En Syrie, un ancien combattant russe troque jihad contre sushis

Dans la cuisine de "Sushi Idlib", Islam Chakhbanov surveille ses deux cuisiniers barbus, eux aussi des jihadistes russes reconvertis. Il a rencontré l'un d'eux sur le champ de bataille. (AFP).
Dans la cuisine de "Sushi Idlib", Islam Chakhbanov surveille ses deux cuisiniers barbus, eux aussi des jihadistes russes reconvertis. Il a rencontré l'un d'eux sur le champ de bataille. (AFP).
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Publié le Jeudi 30 mars 2023

En Syrie, un ancien combattant russe troque jihad contre sushis

  • Observant la baisse d'intensité des combats en 2019, Islam Chakhbanov décide de "revenir à la vie civile" et décide d'ouvrir "Sushi Idlib"
  • Le trentenaire, qui a découvert la cuisine japonaise au Pakistan, en Afghanistan, en Indonésie et en Arabie saoudite, souhaite la faire connaître aux habitants de cette zone rebelle où vivent près de trois millions de personnes

IDLEB: A Idleb, dans l'unique restaurant de sushis de la dernière zone rebelle en Syrie, Islam Chakhbanov, un ancien jihadiste russe, surveille deux de ses ex-frères d'armes préparer des makis aux clients.

Arrivé en Syrie en 2015, Islam Chakhbanov a rejoint les rangs des combattants rebelles sous le nom de guerre "Abou al-Fidaa" pour lutter contre le régime de Damas.

"J'étais venu faire le jihad en Syrie et aider le peuple syrien", raconte à l'AFP cet homme de 37 ans, au visage creusé.

Mais "les territoires (contrôlés par les rebelles) ont été perdus", déplore-t-il, se disant profondément troublé de ne pas avoir pu "atteindre cet objectif".

L'armée du président Bachar al-Assad, appuyée par la Russie et l'Iran, a peu à peu repris les zones contrôlées par l'opposition, ne laissant aux rebelles et aux jihadistes que le contrôle d'une partie du nord-ouest de la Syrie, où se situe la ville d'Idleb.

Observant la baisse d'intensité des combats en 2019, Islam Chakhbanov décide de "revenir à la vie civile" et décide d'ouvrir "Sushi Idlib", le seul restaurant de sushis de la province d'Idleb.

Le trentenaire, qui a découvert la cuisine japonaise au Pakistan, en Afghanistan, en Indonésie et en Arabie saoudite, souhaite la faire connaître aux habitants de cette zone rebelle où vivent près de trois millions de personnes, dont une majorité sont des déplacés ayant fui d'autres régions syriennes conquises par le régime.

Dans la cuisine de "Sushi Idlib", Islam Chakhbanov surveille ses deux cuisiniers barbus, eux aussi des jihadistes russes reconvertis. Il a rencontré l'un d'eux sur le champ de bataille.

Tandis que l'un roule soigneusement les feuilles de nori après y avoir placé le saumon et le riz, l'autre prépare les ingrédients.

Le restaurant importe de la Turquie voisine des produits introuvables à Idleb, comme le gingembre mariné, les feuilles de nori et les sauces asiatiques.

A son lancement, son restaurant n'attirait pas les foules, les plats proposés étant inconnus de la population locale.

Mais peu à peu, Islam Chakhbanov est parvenu à fidéliser certains curieux et son bar à sushis attire désormais une dizaine de clients par jour.

De quoi couvrir les charges, dont le loyer, et subvenir aux besoins de sa femme, une Syrienne qu'il a épousée il y a sept ans, et avec qui il a eu deux filles.

Prêt à se battre

Islam Chakhbanov est originaire du Caucase du Nord: la région du Daguestan, dans le sud de la Russie.

Cette région pauvre et musulmane a fourni un important contingent de recrues aux factions jihadistes en Syrie, dont le groupe Etat islamique (EI) qui a fait régner la terreur en Irak et en Syrie avant sa défaite en 2019.

Islam Chakhbanov, de son côté, affirme avoir combattu aux côtés de groupes composés de jihadistes daguestanais, puis rejoint le groupe islamiste syrien proturc Faylaq al-Cham, jusqu'à ce que "les choses se calment" en 2019.

Mais il n'a "pas abandonné le jihad", lance-t-il, avant de critiquer les profondes divisions ayant affaibli les factions rebelles et jihadistes.

Il est l'un des nombreux combattants étrangers ayant décidé de s'installer dans la province d'Idleb, contrôlée en partie par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d'al-Qaïda.

Plusieurs groupes composés de jihadistes étrangers y sont encore présents, certains originaires du Caucase ou d'Asie centrale, mis au pas par HTS.

"Bientôt, si Dieu le veut, je participerais à un camp militaire pour un entraînement de sniper et si besoin, je rejoindrais les combats sur la ligne de front", affirme Islam Chakhbanov, tandis que derrière lui, ses cuisiniers préparent de nouveaux rouleaux de maki.


L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah au Liban

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • "Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux
  • Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi matin avoir frappé dans la nuit plusieurs cibles du mouvement islamiste Hezbollah dans l'est du Liban, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

"Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant rester "engagée" dans le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement libanais.

Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée, qui dit avoir également frappé des installations "à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban".

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien.

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah avaient débuté le 8 octobre 2023 au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas, allié du mouvement libanais, contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

 


Liesse à Ramallah à l'arrivée des prisonniers palestiniens libérés

A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
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  • Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration
  • Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes

RAMALLAH: Agitant des drapeaux et tirant des coups de feu en l'air, des milliers de Palestiniens en liesse ont accueilli les prisonniers libérés par Israël à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Pour ce troisième échange d'otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a organisé l'accueil et seuls les drapeaux jaunes du parti Fatah de M. Abbas étaient visibles au départ.

Mais à l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration. Plusieurs Palestiniens ont scandé des slogans pro-Hamas et d'autres ont agité le drapeau vert du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes.

Selon Amin Shuman, chef du comité chargé des affaires des prisonniers palestiniens à Ramallah, 66 sont arrivés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 21 ont été expulsés, 14 ont été transféré à Jérusalem-Est et neuf à Gaza.

Ils ont tous été libérés en échange de trois Israéliens enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et retenus depuis à Gaza.

Après plusieurs heures d'attente, la foule a fait exploser sa joie à la vue des bus affrétés par la Croix-Rouge internationale.

"Où est papa?" 

"Où est papa?" En larmes, Raghda Nasser, 21 ans, s'est faufilée dans la foule pour atteindre son père, Hussein Nasser, qu'elle serrait dans ses bras pour la première fois.

Hussein Nasser avait été emprisonné alors que sa femme était enceinte il y a 22 ans, pour des motifs que Raghda n'a pas révélés. Elle et sa sœur Hedaya, 22 ans, ont enlacé leur père qui pleurait avec elles.

Quelques heures avant sa libération, Raghda Nasser a raconté à l'AFP qu'elle venait de lui rendre visite en prison "derrière la vitre".

Elle et sa soeur avaient quitté tôt le matin leur village près de Naplouse (nord) pour venir à Ramallah. Pour l'occasion, elles ont porté des robes noires traditionnelles palestiniennes avec des motifs rouges finement cousus.

Etudiante en littérature anglaise, Raghda Nasser a dit avoir de la chance car son père serait présent pour sa remise de diplôme dans quelques mois.

Porté en triomphe 

Parmi les prisonniers libérés jeudi, figurent Mohammad Abou Warda qui purgeait 48 peines de prison à vie et Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah.

Drapeau palestinien autour du cou, souriant et faisant le V de la victoire, Zakaria al-Zoubeidi a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus l'ayant emmené de la prison militaire israélienne d'Ofer en Cisjordanie.

L'ex-détenu qui portait toujours son survêtement gris de prisonnier, a embrassé des bébés et serré la main des gens.

Plus d'une heure après l'arrivée des bus, la foule a commencé à se disperser dans la nuit alors que les familles ramenaient leurs proches libérés à la maison, au milieu d'une parade de scooters klaxonnant joyeusement.

 


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.