LONDRES: Le secteur du commerce au Royaume-Uni est traversé par une onde de choc mardi après la faillite du groupe de prêt-à-porter Arcadia et de sa marque Topshop, qui précipite l'effondrement des grands magasins Debenhams.
La pandémie porte un coup très dur en l'espace de quelques heures à deux fleurons des centres-villes britanniques, et fait craindre le pire pour 25.000 salariés au total, 13.000 pour Arcadia et 12.000 pour Debenhams.
"Le château de cartes des commerces s'effondre", résume Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Debenhams a annoncé mardi entamer un processus de liquidation après l'échec des discussions pour une reprise par la chaîne d'articles de sport JD Sports.
L'enseigne, qui avait déposé le bilan en avril, va commencer à écouler ses stocks et, si au bout du processus aucun repreneur ne s'est manifesté, elle sera obligée de cesser complètement ses activités.
Avec la probable disparition de cette chaîne dont les origines remontent à la fin du XVIIIe siècle, une page de l'histoire du commerce britannique va se refermer.
Elle était l'une des dernières chaînes de grands magasins encore en activité, après une série de faillites ces dernières années, comme BHS ou House of Fraser.
Si la pandémie, à l'origine de plus de 58.000 morts au Royaume-Uni, lui a porté un coup fatal, les déboires de Debenhams ne sont pas nouveaux, souffrant d'une chute de fréquentation de ses magasins face à la concurrence des ventes en ligne ainsi que de loyers devenus trop onéreux.
La société paye sa stratégie d'expansion ambitieuse et d'ouvertures en série de magasins, ce qui s'est retourné contre elle quand les clients ont commencé à préférer les achats sur internet.
La fin de son histoire est précipitée par la faillite du groupe Arcadia, lequel comprend des enseignes comme Topshop, Dorothy Perkins et Burton dont les magasins sous concession sont très présents chez Debenhams.
Topshop passé de mode
Pour l'heure, Debenhams poursuit ses activités mais les stocks vont être écoulés dans ses 124 magasins britanniques pendant que l'administrateur, le cabinet FRP, va tenter une dernière fois de trouver un repreneur.
La procédure ne concerne pas son enseigne Magasin du Nord au Danemark.
"Le paysage économique est extrêmement compliqué et l'incertitude à laquelle fait face le commerce au Royaume-Uni fait qu'un accord ne pouvait pas être trouvé", d'où la décision "d'aller vers un programme de fermeture", selon Geoff Rowley, associé chez FRP.
Ce contexte a poussé le groupe de prêt-à-porter Arcadia à déposer le bilan lundi soir. Une entreprise sort rarement indemne d'un dépôt de bilan et son redressement passe le plus souvent par une lourde restructuration et des suppressions d'emplois.
La chute de ce groupe et de ses enseignes bien connues des Britanniques est la plus importante faillite dans le pays depuis le début de la crise sanitaire.
Elle assombrit l'avenir de Topshop, marque qui était encore il y a quelques années un emblème de la mode jeune et branchée, et constitue un revers de fortune pour son sulfureux propriétaire Philip Green, réputé pour son mode de vie fastueux.
Arcadia a vu sa situation financière et ses ventes se dégrader à grande vitesse du fait des fermetures imposées par la crise sanitaire.
Mais nombre d'analystes ont pointé des problèmes plus anciens et notamment le retard pris dans les ventes en ligne, faute d'investissement suffisant de la part de son controversé propriétaire.
Ce sont justement des acteurs comme Boohoo, spécialisé dans le prêt-à-porter en ligne, qui pourrait mettre la main sur les différentes marques.
"L'histoire d'Arcadia est tragique. Je ne vais pas critiquer un individu mais il y a eu beaucoup de choses dites sur les erreurs de gestion commises", a déclaré sur Sky News Michael Gove, le ministre chargé de coordonner l'action du gouvernement.
Le syndicat de la distribution Usdaw a quant lui demandé à rencontrer au plus vite le cabinet Deloitte, qui administre le groupe en faillite, afin de trouver les moyens de préserver les emplois chez Arcadia.