CASABLANCA: La vie d’Achraf Hakimi n’est pas un long fleuve tranquille. Après une coupe du monde réussie au Qatar avec la sélection marocaine, l’arrière droit du Paris Saint-Germain a dû faire face à plusieurs problèmes: une élimination du PSG en Ligue des champions, une accusation de viol et dernièrement une rumeur qui touche à sa vie privée.
«La femme du joueur Achraf Hakimi avait demandé le divorce et voulait plus de la moitié des biens et de la fortune du footballeur marocain. […] Mais arrivée au tribunal, elle s’est rendu compte qu’Achraf Hakimi n’avait aucun bien et que la banque n’en avait pas non plus», avait tweeté jeudi dernier le média ivoirien First Mag. Hakimi aurait «mis toute sa fortune sous le nom de sa mère il y a longtemps», ce qui empêcherait son ex-femme d’obtenir «le jackpot».
La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, notamment sur les réseaux sociaux de Marocains et les pages de sport sur Facebook ou Instagram. Des médias spécialisés, à l’instar de Goal ou – plus étonnant encore – du média sportif espagnol Marca ont eux aussi relayé cette information sans vérifier sa véracité.
Résultat: une amplification inédite de la circulation de cette information qui s’est avérée, en fin de compte, non vérifiée.
Plus étonnantes encore sont les réactions sur les réseaux sociaux. En effet, en apprenant la «tactique» dont aurait usé Hakimi pour «préserver» son patrimoine, des milliers d’internautes ont salué le «génie» du footballeur.
«Nombreux sont ceux à avoir cédé à la tentation d’exprimer, à coups d’insultes et de références misogynes, leur satisfaction de voir une ex-épouse ne pas recevoir ce qui lui est dû selon la loi, en cas de communauté des biens», lit-on sur Konbini.com.
D’autres internautes se sont moqués du côté «fils à maman» de Hakimi, en créant des «memes» où l'on voit le joueur demander à sa mère de l’argent pour pouvoir sortir, acheter une voiture, ou tout simplement s’acheter à manger.
Des médias marocains ont aussi relayé l'information, à l’instar de l’obsevateur.info, qui a titré «Achraf Hakimi. La baraka de la maman», expliquant dans l'article qu’«Achraf Hakimi, le joueur vedette de l’équipe nationale, a vécu ce que tous les hommes aimeraient vivre en cas de divorce. Sa désormais ex-femme n’aura pas un sou de la fortune de la star», prenant pour véridique l’information lancée par First Mag.
Même son de cloche du côté de Welovebuzz, qui se base sur un article de Marca pour relayer l’information. L’Opinion Maroc a également diffusé ce qui a tout l'air d'une fake news, mais a toufefois utilisé le conditionnel.
Ni Achraf Hakimi, ni son ex-femme, Hiba Abouk, ne se sont prononcés sur cette affaire. Cependant, de nombreux éléments montrent qu’il est très probable qu’il s’agisse d’une fake news.
Tout d’abord, dans l'émission sur C8, TPMP, Gilles Verdez, journaliste français, a dénoncé l’information en expliquant que First Mag «est un média qui a l’habitude de propager des nouvelles autour de faits d’actualité […]. C’est plutôt une fake news. Ils extrapolent, après ils rendent ça crédible, donc tout le monde reprend et ça devient un buzz mondial. Mais ce n’est pas vrai. Alors je ne connais pas les conditions de leur divorce qui est en cours, mais chacun des deux a du patrimoine. Lui, il a un énorme patrimoine, 70 millions d’euros, et elle aussi, de 3 millions d’euros.» L’ex-journaliste à RTL et au Parisien ajoute: «Mais ce n’est pas vrai qu’il a mis [sa fortune] au nom de sa mère, ça ne serait pas possible. Ni en Espagne, ni au Maroc, ni en France.»
Ensuite, plusieurs spécialistes du droit, à l’instar d’Omar el-Adlouni, enseignant à La Sorbonne, ont expliqué, textes à l’appui, que la «combine» était juridiquement impossible à mettre en œuvre. « Pourquoi cette information ne peut-elle PAS être vraie ? Pour simplifier, il existe deux grands types de régimes matrimoniaux», explique -t-il sur LinkedIn.
«1 - Le régime de la communauté réduite aux acquêts : il s'agit du régime légal (i.e par défaut) de la majorité des pays européens, dont la France, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie, pays où a résidé Hakimi pendant les 10 dernières années. Si le couple avait adopté ce régime de mariage, cela signifie tout simplement que tout ce qui a été acquis pendant le mariage par l'un des époux est partagé en cas de divorce (comptes bancaires quelque soit le titulaire, biens immobiliers, etc) 2 - Le régime de séparation de biens : Hakimi aurait pu faire un contrat de mariage qui aurait stipulé qu'il sera l'unique bénéficiaire de la fortune et des biens en cas de divorce, mais sa femme serait forcément AU COURANT (vu qu'elle aurait signé le contrat devant un notaire), et il n'aurait pas intérêt à mettre sa fortune au nom de sa mère (à part s'il veut la partager avec le fisc) », a-t-il ensuite poursuivi sur ce dossier Hakimi.
En attendant d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants de cette incroyable rumeur, le mystère est encore complet. Fake news ou pas ?