A Khartoum sans eau ni électricité, les provisions se font rares

La fumée s'élève au-dessus des immeubles résidentiels de Khartoum le 16 avril 2023, alors que les combats au Soudan font rage pour une deuxième journée dans des batailles entre généraux rivaux. (AFP)
La fumée s'élève au-dessus des immeubles résidentiels de Khartoum le 16 avril 2023, alors que les combats au Soudan font rage pour une deuxième journée dans des batailles entre généraux rivaux. (AFP)
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Publié le Lundi 17 avril 2023

A Khartoum sans eau ni électricité, les provisions se font rares

  • Les balles perdues ne sont jamais loin. Les combats ont déjà fauché 56 civils depuis samedi, selon le bilan provisoire d'un réseau de médecins prodémocratie
  • Parfois même, des roquettes se perdent en route dans cette bataille rangée entre les deux généraux aux commandes du Soudan depuis le putsch qu'ils ont mené

KHARTOUM: Ils s'aventurent timidement dehors, achètent quelques victuailles et rentrent au plus vite en tentant de ne plus sursauter à chaque explosion: sans eau ni électricité, les habitants de Khartoum vivent sous les tirs croisés depuis 24 heures.

Dans la banlieue nord de la capitale soudanaise, comme ailleurs, personne n'a fermé l'oeil à cause du vrombissement incessant des avions et des frappes aériennes, de l'artillerie ou des combats de rue au fusil automatique ou à la mitrailleuse lourde.

Mais dimanche matin, pour l'un des derniers jours de jeûne du ramadan, sous une chaleur déjà harassante que plus aucun ventilateur ne peut combattre faute d'électricité, Farouq Hassan a tenu à ouvrir sa boulangerie.

"On n'a plus d'électricité, l'eau est coupée mais on continue à travailler", raconte-t-il à l'AFP, en distribuant ses galettes et autres petits pains à des habitants pressés de quitter la rue et ses dangers.

«Enfants traumatisés»

Car les balles perdues ne sont jamais loin. Les combats ont déjà fauché 56 civils depuis samedi, selon le bilan provisoire d'un réseau de médecins prodémocratie.

Parfois même, des roquettes se perdent en route dans cette bataille rangée entre les deux généraux aux commandes du Soudan depuis le putsch qu'ils ont mené ensemble le 25 octobre 2021.

Saad Ahmed, 55 ans, l'a vécu samedi soir. "Une roquette est tombée à dix mètres de chez moi", raconte-t-il, encore sous le choc d'être passé si près du pire avec sa famille.

"Les tirs et les explosions ne s'arrêtent jamais" autour de sa maison, ajoute-t-il.

A Khartoum, les bases de l'armée comme les QG des Forces de soutien rapide (FSR), ces paramilitaires venus de la guerre du Darfour qui veulent désormais déloger l'armée du pouvoir, sont installés au beau milieu de zones habitées.

Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les vidéos prises depuis des fenêtres d'appartements montrant des blindés, des hommes en armes ou des combats de rue filmés en tremblotant.

Dans la ville au ciel chargé de fumée noire, Sanaa Mohammed, 43 ans, redoute le pire. Comme tous à Khartoum Nord, elle a l'impression que la situation est encore plus tendue 24 heures après le déclenchement des hostilités entre militaires et paramilitaires.

"Depuis hier", confie-t-elle, "on vit dans la terreur". "Mes enfants sont traumatisés par le bruit des explosions et le fait qu'il n'y ait ni eau ni électricité aggrave encore plus la situation".

«48 heures de stock»

Pour Farouq Hassan, le boulanger, le pire est peut-être à venir.

Car actuellement, aucun véhicule ne peut relier Khartoum à ses banlieues. Les ponts et les grands axes ont été barrés par les forces armées en prévision des affrontements, ou sont désormais inaccessibles car des combats s'y déroulent.

Les trains venant des autres provinces ont fait demi-tour samedi à l'approche de Khartoum alors que tombaient les informations sur les combats.

Sans transport, les réserves vont fondre dans un pays où l'inflation à trois chiffres, la récession et la pauvreté galopante ont déjà réduit au minimum la consommation et la capacité d'achat des petits commerçants.

"Si les camions d'approvisionnement ne peuvent pas circuler, notre stock de farine ne tiendra pas plus de 48 heures", s'alarme déjà M. Hassan.

Dimanche, visiblement décidées à poursuivre les combats, les autorités ont décrété la journée chômée.

Dans tous les cas, assurent les habitants, personne ne serait sorti.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.