Les doutes d'un village pro-Macron, un an après l'avoir réélu haut la main

Le quotidien Le Monde avec une photo du président français Emmanuel Macron en première page à l'imprimerie des journaux CIRA à Saint-Vulbas, dans l'est de la France, le 20 avril 2023. (AFP).
Le quotidien Le Monde avec une photo du président français Emmanuel Macron en première page à l'imprimerie des journaux CIRA à Saint-Vulbas, dans l'est de la France, le 20 avril 2023. (AFP).
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Publié le Samedi 22 avril 2023

Les doutes d'un village pro-Macron, un an après l'avoir réélu haut la main

  • «Je ne sais même plus pour qui je vais voter à la prochaine élection, ni même si je vais voter», confie un employé communal, qui avait pourtant opté dès le premier tour pour le candidat Macron, en 2017 puis en 2022
  • Vigoulet-Auzil est décrit par ses habitants comme un village "bourgeois", "plutôt à droite", à l'image de beaucoup d'autres communes situées sur ces coteaux au sud de Toulouse

VIGOULET-AUZIL : Avec plus de 80% des suffrages au second tour, la réélection d'Emmanuel Macron n'a pas fait un pli à Vigoulet-Auzil, petit village proche de Toulouse: un "vote d'adhésion" selon le maire, qu'un an plus tard certains habitants remettent en question.

"Je ne sais même plus pour qui je vais voter à la prochaine élection, ni même si je vais voter", confie Olivier Jean-Alphonse, employé communal, qui avait pourtant opté dès le premier tour pour le candidat Macron, en 2017 puis en 2022.

Convaincu que ce dernier pouvait "apporter un nouveau souffle à la politique", cet électeur de 51 ans se dit "déçu" par la réforme des retraites et le recours à l'article 49.3 de la Constitution, pour la faire passer sans vote.

Le chef de l'Etat "reste trop sur ses positions. Il y a un problème de méthode", soutient-il.

Laurence Ramuscello, aide-soignante, également quinquagénaire, fait un constat similaire: "On a l'impression qu'il est déterminé et qu'il ne veut pas s'encombrer avec l'avis des autres. Déjà les gilets jaunes, il les a complètement sous-estimés".

Celle qui se décrit comme "modérée" et votait auparavant pour François Bayrou, ne regrette pas pour autant d'avoir apporté son suffrage au président sortant. "Les autres n'auraient pas fait mieux et aujourd'hui, il n'y a personne en face de crédible", dit-elle.

Macron plébiscité

Le plébiscite d'Emmanuel Macron l'an dernier dans la commune n'a pas été une surprise: en 2017 déjà, il y avait recueilli 84% des suffrages au second tour.

Les habitants ont aussi élu un maire, Jacques Ségéric, qui se dit "Macron compatible", et ont voté à plus de 70% pour une députée de la majorité présidentielle, Dominique Faure, désormais ministre déléguée en charge des Collectivités territoriales et de la Ruralité.

Avec ses grandes villas cachées par des cyprès, qui ont vue sur les Pyrénées ou la Garonne, Vigoulet-Auzil est décrit par ses habitants comme un village "bourgeois", "plutôt à droite", à l'image de beaucoup d'autres communes situées sur ces coteaux au sud de Toulouse. La plupart ont d'ailleurs voté aussi à plus de 70% pour l'actuel président.

Le village, surnommé "cité du cheval", compte trois centres équestres et plus de 150 chevaux pour environ 900 habitants. Mais il ne dispose que de peu de commerces, à l'exception d'un restaurant et d'un atelier d'art.

Selon le maire, il n'y a "pas de pauvres". La plupart des habitants travaillent à Toulouse ou dans les communes alentour et se sont installés ici "pour les paysages et la nature".

«Horreur de l'extrême droite»

Dès le premier tour l'an dernier, Emmanuel Macron a ainsi récolté 43% des votes à Vigoulet-Auzil, bien au-delà des 27% au niveau national. "Est-ce que comme leur maire, les habitants ont aussi horreur de l'extrême droite? Je l'espère", ajoute Jacques Ségéric pour expliquer le résultat du second tour.

Environ 17% des habitants ont tout de même choisi le Rassemblement national (RN), comme Katell Le Noach, 44 ans, arrivée il y a deux ans pour travailler dans un centre équestre.

"J'ai voté écolo au premier tour, puis Le Pen au deuxième. J'ai toujours voté à gauche donc je m'en suis un peu voulu. Mais pour moi, ce que la gauche et l'extrême droite ont en commun, c'est qu'ils sont pour le peuple", assure cette mère célibataire, qui reproche à Emmanuel Macron de ne pas s'intéresser "aux problèmes des gens des cités", ou sa politique sur la vaccination contre le Covid.

Mohamed Manssauri, maçon d'une cinquantaine d'années, qui vit dans une commune voisine, approuve: "J'ai voté Macron deux fois pour éviter Le Pen, parce que je suis Marocain et qu'à chaque élection, on a peur" de sa politique sur l'immigration. "Mais j'en ai marre de cette politique et je crois que Marine Le Pen commence à montrer un autre visage. Alors pour moi, à la prochaine élection, ce sera Mélenchon ou Le Pen."

Ces positions "désolent" le maire, qui dénonce la "démagogie" du RN, mais ne le surprennent pas. "Personnellement, je reste macroniste parce que je ne vois personne capable de faire le job comme il le fait", assure l'élu, qui attend tout de même du président un virage à gauche.


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
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  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.


Budget: «pas de catastrophe annoncée» tempère Braun-Pivet face aux menaces de censure

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
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  • "J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe"
  • Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025.

"J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe", a déclaré Mme Braun-Pivet, invitée sur Sud Radio.

"Le gouvernement peut présenter au Parlement ce qu'on appelle une loi spéciale pour prélever les impôts à partir du 1er janvier, il peut y avoir reconduction des dépenses par décret pour pouvoir payer les fonctionnaires, les retraités, etc. (...) Je ne veux pas inquiéter nos compatriotes. Nous sommes en responsabilité réelle", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur les pressions auxquelles est confronté le Premier ministre Michel Barnier - Marine Le Pen pour l'extrême droite puis Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu lundi leurs menaces de censure du gouvernement après leurs entretiens avec le locataire de Matignon - Yaël Braun-Pivet considère qu'il s'agit plutôt de "positions politiques".

"Le rôle du Premier ministre, lorsqu'il construit un budget, c'est de prendre en compte les expressions des parlementaires élus de la nation représentant les Français. (...) Il faut faire des choix et c'est justement ça qui lui incombe en tenant compte des opinions et des expressions politiques des uns et des autres".

Face à l'intention du RN de voter la censure si le budget restait "en l'état" selon Marine Le Pen, la présidente de l'Assemblée nationale a rappelé que la motion de censure est "un droit constitutionnel qui appartient aux parlementaires" et appelé à ce que "chacun se mette dans une position constructive pour le bien de notre pays".

Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts.

Le chef des députés macronistes Gabriel Attal, qui était reçu mardi matin avec les autres dirigeants du "socle commun", a redit lundi ses "doutes" à ce sujet mais jugé Marine Le Pen "totalement irresponsable", en marge d'un déplacement dans l'Orne.


France: la menace de la censure s'accroît sur le gouvernement Barnier

Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
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  • Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire
  • Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise

PARIS: Le risque de censure s'est accru lundi sur le gouvernement français: la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen et Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu leurs menaces en ce sens, après des entretiens avec le Premier ministre conservateur Michel Barnier.

Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire.

Une censure ne serait pas "le chaos", a souligné Mme Le Pen après avoir été reçue lundi par M. Barnier.

Alors que selon elle le Premier ministre a "campé sur ses positions", elle a affirmé que le RN ne "renoncer(ait) pas à défendre les Français", refusant de céder "à la petite musique (...) consistant à dire si jamais ce budget est refusé, s'il y a une censure, ça va être dramatique, ça va être le chaos".

Le RN est le parti comptant le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges).

Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise (gauche radicale), Mathilde Panot, qu'il a reçue ensuite.

A sa sortie de l'entretien, Mme Panot a appelé "l'ensemble des députés", y compris du RN, à voter la motion de censure. Elle a prévu de la déposer avec ses alliés du Nouveau front populaire (NFP) si le Premier ministre utilisait l'article 49.3 de la Constitution -qui lui permet de faire passer un texte sans vote- pour forcer l'adoption de son budget 2025 décrié.

Mme Panot a "acté des désaccords profonds" avec M. Banier, le budget étant selon elle "le plus violent socialement et écologiquement" de la Ve République.

Alors que la France est lourdement endettée et que le gouvernement veut faire voter de nombreuses économies, la gauche et l'extrême droite, qui s'y opposent, pourraient le faire tomber ensemble.

"Jusqu'à présent, on avait une opposition de style entre la gauche et le RN", observe le politologue du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Olivier Costa. "La gauche souhaitait censurer le gouvernement Barnier dès que possible, l'estimant illégitime, alors que l'extrême droite souhaitait le laisser œuvrer pour s'afficher en parti responsable".

Mais "pour la première fois depuis que Barnier est en poste, il y a un risque réel d'avoir une motion de censure contre lui", souligne-t-il.

- "Mort politique" -

Un raidissement attribué par nombre d'analystes aux ennuis judiciaires de Marine Le Pen, qui à l'instar de son parti est accusée de détournements de fonds publics européens, pour un préjudice de 4,5 millions d'euros.

Les réquisitions ont été lourdes à l'encontre de Mme Le Pen: cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, ce qui signifie qu'elle deviendrait inéligible dès le prononcé du verdict, même en cas d'appel.

"C'est ma mort politique qui est réclamée", considère la candidate trois fois malheureuse à la présidentielle française, qu'une condamnation empêcherait de concourir à celle de 2027.

Alors que le RN refuse officiellement de lier une éventuelle censure à ses ennuis judiciaires, le chercheur Olivier Costa voit dans les déclarations à répétition de ses cadres une "stratégie d'agitation" médiatique.

"Si le gouvernement Barnier tombe, plus personne ne se souciera du procès des assistants parlementaires du RN, alors qu'ils sont actuellement sous le feu de la rampe", estime-t-il.

- "Chienlit" -

Le vote de la motion de censure pourrait intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, si le gouvernement a recours à l'article 49.3.

"Est-ce que le RN passera réellement à l'acte? Je ne sais pas", souligne toutefois le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po Paris, interrogé par l'AFP. Car il y aura selon lui "un coût politique" pour ceux qui feront tomber l'exécutif.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", parce qu'"il n'existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement", a estimé le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a elle évoqué le risque d'"un scénario à la grecque" pour la France, la censure du budget pouvant selon elle plonger le pays dans une crise financière.