LONDRES: L'économie britannique a stagné en février, plombée notamment par les grèves pour les salaires qui secouent le pays confronté à une inflation qui s'accroche au-dessus de 10%, mais le gouvernement espère toujours éviter la récession cette année.
L'économie a pâti "des grèves des salariés du secteur public et des enseignants" et "d'une météo clémente pour la saison qui a conduit à une baisse de la consommation d'électricité et de gaz", a relevé jeudi sur Twitter Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l'Office national des statistiques (ONS).
Le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 0,4% en janvier par rapport au mois précédent, un chiffre révisé légèrement à la hausse dans le dernier rapport de l'institut statistique publié jeudi. Janvier avait ainsi connu un rebond marqué, après un recul de 0,5% en décembre.
Le PIB britannique, qui peine à retrouver son niveau d'avant la pandémie de Covid-19, contrairement à d'autres économies du G7, était en février à 0,3% au-dessus de son niveau de février 2020 après révisions des périodes précédentes, relève l'ONS.
En dépit du coup d'arrêt surprise de février - les économistes s’attendaient à une légère progression -, le secteur de la construction a, lui, "fortement progressé" ce mois-là et les ventes de détail ont été "dynamiques", souligne M. Morgan.
Sur une plus longue période, l'activité économique britannique a augmenté de 0,1% sur les trois mois terminés en janvier, par rapport aux trois mois précédents, selon l'ONS.
Grèves à répétition
Le Royaume-Uni est secoué depuis des mois par des grèves à répétition dans de nombreux secteurs pour réclamer de meilleurs salaires face aux hausses des prix. Salariés du secteur public, cheminots, postiers, conducteurs du métro londonien ou encore agents de sécurité à l'aéroport d'Heathrow ont récemment débrayé.
Des milliers de jeunes médecins ont entamé mardi une grève de quatre jours en Angleterre pour demander une amélioration des salaires.
Les employés du secteur public ont annoncé une série de grèves en avril dans plusieurs administrations. Sont notamment concernés le service des passeports, les employés du British Museum, les inspecteurs du permis de conduire ou encore la police aux frontières. Cette mobilisation culminera à la fin du mois avec un débrayage "total" annoncé.
Pour autant, l'économie britannique a évité de justesse la récession fin 2022. Le gouvernement estime qu'elle évitera de nouveau cette année une "récession technique", dont la définition généralement admise est une contraction sur deux trimestres consécutifs.
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) estime pour sa part que l'économie britannique sera en récession cette année, celle-ci serait finalement moins sévère que prévu, selon ses projections publiées mardi (contraction de 0,3% du PIB).
«Pas assez loin»
"Les perspectives économiques s'annoncent meilleures que prévu", a fait valoir le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, dans un communiqué, en mettant en avant les aides du gouvernement face au coût de la vie et ses récentes annonces "pour stimuler le marché de l'emploi et l'investissement des entreprises".
Mais pour les entreprises du pays, le gouvernement "n'est pas allé assez loin pour changer les choses au sujet d'une croissance qui reste obstinément faible", déplorent dans un communiqué les Chambres de commerce britanniques (BCC).
"Une combinaison de révisions à la hausse des données du PIB et d'une amélioration des conditions économiques mondiales pourrait aider l'économie britannique à éviter une récession cette année", estime l'économiste de KPMG Yael Selfin.
Mais pas de quoi se réjouir pour autant, car "les perspectives de croissance à moyen terme restent relativement faibles par rapport aux normes historiques", prévient-elle, alors que les ménages subissent l'inflation (10,4% sur un an en février) et les resserrement des taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre.