BEYROUTH: Le Premier ministre libanais sortant Najib Mikati a salué lundi le soutien apporté par le Qatar au Liban, lors d'une réunion avec le ministre adjoint des Affaires étrangères pour les affaires régionales du Qatar, Mohammed ben Abdelaziz al-Khulaifi,.
Rappelant les liens étroits entre les deux États, M. Mikati a remercié le Qatar «une fois de plus pour avoir soutenu l'armée libanaise en lui permettant de poursuivre ses responsabilités», selon son bureau de presse.
La visite du représentant qatari s'inscrit dans le cadre des efforts franco-arabo-américains visant à combler le vide présidentiel au Liban, qui entame son sixième mois après 11 séances de vote infructueuses au Parlement.
Le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, le parti Kataëb et le Parti socialiste progressiste rejettent le candidat proposé par le Hezbollah et ses alliés, le député Sleiman Frangieh.
Lors de ses entretiens avec M. Al-Khulaifi, M. Mikati a discuté de la situation au Liban et des efforts déployés par le gouvernement sortant pour faire face aux situations d'urgence conformément à la Constitution, a indiqué son bureau de presse.
Selon le Premier ministre, la solution aux crises que traverse le Liban passe par l'élection d'un président dans les plus brefs délais.
M. Al-Khulaifi a également rencontré le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, le grand mufti, cheikh Abdellatif Deriane, le patriarche maronite, Bechara Boutros al-Rahi, et le chef du parti Kataëb, le député Sami Gemayel.
Il a par ailleurs rencontré Hussein Khalil, le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en présence du chef de l'unité de coordination et de liaison du Hezbollah, Wafiq Safa.
À la suite de sa rencontre avec M. Al-Khulaifi, M. Gemayel a indiqué que la délégation qatarie recueillait les points de vue et essayait de comprendre la réalité de la situation au Liban.
«La délégation se tient à la disposition du Liban pour l'aider, en totale coordination avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, et nous avons exprimé notre ouverture et notre volonté de discuter de nos positions», a-t-il affirmé.
M. Gemayel a souligné que le Qatar et l'Arabie saoudite resteront toujours aux côtés du Liban et le défendront contre toute ingérence étrangère malvenue.
M. Al-Khulaifi a représenté le Qatar à la réunion des Cinq parties tenue à Paris le 6 février autour de la question libanaise, à laquelle ont participé la France, l'Arabie saoudite, l'Égypte et les États-Unis.
Le Qatar avait déjà joué un rôle dans l'apaisement lors de crises antérieures au Liban, notamment en 2008, lorsque l'accord de Doha conclu entre les forces politiques libanaises a mis fin à un vide présidentiel de dix-huit mois.
L'opposition libanaise, composée principalement de partis chrétiens, s'interroge sur les garanties que le candidat du Hezbollah à la présidence peut fournir et doute qu'il puisse les respecter compte tenu de ses échecs précédents.
«Le Hezbollah et son équipe politique s'étaient précédemment engagés dans l'accord de Doha à ne pas renverser le gouvernement, mais le parti a usé du "tiers de blocage" en 2010 et a déployé ses partisans à Beyrouth, menaçant en 2011 d'imposer Mikati comme Premier ministre au lieu du retour de Saad Hariri à la tête du gouvernement», a déclaré un observateur politique.
«Le Hezbollah et son équipe ont accepté dans le cadre de l'accord de Doha de se dissocier des conflits dans la région en 2012, puis se sont rétractés en entraînant le Liban dans la guerre syrienne, en intervenant au Yémen et en lançant des campagnes contre l'Arabie saoudite. De son côté, l'ancien président Michel Aoun, allié du Hezbollah, s'est transformé en protecteur du parti alors qu'il s'était engagé à adopter une approche indépendante», a ajouté la source.
«La crise présidentielle n'est pas une crise chrétienne, mais plutôt le reflet d'une crise nationale majeure représentée par la tentative du Hezbollah d'imposer sa volonté aux Libanais au sujet de la présidence, et dans les choix de l'État dans son ensemble, car le Liban est sous occupation iranienne», a déclaré lundi le rassemblement de Saydet el-Jabal, qui s'oppose au Hezbollah.
Des élections municipales sont prévues au Liban en mai. Les élections de l'année dernière ont été reportées car elles coïncidaient avec les élections législatives.
Bien que le ministre sortant de l'intérieur, Bassam Mawlawi, ait fixé lundi la date des élections pour le mois de mai, il a déclaré que leur tenue dépendait de l'obtention des fonds nécessaires.
«Une partie du coût de l'organisation des élections est couverte par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), mais il y a des dépenses que l'État doit assurer, même si elles doivent être financées par les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international», a indiqué M. Mawlawi.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com