PARIS: Déjà ciblés en début d'année, les rendez-vous médicaux non honorés sont toujours dans la ligne de mire d'Emmanuel Macron, qui souhaite "sanctionner" les patients indélicats, alors que son gouvernement s'y est jusqu'ici montré réticent.
L'exécutif fait feu de tout bois pour "dégager du temps médical". Le chef de l'Etat l'a répété dimanche dans Le Parisien: "La réponse est multifactorielle". Et d'énumérer des solutions classiques, comme "former plus" de soignants ou "investir sur l'hôpital".
Mais il faut aussi "responsabiliser mieux les patients", ajoute-t-il, annonçant que "ceux qui ne viennent pas aux rendez-vous, on va un peu les sanctionner".
Des propos qui rappellent ses voeux aux acteurs de la santé, début janvier. "Trop de temps médical est gaspillé par un excès d'imprévoyance, de la désinvolture, avec en particulier des rendez-vous non honorés", avait alors affirmé le président de la République.
Il n'était alors pas question de sanction, seulement d'un "travail engagé avec l'Assurance maladie" afin de s'attaquer à ce problème.
En commençant par cerner l'ampleur du phénomène. Du côté des médecins, l'Ordre, l'Académie et des syndicats comme l'UFML l'ont estimé à 27 millions de consultations perdues chaque année
"Le diagnostic est encore incertain", a objecté le ministre de la Santé, François Braun, en février lors de l'examen d'une proposition de loi au Sénat, disant avoir "des doutes sur le nombre de consultations non honorées chez les médecins".
Ce qui n'a pas empêché la chambre, dominée par la droite, de voter le principe d'une "indemnisation du médecin à la charge du patient fautif". Dans leur élan, les sénateurs ont même étendu la mesure à "tout professionnel de santé concerné par un rendez-vous non honoré".
Ces dispositions ont ensuite été retirées par les parlementaires en commission mixte paritaire et ne figurent donc pas dans le texte qui sera soumis aux votes des deux assemblées les 9 et 10 mai.
"réponse simpliste"
"Il n'y a pas de solution miracle ou automatique", explique l'entourage de M. Braun, soulignant que "l'une des clés est déjà de continuer à sensibiliser et à informer sur les conséquences d'un rendez-vous non honoré".
Le ministère cherche encore le bon angle de tir pour débusquer les "récidivistes des +lapins+" et "mettre un terme aux comportements manifestement abusifs", sans pénaliser "la majorité des oublis".
Des travaux sont bien prévus, non seulement avec l'Assurance maladie, mais aussi avec les médecins, les plateformes de prise de rendez-vous et les associations de patients.
Porte-voix de ces derniers, Gérard Raymond est d'autant plus surpris de la prise de position du chef de l'Etat. "Dire qu'on va faire payer les patients n'est pas à la hauteur de l'enjeu", réplique le président de France Assos Santé - qui regroupe 90 associations de malades et d'usagers du système de santé.
"On est vent debout contre cette solution simpliste", insiste-t-il, rappelant qu'une pénalité financière est pour l'heure "contraire à la loi, car un médecin ne peut pas faire payer une consultation qu'il n'a pas faite".
Pour éviter d'en arriver là, le salut pourrait venir des plateformes. Le leader du marché, Doctolib, a promis d'améliorer d'ici septembre son "système de rappels" pour "limiter tant que possible les oublis".
Un test est également mené chez 5.000 médecins - généralistes et pédiatres - pour abaisser le "délai d'annulation" minimal à "une ou deux heures avant le rendez-vous" contre 4 heures actuellement. Avec l'espoir de réduire la part de "pas venu, pas prévenu", aujourd’hui de l'ordre de 3,4% des patients dans ces spécialités.