Ftour en bord de mer, quand la jeunesse marocaine conjugue traditions et modernité

«C’est un plaisir de retrouver mes amis dans un cadre aussi beau et de partager avec eux ces instants autour d'un bon repas» (Photo, Fournie).
«C’est un plaisir de retrouver mes amis dans un cadre aussi beau et de partager avec eux ces instants autour d'un bon repas» (Photo, Fournie).
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Ftour en bord de mer, quand la jeunesse marocaine conjugue traditions et modernité

  • «Rompre le jeûne sur cette plage, c'est, pour moi, changer de routine pour bien profiter de ce mois sacré»
  • «C’est un plaisir de retrouver mes amis dans un cadre aussi beau et de partager avec eux ces instants autour d'un bon repas»

CASABLANCA: Sur les rivages d'Ain Diab à Casablanca, l'heure du ftour dévoile une nouvelle facette de la jeunesse marocaine en quête de renouveau et de modernité durant un mois sacré ancré dans une tradition séculaire. Dans la lumière déclinante du jour, les conversations se tissent autour de la rupture du jeûne, esquissant le portrait d'une génération qui ose s'affranchir des conventions pour s'approprier, non sans audace, cet instant sacré.

Une heure avant la rupture du jeûne, le sable fin de la plage d’Ain Diab ressemble tantôt à une broussaille abîmée après les matchs de foot ardemment disputés, tantôt à un tapis lisse sur lequel se dressent des menus de ftour faits maison ou commandés à des restaurants de plus en plus sollicités par une jeunesse active absorbée par ses activités professionnelles durant la journée.

Yassine, un trentenaire au regard enthousiaste, confie à Arab News en français: «La mer a toujours exercé sur moi une fascination irrésistible. C’est pour cela que je me suis installé à Casablanca après mes études en gestion; rompre le jeûne sur cette plage, c'est, pour moi, changer de routine pour bien profiter de ce mois sacré!» 

Cette sensation de liberté éprouvée en s’écartant des sentiers battus, et de l’expérience routinière des ftours en famille, Abdellatif la ressent aussi, lui qui a proposé à sa femme de l’accompagner au bord de l’océan pour vivre l’expérience d’une rupture de jeûne en tête-à-tête. «L'air frais et iodé me met en contact avec la nature, loin du tumulte des grandes tables familiales.»

Ftours en plein air

L'organisation de ces ftours en plein air semble s'orchestrer avec la même spontanéité que le rythme harmonieux et non moins anarchique des vagues s’écrasant imperceptiblement sur le rivage. Hamza, l'un des initiateurs de ces rencontres, raconte: «Nous sommes un groupe assez important, et il nous est impossible de tout gérer nous-mêmes. Alors, chacun apporte ce qu'il veut, et nous improvisons sur place, avec ce que nous avons pour le ftour

Les sourires entourent le porte-parole du groupe qui a proposé à ses amis du lycée de se retrouver deux heures avant la rupture du jeûne pour jouer à un match de football entre garçons et une confrontation de volley avec les filles du groupe qui souhaitaient y participer.

La jeune Ilham, étudiante fraîchement délivrée des examens de fin de trimestre, savoure pleinement cette parenthèse enchantée: «C’est un plaisir de retrouver mes amis dans un cadre aussi beau et de partager avec eux ces instants autour d'un bon repas!» Amina, quant à elle, profite, à l’écart du groupe, d'un coucher de soleil et des savoureux mets traditionnels marocains que sa mère lui a préparés après une longue journée de cours au lycée et de jeûne.

Ces ftours à Ain Diab révèlent ainsi une envie d'évasion chez cette jeunesse, qui sait conjuguer respect des traditions et nécessité de lui donner une expression nouvelle. Youssef, un habitué des lieux, témoigne de cette double quête : «Cela fait plusieurs années que je passe mes journées libres du ramadan à la plage. Je ressens un bienfait à la fois pour mon corps, avec du sport, et pour mon esprit, avec le jeune et la prière.»

DS
«Cela fait plusieurs années que je passe mes journées libres du ramadan à la plage. Je ressens un bienfait à la fois pour mon corps, avec du sport, et pour mon esprit, avec le jeune et la prière.» (Photo, Fournie). 

Le grain de sable…

Une ombre vient néanmoins ternir ce tableau idyllique. Les déchets laissés par certains jeunes inconséquents, qui salissent les lieux dont ils profitent. Une incivilité déplorée par tous ceux que nous avons pu interroger, et dont l’enthousiasme reste intact malgré les réprimandes grommelées à l’endroit de ceux qui font l’impasse sur l’intériorisation des pratiques religieuses et pour qui ces dernières se résument à la reproduction, ostentatoire, de rituels assimilés à tort à une gestuelle et à non à une méditation et une réflexion sur le sens de nos actions. Pourtant, le mouvement incessant des vagues et des embruns nous y invite. La beauté des lieux, également.

Ainsi, le ftour se réinvente entre tradition et modernité avec un air de symphonie océane, où les saveurs des mets se mêlent à l'infini des horizons.

 


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants, tout comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (Regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes n’échappe pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à ses émotions. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe un poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com