LONDRES: Les journalistes servent de monnaie d’échange pour négocier des accords, confie à Arab News le journaliste du Wall Street Journal (WSJ) Stephen Kalin.
«Nous assistons actuellement à une tendance inquiétante qui consiste à incriminer le journalisme à travers le monde et à profiter de cette situation. On constate que les journalistes servent de monnaie d’échange», confie à Arab News M. Kalin, correspondant du WSJ à l’étranger basé dans les pays du Golfe.
«Cette situation est inadmissible où que ce soit», ajoute-t-il.
Moscou a officiellement accusé d’espionnage le journaliste du WSJ Evan Gershkovich, qui a démenti ces accusations, ont rapporté vendredi les agences de presse russes.
Les groupes de défense des droits de l’homme, les médias ainsi que le gouvernement américain ont manifesté leur indignation face à l’arrestation de M. Gershkovich.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, considère que M. Gershkovich est «détenu à tort», terme utilisé pour désigner les otages politiques.
«Le journalisme ne constitue pas un crime», peut-on lire dans une déclaration du porte-parole du département d’État, Vedant Patel. «Nous demandons à la Fédération de Russie de libérer M. Gershkovich dans les plus brefs délais.»
M. Kalin s’est exprimé en ces termes: «L’administration [américaine] a communiqué de manière exemplaire avec notre institution, en l’occurrence avec notre journal. Elle a été sensible à nos préoccupations relatives à la gravité de la situation et à la nécessité de déployer tous les efforts nécessaires pour libérer M. Gershkovich», explique-t-il.
«La “détention à tort” est une désignation importante et utile parce qu’elle crée de nouveaux canaux de communication au sein du gouvernement américain. La Maison Blanche dispose en effet d’un bureau consacré aux otages. Roger Carstens en est le représentant.»
Comme bon nombre de ses collègues, Evan Kalin est conscient des dangers liés aux reportages réalisés dans les zones de conflit.
«Evan est un journaliste. Il est bien connu au sein de la communauté des journalistes en raison de sa longue expérience, en Russie et ailleurs. Pour les autorités russes, c’est un journaliste accrédité», explique M. Kalin.
«Les accusations portées contre lui, selon nous, sont absolument farfelues. Elles sont motivées par des considérations politiques. Il se trouve en quelque sorte pris dans un conflit politique de plus grande envergure.»
Par l’intermédiaire de son porte-parole, le Kremlin a dédramatisé la désignation faite par les États-Unis à l’égard de cette arrestation.
«Les États-Unis peuvent et doivent protéger les droits du citoyen américain qui a été pris en flagrant délit [et] a transgressé les lois de la Fédération de Russie. C’est l’infraction dont il est accusé. Il appartient bien entendu à la Cour de trancher dans cette affaire. C’est tout ce que nous avons à dire à ce sujet», affirme le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Mardi dernier, le président américain, Joe Biden, a qualifié de «tout à fait illégale» la détention de M. Gershkovich par la Russie. «Cette situation bouleverse la dynamique qui prévalait», rapporte l’agence de presse AFP en reprenant les propos du président américain.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com