WASHINGTON: La récente crise bancaire ne devrait pas impliquer de baisse des taux de la Banque centrale européenne pour protéger la croissance économique, a commenté dimanche sa présidente, Christine Lagarde, jugeant essentiel d'observer dans quelle mesure les banques resserrent ou non les conditions de crédit.
"Nous n'avons pas à réduire (les taux). Nous verrons. Parce que nous devons vraiment mesurer ce qui sortira de ces récents événements financiers", a indiqué la présidente de la BCE lors d'une interview sur la chaîne CNN.
"Quel impact auront-ils ? Comment les banques vont-elles réagir ? Comment vont-elles évaluer le risque" et continuer à prêter de l'argent aux entreprises et aux ménages, a continué Christine Lagarde.
"Si elles ne prêtent pas trop et qu'elles gèrent leur risque, cela pourrait diminuer notre travail pour réduire l'inflation (...). Mais si elles resserrent trop le crédit, cela pèsera excessivement sur la croissance", a-t-elle détaillé.
La présidente de la BCE était à Washington pour les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui s'achèvent ce dimanche.
Interrogée sur l'économie mondiale, elle s'est montrée optimiste : "il y a une reprise. C'est, je pense, un point qui n'était pas évident il y a seulement six mois lorsque nous anticipions tous une récession, ne serait-ce que technique".
Cependant, "le chemin est étroit, ce qui exige que les gouvernements et les banques centrales du monde entier adoptent les bonnes politiques".
Elle a également averti sur les risques d'une fragmentation de l'économie mondiale en deux blocs, l'un tourné vers les États-Unis, l'autre vers la Chine : "le découplage et une bipolarisation du monde conduiraient à moins de croissance économique, moins de prospérité dans le monde, plus de pauvreté. (...) C'est quelque chose qu'il faut absolument éviter".
Elle s'est par ailleurs alarmée des conséquences mondiales d'un défaut de paiement des États-Unis, si le Congrès américain ne parvient pas à relever le plafond de la dette.
"Je ne peux tout simplement pas croire qu'ils laisseraient se produire un désastre aussi grave. (...) Je comprends la politique, j'ai moi-même été politique. Mais il y a un moment où l'intérêt supérieur d'une nation doit prévaloir", a ajouté Mme Lagarde, qui a été ministre de l'Économie en France.
Les États-Unis doivent régulièrement augmenter, via un vote du Congrès, la capacité d'endettement du gouvernement, un vote de plus en plus politisé. Sans accord entre républicains et démocrates, les États-Unis pourraient être placés en défaut de paiement dès cet été, une situation inédite.