RIYADH : Malgré l'escalade des tensions géopolitiques et le ralentissement économique qui en résulte, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 2,3 millions de barils par jour en 2023, a déclaré à Independent Arabia un haut responsable de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole.
Jamal Al-Loughani, récemment nommé secrétaire général de l'organisation, a fondé ses perspectives optimistes sur la reprise de la demande des membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques, ainsi que de la Chine et de l'Inde.
Il a toutefois prévenu que les évolutions mondiales auraient un impact sur la croissance globale du secteur pétrolier, car les banques centrales du monde entier augmentent les taux d'intérêt pour juguler l'inflation galopante.
S'adressant au journaliste Ghaleb Darwich, M. Al-Loughani a déclaré que les déséquilibres créés par le conflit entre la Russie et l'Ukraine s’amenuisent et que les politiques monétaires plus strictes de la plupart des banques centrales devrait porter leurs fruits.
Commentant la décision de certains pays de puiser du brut de leurs réserves respectives afin de trouver un équilibre entre l'offre et la demande sur le marché pétrolier, le secrétaire général a déclaré que cette stratégie pourrait ne pas s'avérer très efficace à long terme, étant donné que les réserves doivent finalement être reconstituées.
Faisant écho aux opinions exprimées par la plupart des grands exportateurs de pétrole, le fonctionnaire a souligné la nécessité d'investir dans le secteur pétrolier pour garantir la sécurité énergétique à l'avenir.
M. Al-Loughani a déclaré que les tensions géopolitiques croissantes en Europe de l'Est et les décisions qui en découlent affecteront sans aucun doute les structures du marché mondial du pétrole en termes de demande et d'offre, ce qui pourrait conduire à une intervention accrue des pays de l'UE et de leurs alliés.
Faisant référence au plafonnement des prix du brut russe, le secrétaire général a déclaré que ce plafonnement avait conduit le Kremlin à réduire sa production de 500 000 barils par jour.
Il a averti que de telles mesures ne feraient qu'épuiser les réserves stratégiques, ce qui aurait pour effet de resserrer encore davantage le marché.
Le responsable de l'OPAEP a déclaré que l'Arabie saoudite travaillait dur pour soutenir la stabilité du marché pétrolier, qui est nécessaire pour parvenir à une croissance durable de l'économie mondiale.
Il a ajouté que l'insuffisance des investissements dans le secteur pétrolier mondial continue de menacer la sécurité énergétique future et a entraîné un ralentissement de la croissance des réserves de pétrole, en raison d'un manque d'activités d'exploration et de production.
M. Al-Loughani a également souligné l'insistance de plusieurs pays européens et membres de l'Agence internationale de l'énergie à réduire la consommation de combustibles fossiles afin de diminuer les émissions de carbone.
Le haut fonctionnaire a déclaré qu'il fallait comprendre que les combustibles fossiles peuvent être utilisés comme une partie de la solution pour atténuer les effets du changement climatique.
Un grand nombre de pays arabes se concentrent sur les énergies renouvelables, a-t-il déclaré, ajoutant que l'Arabie saoudite, en tant que plus grand pays producteur de pétrole, est à l'avant-garde des efforts en matière d'énergie propre.
M. Al-Loughani a indiqué que le Royaume avait lancé l'Initiative verte saoudienne pour atteindre des objectifs zéro carbonne et qu'il était pionnier dans l'adoption du concept d'économie circulaire du carbone.
Pour accélérer le rythme du développement durable et protéger le climat mondial, a-t-il ajouté, Riyad cherche à diversifier son bouquet énergétique en produisant 50 % d'électricité à partir de sources renouvelables d'ici à 2030, ce qui permettra de réduire considérablement les émissions de carbone.
Il a également cité l'Initiative verte pour le Moyen-Orient comme un exemple de la volonté de l'Arabie saoudite de faire en sorte que la région atteigne l'objectif de réduction des émissions.