, décède à 48 ans. La ville de Cannes propose alors au jeune homme, se retrouvant seul, un emploi de balayeur. Qui fait donc parfois la tranche 3-8 h du matin sur le tapis rouge et aux abords.

«Festival en clandestin»

Des copains travaillant pour le plus grand rendez-vous mondial du 7e art permettent alors à ce fan de ciné de vivre le "festival en clandestin", en entrant en cachette.

Un matin, en séance de 11h00, il se faufile à la projection de "Pulp fiction" de Quentin Tarantino. "J'ai vu Clint Eastwood (président du jury) se prendre le visage dans les mains tellement il était mort de rire".

La disparition de sa mère est un "véritable booster", David Hertzog Dessites transformant "cette peine en énergie positive". En autodidacte, il achète une première caméra. "J'enviais des copains en école de cinéma, et eux m'enviaient en m'assurant que mon point de vue n'était pas conditionné".

Un premier tournant arrive en 1999. David Hertzog Dessites part sur ses deniers aux USA filmer les inconditionnels de "Star wars" qui attendent la sortie de l'épisode intitulé "La menace fantôme". "Les fans à Hollywood, New York, étaient dingues, attendaient dans des tentes aux abords des cinémas pour être les premiers à voir le film". Son documentaire attire les regards.

«Formidable cette histoire»

Michel Legrand, c'est encore une belle histoire. "Sa musique a bercé la grossesse de ma maman, mes parents se sont rencontrés en allant voir +L'affaire Thomas Crown+ et avaient acheté le 45 tours de la musique composée par Michel". Les séries télé qu'il voit enfant, "Il était une fois... la vie", "Oum le dauphin blanc", sont signées du même compositeur. Et la B.O. de "Yentl" avec Barbra Streisand est pour le cinéphile et mélomane "un choc".

David Hertzog Dessites finit par rencontrer ce "génie" en 2017 quand le pianiste donne un concert dans le cadre du Festival de Cannes.

Assis au pied du piano -"comme un gamin devant le sapin de Noël"- pendant le récital, le réalisateur lui adresse la parole à la fin: "si j'existe, c'est un peu grâce à vous". "C'est formidable cette histoire, j'adore", lui rétorque Michel Legrand.

Qui se laisse convaincre pour un documentaire et lui donne carte blanche. "Il m'a dit qu'il ne contrôlerait rien, sachant son exigence et le personnage complexe que c'était, c'est le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire", souffle David Hertzog Dessites.


Richard Gere, le retour du charme zen

A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste. (AFP).
A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste. (AFP).
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  • L'acteur qui a toujours gardé une distance avec son métier, privilégiant sa foi bouddhiste et la cause tibétaine, retrouve le réalisateur d'"American Gigolo" (1980)
  • A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste

PARIS: Prince charmant d'Hollywood des années 80 et 90 devenu discret au cinéma, Richard Gere fait son retour sur les tapis rouges en présentant vendredi à Cannes "Oh, Canada" de Paul Schrader, en lice pour la Palme d'or.

L'acteur qui a toujours gardé une distance avec son métier, privilégiant sa foi bouddhiste et la cause tibétaine, retrouve le réalisateur d'"American Gigolo" (1980), film qui l'a propulsé sex symbol.

A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste.

Outre Schrader, le comédien, qui a débuté au théâtre, a tourné avec les plus grands cinéastes: Richard Brooks ("A la recherche de M. Goodbar), Terrence Malick ("Les Moissons du ciel"), Coppola ("Cotton Club"), Lumet ou Altman.

Après "American Gigolo" et "Officier et Gentleman" (1982), c'est "Pretty woman" (1990), un film où il s'engage à reculons, qui le range définitivement dans la catégorie des grands séducteurs du cinéma.

Conte de fées

Toujours la même élégance et ce sourire plissé énigmatique, il y campe un milliardaire qui s'éprend d'une jeune prostituée (Julia Roberts). Enorme succès au box office pour ce couple de conte de fées.

Mais "l'homme le plus sexy du monde", dixit le magazine People en 1999, a connu une carrière à éclipses. Au fil des années, l'acteur, converti au bouddhisme à 25 ans, se passionne plutôt pour la méditation -au moins une heure par jour-, devient un proche du Dalaï-Lama et milite activement pour les droits du Tibet.

Il décroche un Golden Globe pour "Chicago" (2002) mais reste snobé par les Oscars, qui l'excluent même en 1993 pour un discours anti-Chine.

"Je me moque d'être un acteur. C'est un très beau métier mais seulement un métier", balayait-il. "C'est le bouddhisme qui m'a ouvert le coeur..."

Né le 29 août 1949 à Philadelphie dans une famille méthodiste modeste, fils d'un fermier devenu représentant en assurances, Richard Gere est le deuxième d'une fratrie de cinq enfants.

Mélomane (il joue de la trompette, de la guitare et du piano), il entame des études de philosophie avant de bifurquer vers le théâtre. Il joue Danny Zuko dans "Grease" à Londres et à Broadway.

Si John Travolta est choisi pour l'adaptation de la comédie musicale, c'est lui qui décroche "American Gigolo", rôle initialement dévolu à... Travolta.

Proverbes bouddhistes

Il est dès lors l'un des acteurs en vue d'Hollywood. Au début des années 1990, son mariage avec la top modèle Cindy Crawford attire paparazzi et rumeurs sur la réalité de leur couple. Agacés, les époux se paient une pleine page de Time pour clamer leur amour. Mais divorcent en 1994.

Richard Gere se remarie avec l'actrice Carey Lowell, bouddhiste comme lui et mère de son premier enfant, Homer. Puis avec l'activiste espagnole Alejandra Silva, de 33 ans sa cadette et mère de ses deux autres fils.

Tenant désormais les tabloïds à distance et vivant en pleine nature, il réserve ses interventions publiques à ses engagements. Très tôt impliqué dans la lutte anti-sida, il cofonde par ailleurs en 1987 la Tibet House à New York puis crée la Gere Foundation, toujours en faveur du Tibet.

Ses charges contre Pékin -il appelle au boycott des JO de 2008- contribuent à l'éloigner d'Hollywood, à l'heure où le marché chinois est devenu un Eldorado pour les studios américains.

"Il y a des films dans lesquels je ne peux pas jouer car les Chinois diront +pas avec lui+", lâche-t-il en 2017 au Hollywood Reporter.

Pas de quoi démoraliser l'acteur zen, très détaché du cinéma et qui adore émailler ses interviews de proverbes bouddhistes.

"Lorsque le démon de l'amour de soi vous tient", mettait-il ainsi en garde en 2012 dans Le Figaro, "les autres démons font la queue à la porte, la gueule ouverte".