BERLIN: La ministre allemande des Affaires étrangères s'envole mercredi soir pour la Chine, se disant en quête du "bon équilibre" avec ce pays qui est un important partenaire commercial et un acteur "souhaitant de plus en plus façonner l'ordre mondial selon ses propres desseins".
"Je veux me faire une idée plus précise de la direction prise par les nouveaux dirigeants, notamment en ce qui concerne les tensions entre le contrôle politique et l'ouverture économique", ajoute Annalena Baerbock, dans un communiqué publié avant son premier déplacement en Chine.
Quelques heures plus tôt, son ministère avait mis en garde Pékin contre les "postures militaires menaçantes" vis-à-vis de Taïwan qui accroissent "le risque d'affrontements militaires involontaires".
Se disant "très inquiet de la situation dans le détroit de Taïwan", Berlin avait appelé "tous les acteurs de la région" à contribuer "à la stabilité et à la paix".
Après son arrivée jeudi à Tianjin (nord), ville portuaire située à 140 kilomètres de Pékin, Mme Baerbock doit se rendre dans la capitale pour des discussions politiques.
Elle entend défendre "la conviction européenne commune qu'une modification unilatérale du statu quo dans le détroit de Taïwan, et a fortiori une escalade militaire, seraient inacceptables".
Une escalade dans ce détroit, "par lequel transite chaque jour 50% du commerce mondial", serait un "scénario catastrophe", ajoute la ministre.
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Allemagne.
«Boussole»
La guerre russe en Ukraine sera également au programme des discussions car "le rôle que joue la Chine en influençant la Russie aura des conséquences pour toute l'Europe et pour nos relations avec la Chine", souligne la ministre.
Mme Baerbock dit vouloir "explorer les possibilités de coopération accrue en matière de promotion de la société civile, de protection du climat, de secteurs d'avenir comme les énergies renouvelables" et parler "de la protection des droits de l'homme universels".
"Partenaire, concurrent, rival systémique – telle est la boussole de la politique européenne vis-à-vis de la Chine. La direction que prendra l'aiguille à l'avenir dépendra aussi de la voie que la Chine choisira", ajoute le communiqué.
Le ministère allemand des Affaires étrangères, tout comme la Chancellerie, ont refusé mercredi de commenter les déclarations controversées du président français Emmanuel Macron qui a suscité une vague d'incompréhension aux États-Unis et en Europe en appelant l'Union européenne à ne pas être "suiviste" de Washington ou Pékin sur la question de Taïwan.
Olaf Scholz s'était rendu en Chine début novembre pour une visite officielle d'une journée.
Samedi, Mme Baerbock fera étape en Corée du Sud, pour une visite de la zone démilitarisée et des entretiens politiques à Séoul. Dimanche, elle se rendra au Japon pour une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 qui a lieu jusqu'au 18 avril.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui devait se rendre en Chine au même moment que Mme Baerbock a annoncé mercredi qu'il avait été testé positif à la Covid et devait reporter son déplacement à Pékin prévu du 13 au 15 avril et destiné à préparer un sommet UE-Chine.