RIYAD: Dans le cadre du projet Masam lancé par l'Arabie saoudite, des spécialistes du déminage au Yémen ont invité une équipe d'Arab News à assister à des opérations de déminage, un procédé extrêmement dangereux, qui permet de sauver des vies dans ce pays ravagé par la guerre.
«L'équipe commence par inspecter tous les appareils utilisés pour le déminage et s'assure de leur parfait fonctionnement avant de commencer à ratisser la zone», explique l'un des membres, dont le nom est resté secret pour des raisons de sécurité.
Une fois cela fait, les spécialistes se dirigent vers les zones où des mines auraient été placées. Cette fois-ci, trois sites suspects ont été identifiés.
Les deux premiers se révèlent sans danger, mais au troisième, l'équipement utilisé pour détecter des engins dangereux émet immédiatement un son d'alarme puissant, signalant la présence d'une mine. Trente-deux autres engins ont déjà été détectés dans cette zone.
«Il est évident qu'il y a une cible importante sur ce site, car lorsque des mines antiblindé sont détectées, un son fort émane de l'appareil», rapporte le membre de l'équipe.
«Nous allons maintenant traiter cette cible selon nos procédures, car le son qu’elle émet est différent de celui des autres. Les signes indiquent la présence d'une mine antichar», explique-t-il.
Le spécialiste se met immédiatement au travail, fixant une caméra sur son casque afin de filmer le processus de neutralisation, étape par étape. Avant de commencer, il émet un sifflement pour signaler à son chef et à ses coéquipiers qu'il s'agit d'une mine en activité.
«Je scanne et examine la mine et je la traite pour assurer notre sécurité et ma sécurité personnelle», indique-t-il à Arab News.
«La milice houthie a adopté certaines tactiques, notamment celle qui consiste à piéger le détonateur, de sorte que lorsque la personne chargée du déminage le retire, l'engin explose immédiatement», prévient le spécialiste.
D'autres pièges peuvent également être placés sous une mine et provoquer une explosion lorsque celle-ci est retirée, poursuit-il. Les Houthis ciblent ainsi délibérément les équipes de déminage.
Conscient du danger, il attache prudemment l'extrémité d'une longue corde à la mine et se retire à une distance d'environ 100 mètres. Il entame alors un compte à rebours et, arrivé à zéro, il tire fortement sur la corde. Après être resté en retrait pendant une dizaine de minutes, il vérifie que la mine est bien extraite du sol, qu'elle est stable et qu'elle ne cache pas un piège.
Estimant que l'appareil est relativement sûr, il s'en approche enfin et retire le détonateur avec précaution. La mine peut alors être retirée en toute sécurité. Cette opération se déroule sans problème, ce qui n'est pas toujours le cas.
«Nous avons perdu cinq experts de renommée mondiale et de nombreux martyrs du Yémen qui sont morts au cours de leur mission de déminage», affirme Zawbaa al-Rawi, responsable des opérations de Masam à Aden et sur la côte ouest du Yémen.
«Cela n'empêche toutefois pas la poursuite de notre travail et la préparation psychologique complète de tous les intervenants.»
«Le projet Masam se distingue des autres projets mondiaux de lutte contre les mines terrestres, car il est le seul à ne pas avoir recours à un financement externe ou à des financiers et des investisseurs. Il est entièrement financé par l'Arabie saoudite», ajoute-t-il.
Selon M. Al-Rawi, les membres des équipes de Masam sont tous de jeunes Yéménites qui s'exposent volontairement au danger pour le bien de leur pays, par fierté nationale et par respect.
«Je travaille au Yémen sur le projet de déminage manuel et nous formons toutes les équipes au déminage», déclare Deon von Landsberg, responsable de la formation au sein du projet Masam.
«Nous disposons actuellement de 30 équipes dans le pays et je suis en train d'en former une autre. Une fois cette formation achevée, elles seront en mesure de déminer davantage en toute sécurité», affirme-t-il.
«Plus de 400 Yéménites sont déployés et sont formés aux normes internationales de lutte contre les mines et encadrés par une équipe d'experts techniques internationaux», indique pour sa part Chris Clark, directeur des opérations spéciales de Masam.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com