Pour les migrants comoriens, atteindre Mayotte à tout prix

Des pêcheurs transportent un bateau en bois sur la plage de Domoni, sur l'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores. Près de la moitié des 900 000 habitants des Comores vivent en dessous du seuil de pauvreté. (AFP)
Des pêcheurs transportent un bateau en bois sur la plage de Domoni, sur l'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores. Près de la moitié des 900 000 habitants des Comores vivent en dessous du seuil de pauvreté. (AFP)
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Publié le Samedi 29 avril 2023

Pour les migrants comoriens, atteindre Mayotte à tout prix

  • Mayotte devenue française en 2011 est toujours considérée comorienne dans l'archipel
  • Cette terre dont tant de Comoriens rêvent est le département le plus pauvre de France, rongé par l'insécurité et une délinquance qui explosent

DOMONI : Par beau temps depuis ce coin du bout des Comores, on voit Mayotte, de l'autre côté d'un bras de l'océan Indien. L'île française, ses écoles et ses hôpitaux: un graal fantasmé que des milliers de Comoriens tentent d'atteindre, chaque année, au péril de leur vie.

A l'ombre des badamiers, des hommes devisent en faisant ricocher les graines d'un jeu traditionnel de bao. Domoni, sur l'île comorienne d'Anjouan, la plus proche de Mayotte, compte 17 000 habitants et de nombreuses échoppes de pêche qui vivotent.

Ici, les pêcheurs fabriquent eux-mêmes leurs embarcations de bois, les kwassa kwassa. Vers la plage, l'odeur de résine se mêle au parfum de l'air chargé d'iode. Parfois ces barques artisanales chavirent. Non pas surchargées de poissons mais d'hommes et de familles, en quête d'une vie meilleure, et qui ont tenté l'hasardeuse traversée vers le 101e département français.

Nombre d'entre eux ont disparu dans ces 70 km de mer séparant les deux pays. Sans doute des milliers, personne ne sait combien exactement, pas de chiffre officiel.

La France a intensifié ces dernières années la lutte contre cette immigration clandestine. Une opération contestée, baptisée "Wuambushu" (reprise, en mahorais), est en cours à Mayotte pour déloger les sans-papiers, en grande majorité comoriens, des bidonvilles.

«Pêcheur-passeur»

Se faisant appeler Abdou Ahmadi, un jeune homme de 27 ans, assis sur une plage jonchée d'ordures, raconte exercer le métier de "pêcheur-passeur".

"Je transporte jusqu'à 8 personnes par mois mais uniquement des malades. Je le fais pour Dieu", dit-il à l'AFP. Et pour les 100 euros par personne pour la traversée. A peu près le salaire moyen mensuel dans ce pays où près de la moitié des 900 000 Comoriens vivent sous le seuil de pauvreté.

Sur les hauteurs de la ville, la voix du muezzin appelant les fidèles à la prière s'élève de la mosquée. Le pays est en quasi totalité musulman.

"Quand je n'ai pas de malades, je m'occupe de mes poissons. Mais la pêche ne me fait pas vivre", raconte Abdou Ahmadi.

Lui ne veut pas quitter Domoni. "Être un sans-papier? Je préfère rester ici", lance-t-il. "La situation à Mayotte est terrible, la délinquance trop forte".

Cette terre dont tant de Comoriens rêvent est le département le plus pauvre de France, rongé par l'insécurité et une délinquance qui explosent.

Soula a la cinquantaine passée. Il sent l'encens et ses yeux sont enduits de khôl. Il ne donne pas son nom, c'est un ancien passeur. Il a rangé son kwassa après avoir passé trois ans derrière les barreaux. Aujourd'hui, il est chauffeur de taxi.

"Je connaissais la mer comme ma poche", se vante-t-il. "Je n'ai jamais perdu quelqu'un en mer. Mais je me suis fait prendre par la police", dit-il.

«Tellement de morts»

Certains de ces bateaux qui partent la nuit se retournent au bout de quelques mètres. Il faut parfois attendre plusieurs jours une mer clémente. Les candidats à la dangereuse traversée passent alors quelques nuits chez leur passeur, dans des conditions spartiates.

Juste en face de la plage, une petite maison beige en dur. Dans le salon, un pot de fleurs sur une table n'arrive pas à égayer les lieux.

Rafouzoiti Dhoimir, 52 ans, est une refoulée. Trois fois elle a fait la traversée, trois fois elle a été renvoyée. Ses trois enfants sont restés à Mayotte. Elle ne les a pas revus depuis 15 ans.

"Wuambushu, je prie Dieu pour que ça s'arrête", murmure-t-elle. Ses enfants vivent dans des "bangas", ces cabanes en tôles des bidonvilles de Mayotte.

La petite femme est tout en nœuds, nerveuse. Elle tortille ses doigts: "Je ne dors plus, j'ai peur". Elle n'ose pas non plus braver à nouveau la mer, "il y a eu tellement de morts".

Mayotte devenue française en 2011 est toujours considérée comorienne dans l'archipel. Mais pour Rafouzoiti Dhoimir, il faut couper le cordon: "Qu'ils n'expulsent plus personne et que nous ne rêvions plus d'aller là-bas".


Gaza: le ministre de la Défense israélien annonce la saisie de «larges zones» pour créer des zones de sécurité

L'opération militaire s'étend "pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et des infrastructures terroristes, et pour s'emparer de vastes zones qui seront intégrées dans les zones de sécurité d'Israël", a-t-il déclaré dans un communiqué. (AFP)
L'opération militaire s'étend "pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et des infrastructures terroristes, et pour s'emparer de vastes zones qui seront intégrées dans les zones de sécurité d'Israël", a-t-il déclaré dans un communiqué. (AFP)
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  • Le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adree, s'est adressé mardi sur X aux habitants de vastes zones de Rafah et de la ville proche de Khan Younès
  • "N'écoutez pas les tentatives du Hamas de vous empêcher d'évacuer pour rester ses boucliers humains. Evacuez immédiatement les zones désignées", a-t-il déclaré, renouvelant un appel déjà lancé lundi

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé mercredi l'extension de l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza pour s'emparer de "larges zones" en vue de créer des zones de sécurité, appelant par ailleurs les Gazaouis à renverser le Hamas.

L'opération militaire s'étend "pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et des infrastructures terroristes, et pour s'emparer de vastes zones qui seront intégrées dans les zones de sécurité d'Israël", a-t-il déclaré dans un communiqué.

"J'appelle les habitants de Gaza à agir maintenant pour chasser le Hamas et rendre tous les otages", a-t-il ajouté.

Le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adree, s'est adressé mardi sur X aux habitants de vastes zones de Rafah et de la ville proche de Khan Younès.

"N'écoutez pas les tentatives du Hamas de vous empêcher d'évacuer pour rester ses boucliers humains. Evacuez immédiatement les zones désignées", a-t-il déclaré, renouvelant un appel déjà lancé lundi.

Israël a repris ses bombardements intensifs sur Gaza le 18 mars, puis lancé une nouvelle offensive terrestre, mettant fin à un cessez-le-feu de près de deux mois avec le Hamas.

Depuis la reprise des combats, 1.042 personnes ont été tuées, selon des données publiées mardi par le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, portant le bilan total à 50.399 morts depuis la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours retenues, à Gaza dont 34 sont décédées selon l'armée.


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.