RAMSTEIN, Allemagne: Les alliés de l'Ukraine, pressés par Volodymyr Zelensky de livrer plus d'armes et de munitions, se retrouvent vendredi en Allemagne pour coordonner leur aide militaire à Kiev qui dit préparer une contre-offensive d'ampleur.
Organisée sur la base américaine de Ramstein, dans le sud de l'Allemagne, par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, la réunion se déroulera aussi en présence du patron de l'Otan, tout juste rentré de Kiev.
Jens Stoltenberg s'y est entretenu jeudi avec le président Volodymyr Zelensky qui n'a de cesse d'appeler les Occidentaux à livrer plus de blindés, d'artillerie, de munitions mais aussi des avions de combat et des systèmes de tirs de longue portée pour frapper les entrepôts russes, loin derrière la ligne de front.
Entre stocks insuffisants, crainte d'escalade et problèmes logistiques, Européens et Américains se sont montrés plus prudents que Kiev ne l'aurait voulu.
M. Zelensky a exhorté jeudi M. Stoltenberg à l'aider à "surmonter la réticence de (nos) partenaires concernant la livraison de certaines armes".
La livraison de chasseurs à l'Ukraine divise notamment les soutiens de Kiev, l'Allemagne se montrant particulièrement réticente.
La Slovaquie et la Pologne ont commencé à livrer à l'Ukraine des avions de chasse Mig-29 de conception soviétique.
Varsovie s'est dit prêt à donner tous ses exemplaires de chasseurs, soit une trentaine.
Mais l'envoi d'avions modernes de conception occidentale doit encore faire l'objet de discussions. Plusieurs pays ont affiché des ouvertures et une décision serait possible "avant l'été", a récemment affirmé le ministre danois de la Défense.
Ce sera l'un des sujets au menu des discussions à Ramstein qui réunissent les représentants d'une cinquantaine de pays.
L'Alliance est cependant focalisée sur les fournitures de munitions et de pièces détachées pour les systèmes déjà déployés en Ukraine, a souligné jeudi M. Stoltenberg.
Les Occidentaux ont fourni plus de 150 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, dont 65 milliards dans le domaine militaire, a-t-il rappelé.
Défense antiaérienne
Après avoir résisté tout l'hiver aux assauts russes sur le front de l'Est, les forces ukrainiennes préparent leur propre offensive pour le printemps ou l'été.
Si la défense acharnée de Bakhmout - la ville épicentre des combats dans l'est - a coûté cher aux assaillants russes, l'armée ukrainienne a aussi enregistré des pertes importantes et consomme de précieux stocks de munitions.
L'Ukraine a annoncé cette semaine avoir reçu les premiers systèmes américains de défense antiaérienne Patriot, une opération coordonnée par les Etats-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas.
Des chars de combat légers français AMX-10 se trouvent déjà sur le champ de bataille, tout comme des chars lourds britanniques et allemands livrés depuis fin mars après avoir été longtemps réclamés par Kiev.
"Je suis sûr qu'ils pourront faire la différence sur le terrain", avait assuré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius.
La visite de Jens Stoltenberg à Kiev a également été l'occasion pour Volodymyr Zelensky de presser l'Otan d'inviter son pays à rejoindre l'Alliance atlantique.
M. Stoltenberg a quant à lui réitéré le soutien de l'Alliance aux ambitions ukrainiennes mais n'a rien dit du calendrier, estimant que la priorité devait être de gagner la guerre.
"L'avenir de l'Ukraine est dans la famille euro-atlantique, l'avenir de l'Ukraine est dans l'Otan. En même temps, le principal objectif de l'Alliance, de ses membres, est de s'assurer que l'Ukraine l'emporte", a relevé le responsable.
Kiev réclame depuis des années cette adhésion, et plus encore depuis l'invasion russe de février 2022, y voyant la seule réelle garantie de sa sécurité face à Moscou.
Favorable sur le principe à l'intégration de ce pays, l'Otan se montre en revanche très vague sur les délais, une entrée dans l'organisation risquant de provoquer une escalade dans le conflit car la Russie considère un tel élargissement comme une ligne rouge.