AJACCIO: Une villa appartenant à une élue et située sur la route des Sanguinaires à Ajaccio (Corse-du-Sud), villa inhabitée au moment des faits, a été fortement endommagée par un incendie probablement criminel dans la nuit de dimanche à lundi, a indiqué le parquet d’Ajaccio.
Une enquête a été ouverte pour dégradation de biens par moyen dangereux et confiée à la direction régionale de la police judiciaire. Le parquet national anti-terroriste a par ailleurs été avisé.
Interrogé par l'AFP, le parquet a fait savoir que la villa appartenait à une famille ajaccienne et notamment à une adjointe au maire d'Ajaccio.
Si plusieurs témoins font état d'une explosion qui aurait précédé l’incendie, le parquet a souligné que cette hypothèse devait encore être confirmée par la police technique et scientifique. L'hypothèse de l'explosion d'une bouteille de gaz touchée par les flammes n'est pas non plus écartée.
Sur place, des tags GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa, Jeunesse clandestine corse), un nouveau groupe qui a déjà revendiqué plusieurs attentats contre des habitations ces derniers mois, et "Speculatori fora" (spéculateurs dehors) ont été retrouvés, laissant peu de doute quant à l'origine criminelle de l'incendie.
Lors d'un point de presse en présence d'une partie de son équipe, et notamment l'adjointe visée, le maire (DVD) d'Ajaccio, Stéphane Sbraggia, a dénoncé "un acte lâche". Cette attaque "renvoie notre société à une situation très obscure, très fragile avec un sentiment très fort d'insécurité", a-t-il estimé.
De son côté, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a dénoncé sur les réseaux sociaux "l'attentat contre le bien familial d'une élue ajaccienne", qu'il a jugé "incompréhensible, injustifiable et inquiétant" : "Nous devons dire Non collectivement à la logique du chaos", a-t-il écrit.
Le groupe de droite à l'Assemblée de Corse, Un Soffiu Novu, s'est lui déclaré "particulièrement inquiet de la tournure que prend le retour de la violence politique". "La Corse n’a pas d’avenir dans cette voie-là. Les tentatives d'intimidation, les destructions de biens, le recours à la force ne nous conduiront qu'à l'impasse".
Enfin le sénateur LR de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi, dont l'élue concernée est la suppléante, a fait part de son "écœurement". "Comment peut-on prétendre faire avancer la Corse en agissant par la force et la violence", a-t-il interrogé, estimant que "ce nouvel attentat met sérieusement en péril les discussions de Beauvau qui sont pourtant l’occasion de faire avancer la Corse sur des dossiers structurants. L'irresponsabilité de ceux qui commettent ces exactions menace la Corse entière".
Le président Emmanuel Macron s'y était invité, réaffirmant qu'il n'avait "pas de tabou" concernant l'avenir institutionnel de la Corse, y compris sur l'autonomie, ni de "solution prédéterminée". Il avait aussi réitéré ses deux "lignes rouges" : le maintien de "la Corse dans la République" et "le refus de créer deux catégories de citoyens".
En mars, deux incendies criminels avaient touché les mairies d'Afa et Appietto, en périphérie d'Ajaccio.