ZURICH: UBS devrait afficher mardi de solides résultats trimestriels, une bonne santé dont le numéro un de la banque helvétique aura bien besoin pour digérer la fusion forcée avec sa rivale Credit Suisse.
Comme ses concurrentes dans le monde entier, le géant suisse devrait pâtir – non sans ironie pour une banque qui vient d'être forcée de racheter sa rivale au bord de la faillite – du manque d'appétit des entreprises pour les fusions, les acquisitions et autres entrées en Bourse.
Pour le premier trimestre, les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablent sur une baisse de son bénéfice net aux environs de 1,7 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros), contre 2,1 milliards de dollars un an plus tôt.
"Nous nous attendons à un trimestre plus faible dans la banque d'affaires", présagent les analystes de la Banque cantonale de Zurich.
Ses activités de banque de détail en Suisse devraient en revanche avoir bénéficié de la hausse des taux d'intérêts, selon eux.
Les banques américaines ont donné le ton.
Citigroup, Wells Fargo et Bank of America ont publié des résultats trimestriels meilleurs qu'attendu grâce à une hausse des revenus générés par les produits liés aux intérêts. Les banques d'affaires comme Goldman Sachs et Morgan Stanley ont en revanche été affectées par une baisse des opérations de marché.
La banque d'investissement représente environ un quart des revenus d'UBS.
Les investisseurs seront surtout à l'affût de détails sur la fusion avec Credit Suisse, qui s'est contenté lundi de publier un communiqué sur ses résultats trimestriels. Probablement les derniers de la banque dans sa configuration actuelle.
Ils ont montré la situation désespérée au début de l'année du numéro deux du secteur en Suisse.
"C'est plutôt la direction d'UBS qui sera susceptible de devoir répondre aux questions sur la situation de Credit Suisse", souligne Flora Bocahut, analyste chez Jefferies, dans une note de marché.
Entrées ou sorties de fonds
UBS a accepté le 19 mars, sous la pression des autorités suisses, d'acheter sa compatriote pour 3 milliards de francs suisses.
Sans ce sauvetage, Credit Suisse se serait vraisemblablement trouvé en cessation de paiement le 20 ou le 21 mars, a expliqué récemment le président de la Confédération Alain Berset.
Les résultats trimestriels de Credit Suisse ont montré l'urgence et la difficulté de la tâche qui attend UBS.
Les retraits de capitaux au premier trimestre se sont chiffrés à 61,2 milliards de francs suisses, s'ajoutant aux 110,5 milliards déjà extraits au quatrième trimestre.
Et, malgré un ralentissement, la situation ne s'est pas inversée après l'annonce du rachat.
Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote, compte aussi regarder l'évolution des entrées et des sorties de fonds chez UBS, a-t-elle indiqué, même si la fusion ne devrait pas donner lieu à des mouvements "dramatiques".
Entre autres, selon elle, parce que "déplacer des fonds vers des banques régionales plus petites n'est pas nécessairement la meilleure option pour les clients".
L'intégration de Credit Suisse va être une opération "complexe" parsemée d'embûches, a prévenu Colm Kelleher, président d'UBS.
Pour mener à bien cette intégration, la banque a rappelé son ancien patron Sergio Ermotti.
Aux commandes de 2011 à 2020, il a mené une grande restructuration qui a donné un nouveau souffle au géant bancaire mis à genoux pendant la crise financière de 2008 et sauvé in extremis par l'Etat fédéral.
Pour gérer une intégration extrêmement délicate du fait de la taille et de la complexité de la machine Credit Suisse, UBS a créé un poste de responsable du contrôle des risques. Cette dernière a aussi annoncé lundi que son actuel responsable de la gestion des risques resterait à son poste plus longtemps afin de l'épauler.
Cette intégration va être une tâche "herculéenne", a prévenu Lukas Gähwiler, vice-président d'UBS, lors d'une assemblée générale début avril.
Il a précisé que, dans un premier temps, la banque aurait besoin de davantage de collaborateurs pour réaliser cette intégration.