BEYROUTH: L'ONG Amnesty International a appelé lundi les autorités libanaises à "cesser les déportations illégales de réfugiés syriens", de crainte qu'ils ne soient "torturés ou persécutés" par le gouvernement syrien à leur retour dans le pays en guerre.
L'appel de l'ONG intervient après que le Liban a expulsé en avril une cinquantaine de Syriens vers leur pays, au moment où un sentiment antisyrien gagne le Liban touché par la crise économique.
"Aucun réfugié ne devrait être renvoyé dans un endroit où sa vie est en danger", a déclaré Aya Majzoub, directrice régionale adjointe à Amnesty International, citée dans un communiqué transmis à l'AFP.
Des centaines de milliers de Syriens ont fui vers le Liban voisin après le début de la guerre en 2011 et la répression brutale des manifestations contre le régime du président Bachar al-Assad.
Selon les autorités, environ deux millions de réfugiés syriens se trouvent sur le territoire libanais. Près de 830 000 d'entre eux sont enregistrés auprès des Nations unies.
Dans son rapport, Amnesty fait état de l'expulsion après des perquisitions à leur domicile par l'armée libanaise de dizaines de réfugiés entrés illégalement au Liban ou détenant des cartes de séjour expirées.
L'ONG mentionne notamment les propos de Mohammed, le frère d'un des réfugiés expulsés, selon lequel ces derniers ont été "reconduits directement à la frontière et remis à l'armée syrienne".
"Il est extrêmement alarmant de voir l'armée décider du sort des réfugiés, sans respecter les garanties d'une procédure régulière", a ajouté Aya Majzoub.
"Au lieu de vivre dans la peur (...) les réfugiés vivant au Liban devraient être protégés des raids arbitraires et des déportations illégales", a-t-elle poursuivi.
Depuis que le régime de M. Assad a repris le contrôle de la majeure partie de la Syrie, certains pays d'accueil ont cherché à expulser les réfugiés, invoquant une relative accalmie.
Le Liban a tenté à plusieurs reprises des rapatriements décrits comme volontaires mais des groupes de défense des droits humains les considèrent forcés, affirmant que certains réfugiés ont été torturés et persécutés à leur retour en Syrie.