La sécurité, principal obstacle à l'acheminement de l'aide humanitaire au Soudan, selon le directeur régional de la Croix-Rouge

Le Comité international de la Croix-Rouge Directeur régional pour l'Afrique Patrick Youssef (Photo, Screenshot).
Le Comité international de la Croix-Rouge Directeur régional pour l'Afrique Patrick Youssef (Photo, Screenshot).
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Publié le Vendredi 28 avril 2023

La sécurité, principal obstacle à l'acheminement de l'aide humanitaire au Soudan, selon le directeur régional de la Croix-Rouge

  • Patrick Youssef indique que la situation sur le terrain ne permet pas aux équipes de la Croix-Rouge et des organisations non gouvernementales de se déplacer librement
  • Le manque de matériel et la difficulté de créer une zone sûre pour que les professionnels de la santé puissent prodiguer des soins empêchent l'aide humanitaire d'atteindre les civils

RIYAD: Alors que des représentants gouvernementaux et des ressortissants étrangers sont évacués du pays, de nombreux civils au Soudan se sont retrouvés pris entre deux feux croisés – les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide – et contraints de s'abriter sur place sans produits de première nécessité tels que la nourriture, l'eau et les médicaments.

Le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge pour l'Afrique, Patrick Youssef, affirme que le principal obstacle qui les empêche d'aider les civils à Khartoum est la sécurité.

«Les combats se déroulent dans des zones densément peuplées, dans des endroits où nous vivons et où se trouvent nos bureaux. Le problème le plus compliqué auquel nous devons faire face […] est la sécurité», explique Patrick Youssef.

Il indique que la situation sur le terrain ne permet pas aux équipes de la Croix-Rouge, du Croissant-Rouge, et des organisations non gouvernementales de se déplacer librement.

Il y avait un certain espoir de pouvoir assurer l’aide humanitaire aux civils après l’annonce d'un cessez-le-feu de soixante-douze heures qui n’a pas tenu longtemps, car des coups de feu et des avions de chasse ont été signalés quelques heures après son entrée en vigueur.

«Le cessez-le-feu n'a pas été respecté à tout moment par toutes les parties. Par conséquent, lorsqu’on parle de soixante-douze heures, je pense qu'il faut rectifier cela. Nous devons parler de quelques heures de cessez-le-feu», précise Patrick Youssef, ajoutant qu'il considérait son impact comme «très limité».

Ces quelques heures ont peut-être permis à certains civils de sortir de l'endroit où ils s'abritaient pour chercher des membres de leur famille ou de la nourriture, explique Patrick Youssef, mais cela n'a pas permis aux organisations de mettre en place un couloir humanitaire pour acheminer une assistance médicale de l'étranger via Port-Soudan.

Interrogé sur l'état actuel du système de santé à Khartoum, Patrick Youssef affirme avoir reçu des rapports de l'Organisation mondiale de la santé et du ministère de la Santé selon lesquels plus de 60% des hôpitaux de la capitale avaient cessé de fonctionner ou étaient hors de service.

Le manque de matériel et la difficulté de créer une zone sûre pour que les professionnels de la santé puissent prodiguer des soins empêchent l'aide humanitaire d'atteindre les civils, explique-t-il.

«Il est difficile de savoir où se trouve le personnel médical. Peuvent-ils se rendre dans les hôpitaux? Sont-ils tous entièrement recensés? Deuxièmement, ces hôpitaux font-ils l'objet d'attaques? Sont-ils toujours fonctionnels, structurellement parlant?», se demande-t-il.

Patrick Youssef a par ailleurs salué les efforts des volontaires du Croissant-Rouge soudanais pour le courage dont ils font preuve depuis le début des manifestations à Khartoum en 2019.

«Ils ont été sur le terrain pour récupérer des cadavres. Nous savons qu'ils ont donné tout ce qu'ils pouvaient pour soutenir certains hôpitaux avec leurs ressources limitées», affirme-t-il, soulignant le fait que le Croissant-Rouge soudanais n'a pas interrompu son travail, mais que celui-ci est entravé par les obstacles sur le terrain.

«C'est exactement là où nous en sommes aujourd'hui, essayant de voir avec les autorités comment nous pouvons d'abord et avant tout créer un pont humanitaire pour assurer l'assistance médicale nécessaire – chirurgicale ou autre –, mais aussi comment nous pouvons inciter le personnel médical à rester là où il est», déclare-t-il, avant d’ajouter: «Et ce n'est pas facile. Vous demandez à quelqu'un de rester en face des tirs ou sous les bombes. C’est dur. Voilà pourquoi nous appelons dès le premier jour à protéger la mission médicale.»

 «Sans le maintien d’un service médical solide dans un pays durement touché par divers manques et insuffisances, [...] nous nous dirigeons vers une catastrophe qui est déjà en train de se produire», souligne Patrick Youssef.

À la question de savoir quelle était la première mesure à prendre pour aider les civils sur le terrain, Patrick Youssef a répondu qu'un cessez-le-feu était nécessaire.

«Nous avons besoin que ces armes se taisent pendant […] quelques jours et que cela soit pleinement respecté par les deux parties, ainsi que de mécanismes de coordination clairs», affirme-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
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  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien. 


L'Arabie saoudite condamne la fermeture des écoles de l'UNRWA à Jérusalem-Est

Un enfant palestinien regarde une école gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) dans le camp de réfugiés de Qalandia, au nord de Jérusalem, le 14 novembre 2024. (AFP)
Un enfant palestinien regarde une école gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) dans le camp de réfugiés de Qalandia, au nord de Jérusalem, le 14 novembre 2024. (AFP)
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  • Le ministère des Affaires étrangères a qualifié cette mesure de violation flagrante des normes internationales.
  • Le ministère a également critiqué ce qu'il a appelé le silence de la communauté internationale face aux violations répétées contre le peuple palestinien.

RIYADH : L'Arabie saoudite a fermement condamné vendredi les ordres de fermeture d'Israël contre six écoles de Jérusalem-Est gérées par l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), selon l'agence de presse saoudienne. 

Le ministère des Affaires étrangères du Royaume a qualifié cette mesure de violation flagrante des normes internationales et de menace pour le travail humanitaire.

Le ministère a déclaré qu'il « condamnait dans les termes les plus forts » cette décision israélienne et a réitéré le rejet catégorique du Royaume de ce qu'il a décrit comme « l'intransigeance continue et le ciblage systématique » de l'UNRWA par les autorités d'occupation israéliennes. 

Le ministère a également critiqué le silence de la communauté internationale face aux violations répétées contre le peuple palestinien, avertissant qu'un tel silence « exacerbe la crise et sape les chances de parvenir à la paix dans la région ».

L'agence de l'ONU a déclaré que les ordres de fermeture avaient été donnés à la suite de l'entrée forcée des forces de sécurité israéliennes dans six écoles gérées par l'UNRWA, auxquelles il a été demandé de fermer dans les 30 jours.

Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA, a déclaré cette semaine qu'environ 800 élèves risquaient de ne pas terminer l'année scolaire.

« Ces ordres de fermeture sont illégaux et font suite à une loi de la Knesset visant à réduire les activités de l'UNRWA », a déclaré M. Lazzarini, ajoutant que les écoles bénéficiaient des privilèges et immunités de l'ONU. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Selon un sondage, 50 ans après la guerre civile libanaise, la moitié des personnes interrogées craignent une reprise du conflit

 Des dizaines de femmes palestiniennes quittent le camp de réfugiés de Bourj Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 25 mars 1987, pour chercher de la nourriture au marché voisin. (File/AFP)
Des dizaines de femmes palestiniennes quittent le camp de réfugiés de Bourj Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 25 mars 1987, pour chercher de la nourriture au marché voisin. (File/AFP)
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  • 63,3 % des personnes interrogées se prononcent en faveur de l'abolition du système politique sectaire au profit d'un modèle d'État laïque.
  • 42,5 % déclarent avoir subi un préjudice personnel ou familial direct du fait du conflit récent.

BEYROUTH  : Alors que le Liban célèbre le 13 avril le 50^e anniversaire du déclenchement de la guerre civile, un nouveau sondage révèle que la moitié des Libanais interrogés craignent que le conflit ne reprenne au milieu d'un cessez-le-feu fragile.

L'enquête, menée conjointement par le journal Annahar et International Information, a été réalisée auprès de 1 200 citoyens libanais de toutes les régions entre le 25 mars et le 2 avril.

Elle a montré que 51,7 % des personnes interrogées ont exprimé, à des degrés divers, leur inquiétude quant au retour de la guerre, tandis que 63,3 % d'entre elles estiment que l'établissement d'un État civil laïc par l'abolition du système politique sectaire est la meilleure voie à suivre pour le pays.

Au total, 42,5 % des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des préjudices directs, notamment des décès ou des blessures (23,7 %), des dommages matériels (19,9 %) et des déplacements forcés (19,5 %). 

Concernant l'attitude des Libanais à l'égard du rôle de l'Iran au Liban, 78,6 % des personnes interrogées ont jugé ce rôle négatif et 75,3 % ont désigné Israël comme le principal adversaire du pays.

L'enquête a été réalisée alors qu'Israël reprenait ses attaques contre le Liban, affirmant viser les infrastructures du Hezbollah.

Dans une déclaration, la direction du journal Annahar a décrit le sondage comme un outil essentiel pour comprendre les réalités actuelles en examinant les questions présentes et passées, notant qu'il arrive à point nommé à l'occasion du demi-siècle d'un conflit dont toutes les leçons n'ont pas encore été tirées.

L'opinion publique reste profondément divisée sur la manière de qualifier la guerre qui a éclaté le 13 avril 1975 : 40,7 % la décrivent comme une guerre civile libanaise, tandis que 38,5 % la considèrent comme une guerre « menée sur notre sol ».

Une plus petite partie (8,8 %) considère qu'il s'agit avant tout d'une guerre liée aux problèmes de la colonisation palestinienne.

L'information sur la guerre continue d'être transmise principalement par des canaux personnels : 81,9 % des personnes interrogées citent leur famille et leurs amis comme leur principale source d'information, suivis par les médias (44,8 %), l'expérience personnelle (28,3 %) et le monde universitaire (13,4 %), selon le sondage.  

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com