PARIS: Présenté comme "un passionné d'explosifs" qui s'amusait à faire sauter des charges dans un champ, un adolescent de 14 ans a été mis en examen jeudi pour des soupçons de préparation d'action violente d'inspiration jihadiste et placé sous contrôle judiciaire.
L'adolescent avait été interpellé mardi matin à son domicile à Rosenau (Haut-Rhin) par des enquêteurs de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI), dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat).
"Dans le cadre de son travail de renseignement", la DGSI avait "détecté" le profil de ce mineur, "manifestement acquis aux thèses de l'Etat islamique", avait expliqué mardi à l'AFP une source proche du dossier.
"Il était déterminé à fabriquer des explosifs", avait-on poursuivi, en soulignant que les perquisitions avaient montré "qu'il en avait confectionné".
"Les premières investigations ont permis de constater que ce mineur était détenteur de nombreux produits explosifs ou substances pouvant entrer dans la composition d'engins explosifs", a confirmé le Pnat.
"De surcroît, il avait téléchargé plusieurs vidéos de propagande de l'Etat islamique et était en lien avec des sympathisants de cette organisation terroriste", a-t-il ajouté.
A l'issue de sa garde à vue qui ne pouvait excéder quarante-huit heures compte tenu de son âge, le garçon a été présenté jeudi à un juge d'instruction antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris.
Il a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes et infraction à la législation sur les explosifs en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué le Pnat.
Il a ensuite été placé sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet antiterroriste.
L'un de ses avocats, Me Pierre Lumbroso, a précisé que son client avait été placé dans une structure de prise en charge pour les mineurs.
Le Pnat a refusé de confirmer ce point.
Préparations dans la cuisine
Pour Me Lumbroso, il s'agit d'"un jeune homme passionné d'explosifs depuis son plus jeune âge" qui "s'est laissé embarquer" à la suite "de mauvais conseils sur la toile à communiquer avec une personne sans doute très peu recommandable".
Il a réfuté toute "intention de commettre un attentat ou quoi que ce soit dans le genre" de la part de son client.
"Lui ne cherchait que des formules chimiques pour continuer de faire ce qu'il a toujours fait dans la cuisine: des préparations qu'il faisait exploser dans le champ du grand-père. Cela s'arrête là", a assuré Me Lumbroso.
L'arrestation de l'adolescent à son domicile de Rosenau a suscité la stupeur dans cette commune des bords du Rhin, à la frontière allemande.
Selon le maire, Thierry Litzler, le garçon vivait au sein d'une famille "sans histoires" qui ne "faisait pas parler d'elle, il n'y avait rien de particulier".
D'après le Pnat, "jusqu'au début des années 2010, la mise en cause de personnes mineures était exceptionnelle dans les procédures de terrorisme".
Mais "depuis 2015, plus de 100 individus ont été condamnés par le tribunal pour enfants ou la cour d'assises des mineurs spécialement composée pour des faits de terrorisme" et "six autres personnes sont en cours ou en attente de jugement devant une juridiction des mineurs".
"A ce jour, 20 personnes sont mises en examen pour des faits terroristes commis en tout ou partie en tant que mineurs", a ajouté le parquet, précisant que "16 d'entre elles ont été mises en examen depuis le 1er janvier 2020 dont 15 pour leur implication dans des projets d'action violente ou dans des actions violentes menées à leur terme".
Sur l'ensemble des personnes condamnées, en attente de jugement ou mises en examen, "un seul mineur a effectivement commis un acte violent".