Autrefois capitale des dirigeants arabes, l'ancienne ville du sud du Pakistan est aujourd'hui oubliée

Un sanctuaire dans l'ancienne ville de Mansourah dans le Sind, au Pakistan, le 30 mars 2023. (Photo AN)
Un sanctuaire dans l'ancienne ville de Mansourah dans le Sind, au Pakistan, le 30 mars 2023. (Photo AN)
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Publié le Mercredi 26 avril 2023

Autrefois capitale des dirigeants arabes, l'ancienne ville du sud du Pakistan est aujourd'hui oubliée

  • Mansourah, qui s'était autrefois distinguée dans le monde comme principal centre d'activités commerciales et culturelles, peut aujourd’hui à peine fournir des infrastructures de base à ses habitants
  • Des preuves archéologiques montrent que des personnes de différentes confessions vivaient en harmonie dans la ville antique sous la domination des Arabes

MANSOURAH, Sind: Autrefois capitale des dirigeants arabes, l'ancienne ville de Mansourah, également appelée «Brahmanabad», est aujourd’hui une partie oubliée de l'Histoire, les habitants affirmant que la ville qui avait vu autrefois s’élever des dynasties ne peut même plus leur offrir les infrastructures de base.

Aujourd'hui, seulement un peu plus de cent familles vivent à Mansourah, qui était au VIIIe siècle la capitale historique de la province du califat du Sind, ainsi qu’un centre commercial florissant, sous le califat omeyyade puis le califat abbasside, de 750 à 1006 ap. J.-C. Auparavant, la ville était gouvernée par la tribu bouddhiste Lohana, au milieu du VIIe siècle.

Située sur la rive du fleuve Indus, à environ 200 km au nord de l'actuelle Karachi, la ville est devenue une destination majeure pour les cargos et les navires de passagers arrivant de la mer d'Oman, sous les nouveaux dirigeants omeyyades. Cependant, plus tard, le fleuve qui reliait autrefois Mansourah aux principaux centres d'affaires de la région par les voies maritimes a changé de cours au fil des siècles. Il coule maintenant à une distance d'environ 50 km de la ville.

«Les Arabes ont conquis Brahmanabad et l'ont nommée Al-Mansourah», explique le professeur Altaf Aseem, célèbre archéologue, à Arab News.

La ville avait un grand fort avec plus de 1 400 bastions aux alentours avant même l'arrivée des forces musulmanes, indique Aseem, ajoutant que les dirigeants arabes avaient suivi une «planification urbaine convenable» en reconstruisant la ville et en en faisant une cité florissante dont la richesse dépassait celle de Moultan, qui était à cette époque l'un des centres commerciaux les plus prospères de la région.

Piaro Khan, qui supervise les sites archéologiques de la région, assure que les ruines de la Vieille ville ont été découvertes pour la première fois par John Bellasis dans les années 1850. Après la séparation du Pakistan de l'Inde britannique en 1947, le gouvernement a organisé plusieurs projets de fouilles entre 1966 et 1998. La dernière a été effectuée par l'administration provinciale du Sind il y a environ trois ans. Au cours de celle-ci, de nombreux vestiges, notamment de la poterie et des pièces de monnaie, ont été découverts.

Les preuves archéologiques ont confirmé la nature multiconfessionnellle et pluraliste de la société sous la domination arabe, selon les archéologues.

«Nous avons trouvé quatre heurtoirs de porte… de la zone qui s'appelle maintenant Dar-ul-Oumara, le secrétariat de la ville», affirme Mohammed Shah Boukhari, coordinateur du projet au Département des antiquités et de l'archéologie. «L'inscription qu’ils portent est en écriture coufique gravée dans un style très fin et délicat. Elle est au niveau des inscriptions trouvées à l'époque à Bagdad, en Syrie et en Afrique du Nord.»

L'inscription arabe sur les heurtoirs de portes était accompagnée de la représentation d'un dieu hindou, reflétant l'harmonie religieuse dans la région sous la domination arabe, précise Boukhari, ajoutant que les archéologues avaient également trouvé au milieu des vestiges des traces de la culture bouddhiste et plusieurs objets non islamiques.

«Cela signifie (que le peuple) a été autorisé à poursuivre ses pratiques rituelles (sous les Arabes)», souligne l'archéologue Aseem, ajoutant que la première traduction du Saint Coran en langue sindi a également été effectuée à Mansourah.

Après les Arabes, la dynastie Soumrah du Sind a régné sur la ville en 1 011, avant que Mahmoud de Ghazni ne la détruise pour punir ses habitants d'avoir refusé de coopérer avec lui lors de sa célèbre campagne militaire contre Somnath en 1 025.

Aseem cite Bellasis, qui a affirmé qu'il y avait à la suite de cette attaque des cadavres «dans chaque rue de Mansourah». Les archéologues pensent également que Mahmoud a mis le feu à la ville. C’est ce dont témoignent des couches archéologiques découvertes lors des fouilles.

Mansourah, pratiquement rasée, fut aussi victime plus tard de la nature, oubliée après que le fleuve Indus a pris un autre cours loin de la ville. Le fleuve n'avait pas seulement été une source de subsistance pour les habitants, aidant à l'agriculture et procurant de l'eau potable, mais il servait également d’important moyen de communication.

«C'était la principale source de connexion pour le commerce et les échanges», assure Aseem. Aujourd'hui, les habitants de Mansourah affirment que la ville manque des infrastructures les plus basiques.

«Il y avait deux écoles ici qui ne sont plus opérationnelles, car il n'y a plus d'enseignants», a explique Jamal Din Sehto, un enseignant du village à la retraite. «Ici, il n'y a ni eau ni électricité. Il n'y a rien.»

Boukhari note que Mansourah s'était autrefois distinguée dans le monde comme principal centre d'activités commerciales et culturelles, et que les pays arabes devraient soutenir ses fouilles et participer aux recherches ainsi qu’à sa préservation. «Les Arabes devraient y prêter leur attention», a-t-il dit, «et la considérer comme leur propre culture».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.