CASABLANCA: Un projet d'interconnexion électrique audacieux, qui avait sombré dans les abysses de l'oubli, vient de refaire surface le 30 mars dernier, par le biais d'un document d'orientation du gouvernement britannique. Baptisé «Powering Up Britain: Energy Security Plan», ce texte remet sur la table un projet titanesque de câble sous-marin reliant le Maroc au Royaume-Uni. Alors que la volonté d’amorcer la transition énergétique est à l’agenda des puissances industrielles, les deux nations semblent disposées à conjuguer leurs efforts et à améliorer, au sens propre comme au figuré, la conductivité du courant qui passe d'une frontière à l'autre.
Ce câble sous-marin, d'une longueur record et fabriqué par la compagnie britannique XLCC, sera au cœur d'un mégaprojet d'interconnexion électrique entre les deux pays. Nécessitant un investissement de 22 milliards de dollars, ce projet représente un enjeu majeur pour la sécurité énergétique du Royaume-Uni dont l'objectif est de diversifier sa production en investissant dans les énergies renouvelables, pour assurer sa sécurité énergétique et sa souveraineté économique.
Sous l’eau, mais solaire
Le projet Xlinks prévoit la construction d'un immense parc solaire et d'un parc éolien adjacent dans la région de Guelmim-Oued Noun, au Maroc. L'électricité propre produite sera transportée via quatre câbles sous-marins sur 3 800 kilomètres, traversant le Portugal, l'Espagne et la France, pour atteindre le village d'Alverdiscott, dans le North Devon, où elle sera injectée dans le réseau électrique britannique.
Afin de réaliser ce projet d'envergure, trois chantiers navals ont déjà soumissionné pour construire un navire de plus de 200 mètres, qui assurera la pose des câbles sous-marins. Par ailleurs, un permis de construire a été accordé pour une usine à Hunterston, en Écosse, qui fabriquera le câble, prévu pour être le plus long jamais conçu.
Si le projet se concrétise, il permettra au Royaume-Uni de couvrir près de 8% de ses besoins en électricité à partir de 2030 d’après les dirigeants de la startup. Pour le Maroc, les retombées sont également prometteuses. Outre la création d'environ 10 000 emplois, dont 2 000 permanents, une part conséquente des composantes éoliennes et solaires sera fabriquée localement, renforçant ainsi les investissements étrangers au Maroc et garantissant une forte implication des entreprises marocaines.
Lorsque le courant passe…
Le projet Xlinks viendra ainsi renforcer la coopération entre le Maroc et le Royaume-Uni, en phase avec les orientations actuelles des deux pays. Il permettra au royaume chérifien, conformément à la ligne directrice des politiques menées, d’accroitre son rôle régional et d’amorcer sa transition énergétique.
Dans l'océan des possibles, le Maroc et le Royaume-Uni ont jeté l'ancre. Comme le courant qui circulera sous les mers, leur collaboration pourrait bien créer un effet de vague stimulant pour la réussite d’une transition énergétique nécessaire au regard des rapports alarmants du GIEC.