PARIS: Continuer malgré "les vents contraires": une centaine de députés de la Nupes réunis mardi soir en séminaire ont cherché à recoller les morceaux de la coalition de gauche, mise à mal par une défaite en Ariège et des couacs à répétition.
Il y avait urgence : née il y a près d'un an, l'alliance de gauche conclue entre LFI, EELV, le PS, le PCF et Générations a du plomb dans l'aile, notamment depuis la séquence "retraites" à l'Assemblée nationale, marquée par une divergence sur la stratégie entre LFI et ses autres partenaires.
La défaite de la candidate LFI-Nupes dans une législative partielle en Ariège, sèchement battue par une dissidente socialiste, a aussi donné à penser aux observateurs que la dynamique n'était plus à la coalition, mais à ses détracteurs.
S'est ajouté mardi un imbroglio à propos d'une "marche" sur l'Elysée annoncée par les communistes avant le refus des autres partis, et des propos du leader PCF Fabien Roussel sur une Nupes "dépassée" qu'il faudrait élargir jusqu'à l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Mardi soir, une réunion de l'intergroupe a rassemblé environ une centaine de députés des quatre groupes. "On s'est dit les choses, les imperfections, les difficultés, parfois les vents contraires", "mais sans rancoeur, ni animosité", résume la députée EELV Sandrine Rousseau, qui avait appelé à "un acte 2" de la Nupes.
"Il y a une volonté inconditionnelle de poursuivre et amplifier la Nupes et anticiper quand il y a des différences tactiques, qui existent mais n'assombrissent pas le tableau d'ensemble", assure de son côté l'insoumis Eric Coquerel.
Fabien Roussel n'était pas là mais ses oreilles ont sifflé. "Il y a eu un rappel à l'ordre, tout le monde convenait que c'était maladroit de dire 'Nupes dépassée', il faut dire 'élargir'", rapporte Raquel Garrido (LFI).
Une Nupes «policée»
Néanmoins les insoumis sont convenus que la Nupes ne devait pas prêter le flanc à la "diabolisation" menée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et les socialistes anti-Nupes.
Sans être directement cité, Jean-Luc Mélenchon s'est vu reprocher son tweet rageur pour rabrouer les communistes, lors de l'examen de la réforme des retraites devant l'Assemblée nationale.
"Il a été reproché aux insoumis d'avoir fait un peu cavalier seul sur les retraites", selon le socialiste Arthur Delaporte.
Les participants veulent offrir l'image d'une Nupes force tranquille. La réunion était d'ailleurs "très mesurée, policée, la radicalité vue sur Twitter de certains insoumis contre d'autres à gauche, rien de tel hier (mardi) soir", témoigne Raquel Garrido.
La réunion a beaucoup porté sur la nécessité d'harmoniser la prise de décision et d'améliorer la communication entre les groupes. Les 150 députés auront désormais rendez-vous une fois par mois, "pour avoir des discussions politiques plus fortes, et pas seulement qu'on fasse les pompiers", selon l'insoumis Hadrien Clouet.
"La difficulté, c'est que nous voulons tous garder notre autonomie. Une coalition, c'est pas une fusion-acquisition", dit Olivier Faure (PS).
"Chacun y est allé de sa proposition pour matérialiser l'acte 2" de la Nupes, s'enthousiasme l'élue écologiste Sophie Taillé-Polian, qui évoque comme points de consensus "la structuration locale" d'assemblées Nupes ou encore "la présentation d'une contre-loi à chaque grande loi".
La gauche attend aussi beaucoup d'une campagne commune dans tout le pays pour faire signer le référendum d'initiative partagée (RIP), une démarche de parlementaires et de citoyens visant à obtenir l'organisation d'un référendum sur les retraites.
La coalition a décidé d'assumer de ne pas s'adresser en priorité à l'électorat de centre-gauche, quitte à offrir un espace à la concurrence des tenants d'une gauche "responsable". "On s'est dit qu'aller chercher les anciens du PS ce n'est pas possible, il faut avoir une ligne claire de rupture", raconte Sandrine Rousseau.
Mais la présidente socialiste d'Occitanie Carole Delga, Bernard Cazeneuve qui a lancé son mouvement ou encore le numéro 2 du PS Nicolas Mayer-Rossignol semblent déterminés à appuyer là où ça fait mal.