Pris au piège, les civils soudanais en situation d'urgence humanitaire/node/373226/monde-arabe
Pris au piège, les civils soudanais en situation d'urgence humanitaire
Le Soudan souffrait déjà de problèmes accrus avant la flambée de violence de la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
Le Soudan souffrait déjà de problèmes accrus avant la flambée de violence de la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
Le Soudan souffrait déjà de problèmes accrus avant la flambée de violence de la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
Le Soudan souffrait déjà de problèmes accrus avant la flambée de violence de la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
Le Soudan souffrait déjà de problèmes accrus avant la flambée de violence de la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
Le Soudan souffrait déjà de problèmes accrus avant la flambée de violence de la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 avril 2023
Rawan Radwan
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Pris au piège, les civils soudanais en situation d'urgence humanitaire
Des millions de civils avaient déjà désespérément besoin d'assistance bien avant la dernière flambée de violence
Les troubles politiques, les difficultés économiques, les violences intercommunautaires et la sécheresse avaient déjà mis le Soudan au bord du gouffre
Publié le Lundi 24 avril 2023
Rawan Radwan
DJEDDAH: Après des décennies de conflits et de troubles politiques, la récente et soudaine reprise des combats au Soudan entre factions militaires rivales menace de faire basculer des pans entiers de la population dans une catastrophe humanitaire encore plus grave.
Le 15 avril, après des semaines de tensions, des affrontements ont éclaté dans la capitale Khartoum entre les forces armées soudanaises d'Abdel Fattah Al-Burhan et les Forces de soutien rapide de Mohammed Hamdan Dagalo, dit Hemedti.
Des vidéos montrent des avions de ligne en feu sur les aires de trafic de l'aéroport international de la ville, et des avions de chasse survolant la ville. Des bâtiments sont criblés de balles et le grondement de l'artillerie se fait entendre dans toute la capitale.
«La flambée de violence a perturbé la vie dans la capitale», a déclaré Abdullah Mukhtar, un habitant de Khartoum, à Arab News. Sa maison familiale est privée d'électricité depuis le début des combats.
«Entre 70 et 80% des habitants de la capitale sont des travailleurs journaliers, et s'ils perdent leur revenu, ils devront se débrouiller pour subvenir à leurs besoins, et comme nous l'avons entendu et vu, il y a beaucoup de pillage», a-t-il ajouté, indiquant que le quartier est plongé dans l'obscurité la plus totale, tout comme les zones voisines.
Le Soudan était déjà confronté à de graves problèmes humanitaires avant le déclenchement des violences à la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
«Les supermarchés sont déserts et pillés, et les gens souffrent les uns après les autres. Franchement, il n'y a pas la moindre aide apportée dans la ville, si ce n'est par des initiatives citoyennes. C'est une zone de guerre et c'est très dangereux.»
«Je n'ai vu aucun des deux camps apporter de l'aide humanitaire, ni même les organisations internationales, ce qui est compréhensible. Comment peuvent-elles atteindre la capitale alors que l'aéroport a été jugé techniquement impropre à l'atterrissage?», s’est-il interrogé.
Des millions de civils soudanais, désormais pris entre les feux des deux factions rivales, avaient déjà désespérément besoin d'une aide humanitaire, dont une grande partie a été suspendue depuis le coup d'État militaire de 2021.
Des milliers de personnes ont quitté la capitale et beaucoup tentent encore de fuir les violences. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a déclaré jeudi qu'entre 10 000 et 20 000 personnes avaient fui la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, au cours des derniers jours, pour se réfugier au Tchad, pays voisin qui accueille déjà plus de 370 000 réfugiés soudanais du Darfour.
Le Soudan connaît depuis des années une situation humanitaire fragile en raison de décennies de sanctions, de la dégradation de l'économie, des violences intercommunautaires, des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique et des crises politiques.
Le Soudan était déjà confronté à de graves problèmes alimentaires avant le déclenchement des violences à la fin de la semaine dernière (Photo, AFP).
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) estime que, même avant les derniers combats, environ 15,8 millions de personnes sur les 45,6 millions d'habitants du Soudan (2021) auront besoin d'une aide humanitaire en 2023, contre 1,5 million en 2021.
Parmi ces personnes, environ 11 millions ont besoin d'une aide urgente pour des raisons de santé physique et mentale qui mettent leur vie en danger.
Les organismes d'aide craignent à présent que la situation ne s'aggrave encore.
«Je crains surtout que le conflit actuel ne dégénère en une véritable guerre civile et que d'autres acteurs régionaux ne s'impliquent et ne fournissent d'autres armes. Cela entraînerait non seulement davantage de morts parmi les civils, mais bloquerait également l'accès à l'aide pour des millions de personnes déjà dans le besoin», a déclaré à Arab News Daniel Sullivan, directeur de Refugees International pour l'Afrique, l'Asie et le Moyen-Orient.
«Les combats, les tirs d'obus et les bombardements aériens dans les zones urbaines ont causé la mort d'un grand nombre de civils et privé les populations de nourriture, d'eau et d'accès aux soins médicaux. Des progrès avaient été réalisés dans la distribution de l'aide, l'obligation de rendre des comptes et la préparation du retour à un régime civil, mais les dernières violences ont anéanti toute dynamique positive. Plus inquiétant encore, le conflit aempêché les organismes d'aide d'atteindre des millions de personnes ayant déjà besoin d'assistance», a-t-il ajouté.
EN CHIFFRES
45,6 millions d'habitants au Soudan en 2021
15,8 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë
3,6 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays
En tant qu'organisation de plaidoyer, Refugees International ne mène pas d'opération humanitaire au Soudan. M. Sullivan a fait part de son inquiétude pour les groupes partenaires locaux et internationaux qui ont été contraints de suspendre leurs activités et, dans certains cas, se sont retrouvés directement sous les feux de l'ennemi.
«Les combats au Soudan ont interrompu la livraison de nourriture et poussé les organisations humanitaires à suspendre leurs activités, ce qui pourrait mettre des millions de personnes en danger d'insécurité alimentaire», a-t-il indiqué.
Le 19 avril, les responsables du ministère soudanais de la Santé ont mis en garde contre un «effondrement total», 16 hôpitaux étant hors service. Selon l'OCHA, les hôpitaux de Khartoum manquent de matériel médical en raison des pillages et de l'interruption des livraisons.
«Le gouvernement, l'État, fournit à 1% de la population les services de base, de soins médicaux et de santé, parce que l'État lui-même se trouve dans une situation fragile, sans pour autant être un État failli. Il ne répond pas aux besoins du peuple soudanais», a déclaré à Arab News Ahmed Gurashi, rédacteur en chef de la chaîne Al Arabiya News.
«La pénurie et les lacunes du système existaient déjà auparavant. Mais maintenant, nous prévoyons une crise dans la foulée. Dieu seul sait quand les Soudanais pourront surmonter cette crise. Après la crise, les conséquences se feront sentir. Ce sera énorme, c'est une catastrophe qui se prépare», s’est-il désolé.
Asma Yassin, volontaire médicale soudanaise à Khartoum, a indiqué à Arab News que la situation était difficile car «la plupart du personnel hospitalier a évacué les hôpitaux et les patients ont été renvoyés dans leurs familles».
Parallèlement, toutes les activités bénévoles ont été interrompues, les rues étant jugées dangereuses.
Des personnes remplissent des barils d'eau dans le sud de Khartoum, le 22 avril 2023, dans un contexte de pénurie d'eau causée par les batailles en cours entre les forces rivales de deux généraux soudanais (Photo, AFP).
«Nous apprenons qu'il y a une pénurie de médicaments vitaux tels que l'insuline et la Ventoline, ainsi qu'une pénurie de ventilateurs et d'oxygène.»
«Plusieurs cliniques de fortune ont été mises en place dans des maisons privées pour fournir ces médicaments aux patients, et certains Soudanais de l'étranger ont même transféré de l'argent pour assurer la distribution des médicaments.»
«Mais c'est très difficile car la plupart des districts (de Khartoum) sont privés d'électricité et d'eau depuis samedi, car les stations d'eau ont été touchées et les travailleurs ne sont pas en mesure de les atteindre pour les remettre en état de marche», a noté Mme Yassin.
Malgré les efforts des agences d'aide et des organisations non gouvernementales, Mme Yassin a souligné que les bénévoles soudanais faisaient de leur mieux pour livrer de l’eau par camion dans certains quartiers. «Mais tout le monde n'a pas cette chance», a-t-elle ajouté.
«Lorsque l'on parle de catastrophe, certains diront qu'il s'agit d'une exagération décrivant la réalité même du peuple soudanais», a déclaré M. Gurashi. «Si les blessés n'ont pas accès (aux services), ils mourront. Quant aux besoins essentiels, même si vous avez de l'argent, vous ne pouvez pas les trouver, vous ne pouvez pas vous les procurer.»
«Si ce conflit se termine à Khartoum, au cœur de Khartoum, nous y trouverons beaucoup de personnes âgées mortes à cause du manque d'accès aux médicaments et aux soins de santé. D'autres personnes blessées ou ayant besoin d'aide pendant cette période mourront certainement parce qu'aucun service ne leur sera fourni et qu'aucun accès aux services ne sera possible. C'est le problème le plus délicat», a-t-il affirmé.
La distribution de l'aide internationale a été interrompue cette semaine après que trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués au cours des combats, ce qui a conduit l'organisme soutenu par les Nations unies à suspendre ses opérations.
Dans un communiqué publié à la suite des décès, la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain, a déclaré: «Les travailleurs humanitaires sont neutres et ne devraient jamais être pris pour cible.»
Cindy McCain (Photo, Fournie).
Cindy McCain
Au cours de la majeure partie de son histoire, le Soudan a été en proie à des conflits internes, notamment deux des plus longues guerres civiles du continent africain et les conflits du Darfour, du Kordofan méridional et du Nil Bleu.
Ces conflits ont détruit les infrastructures du pays, perturbé son secteur agricole et menacé la santé publique, en particulier en matière de nutrition et de sécurité alimentaire.
Bien avant le début des combats le 16 avril, les denrées alimentaires, les médicaments et les projets de développement social étaient limités, ce qui a nécessité une aide d'urgence extérieure chaque année depuis 1984.
La situation s'est aggravée en raison des profondes inégalités dans la répartition des richesses et du pouvoir entre le centre et la périphérie, des déplacements massifs de population et du fléau quasi permanent de la sécheresse.
Le Soudan a subi des sécheresses répétées et prolongées de 1980 à 1984, de 1985 à 1993, en 1996, en 2001 et, plus récemment, l'année dernière, qui ont entraîné de graves pénuries alimentaires et détruit les moyens de subsistance des travailleurs agricoles. Le secteur de l'agriculture fournit non seulement de la nourriture, mais permet également d'atténuer la pauvreté.
Sur cette photo du 9 octobre 2019, des Soudanais font la queue pour recevoir de l'aide humanitaire dans un camp pour personnes déplacées à l'intérieur du pays à Niyala, capitale de l'État du Darfour. Le personnel des organisations humanitaires fuient la guerre au Soudan, ce qui risque d'aggraver la crise humanitaire (Photo, AFP).
Selon la Banque mondiale, l'agriculture génère 35 à 40% du produit intérieur brut du Soudan et emploie entre 70 et 80% de la main-d'œuvre dans les zones rurales, où vit environ 65% de la population.
En l'absence de revenus pétroliers, la croissance s'est essoufflée, tandis que le problème de la dette du pays n'est toujours pas résolu. La pauvreté et la malnutrition, déjà importantes, se sont aggravées.
Après le coup d'État militaire de 2019 qui a renversé Omar el-Béchir, un gouvernement de transition a pris le relais, menant d'ambitieuses réformes économiques et sociales et engageant des négociations de paix avec les groupes armés.
En 2021, le Soudan a reçu l'approbation du Fonds monétaire international pour un allègement de plus de 56 milliards de dollars de sa dette et un nouveau financement d'une valeur de 2,5 milliards de dollars sur une période de trois ans.
L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont également convenu d'envoyer une aide d'une valeur de 3 milliards de dollars, dont 500 millions de dollars déposés à la banque centrale soudanaise et le reste versé sous forme de nourriture, de médicaments et de marchandises.
Toutefois, ce début prometteur a été rapidement interrompu en 2021 lorsque les militaires ont lancé un nouveau coup d'État, entraînant la suspension des programmes de développement et d'allègement de la dette et un retour à l'impasse politique.
Les agences d'aide craignent que les dernières violences n'entraînent de nouveaux déplacements de population. Selon l'OCHA, le Soudan accueille environ 1,1 million de réfugiés d'autres pays, ce qui constitue l'une des plus importantes populations de réfugiés en Afrique.
Parmi eux, figurent plus de 800 000 Sud-Soudanais et environ 126 000 Érythréens.
Cependant, le Soudan compte également environ 3,6 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, principalement dans la région du Darfour, qui connaît une instabilité et des épisodes de nettoyage ethnique depuis près de vingt ans. Quelque 4 millions de Soudanais vivent dans l'Égypte voisine.
Selon le New York Times, plus de 15 000 personnes ont déjà fui la région du Darfour pour se réfugier au Tchad.
Pour les habitants de Khartoum comme Mukhtar, pris entre deux feux, fuir le pays est peut-être la seule option pour garantir leur sécurité, un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre, ni un risque que tout le monde est prêt à prendre.
«Tout le monde est sur le qui-vive et la situation est à son comble pour les habitants de la ville», raconte Mukhtar, sur fond de coups de feu.
«Ceux qui ont réussi à s'en sortir sont en sécurité. Ce sont ceux qui ne peuvent pas partir, les malades, qui souffriront le plus à cause du manque de services de santé, et les défavorisés.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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AFP
Publié le 27 novembre 2025
L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes
Publié le Jeudi 27 novembre 2025
AFP
27 novembre 2025
JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.
"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.
"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".
L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."
En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.
L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.
Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.
"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.
La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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Najia Houssari
Publié le 27 novembre 2025
Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah
Publié le Jeudi 27 novembre 2025
Najia Houssari
27 novembre 2025
BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.
L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.
La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.
Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.
Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.
Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.
Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.
Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.
La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.
L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.
Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.
Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.
Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.
L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.
Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.
Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »
La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.
« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».
Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.
« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.
Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.
« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.
Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.
« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.
Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »
L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »
Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »
Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.
Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».
Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »
Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».
Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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AFP
Publié le 27 novembre 2025
Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner
Publié le Jeudi 27 novembre 2025
AFP
27 novembre 2025
JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.
"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.
"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.
"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.
"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.
Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.
En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.
L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.
Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.